Londres (awp/afp) - L'accélération des perspectives pour l'emploi est la plus forte depuis 20 ans au Royaume-Uni, menée par l'hôtellerie-restauration et les bars, des secteurs parmi les plus durement touchés par la pandémie mais qui se retrouvent à présent face à des pénuries de personnel.

Le Royaume-Uni "fait maintenant face à l'une des pires pénuries de main d'oeuvre dans le monde" et cela pourrait nuire à la reprise post-Covid du pays, ajoute l'agence d'intérim ManpowerGroup dans une étude publiée mardi.

"L'allègement des restrictions sanitaires" avec la réouverture progressive des pubs, restaurants, bars et hôtels à partir de la mi-avril "s'est traduite par une spectaculaire augmentation des intentions d'embauche" d'après cette étude.

Nombre d'entreprises avaient dû licencier ou avaient vu certains employés opter pour un changement de carrière après des mois de chômage technique et des perspectives moroses pendant plusieurs confinements pendant de longs mois depuis mars 2020.

L'indice national de perspectives pour l'emploi de ManpowerGroup se situe à +8%, un plus haut en six ans pour le deuxième trimestre en vue du troisième trimestre et une envolée de 13 points sur un trimestre, la plus forte depuis 20 ans.

Le Royaume-Uni affiche aussi la plus forte croissance des perspectives d'emploi sur un trimestre de "tous les pays d'Europe à l'exception de l'Irlande" précise l'étude.

"Des secteurs comme la distribution, la restauration ou l'hôtellerie et les bars, la finance et les services aux entreprises enregistrent des croissances à deux chiffres" précise ManpowerGroup, dont l'enquête s'appuie sur un questionnaire à 1.764 employeurs au Royaume-Uni.

"Après les plus faibles douze mois en trente ans en termes de perspectives d'emploi au Royaume-Uni, les employeurs font tout pour revenir à la normale et récupérer la demande accumulée" pendant les confinements, souligne Chris Gray, directeur pour le pays chez ManpowerGroup.

En particulier, des secteurs comme l'hôtellerie-restauration et les pubs "n'avaient jamais connu un tel rebond dans les embauches" et les "employeurs sont désespérés de trouver des chefs, serveurs expérimentés tout comme des vendeurs dans les magasins, notamment à cause de pénuries de personnel post-Brexit dans beaucoup de ces domaines".

Outre des changements de carrière pendant les confinements dans les secteurs de la distribution et de l'hôtellerie, la sortie britannique de l'Union européenne effective depuis le premier janvier a entraîné des complications administratives qui retardent ou découragent la venue de nombreux travailleurs étrangers sur lesquels s'appuyaient largement la distribution et la restauration.

Aussi malgré la levée de l'essentiel des restrictions dans la restauration, environ un tiers des pubs britanniques disaient encore souffrir de "pertes de profits importantes", selon une étude de l'Office national des statistiques (ONS) mardi.

L'ONS précise que seul un pub sur 5 exprime une "forte confiance" qu'ils vont rester en activité pendant les trois prochains mois, comparé à 44% pour l'ensemble des secteurs de l'économie.

Côté distribution, une autre étude publiée mardi par BRC-KPMG a révélé que le total des ventes a augmenté de 10% en mai comparé à la même période en 2019, avant la pandémie, grâce au premier mois de pleine réouverture des magasins dits non essentiels après des mois de fermeture obligatoire.

afp/rp