J'étais tranquillement posé hier soir sur la terrasse de ma maison à contempler le tapis jaune qui fut jadis un jardin et la souffrance du grand cerisier qui abandonne prématurément ses feuilles pour sauver sa peau, quand l'un de mes invités me lance : dans la finance, vous prônez tout le temps d'avoir des vues à long terme, du coup à quoi ça sert que tu écrives tes petits commentaires tous les matins. Paf, comme ça, entre deux cacahouètes et une gorgée de ce subtil vin blanc produit à Jongieux, de l'autre côté de la montagne. Après m'être promis que je consacrerai à l'avenir plus de temps à sélectionner mes amis, je répliquais platement : "ouais, tu veux savoir si mon boulot sert à quelque chose quoi".

Mais même si elle ne fait pas beaucoup plaisir à entendre, la question est loin d'être anodine, et encore moins bête. C'est vrai qu'on vous rabâche à longueur de journée que pour être un bon investisseur, il faut se focaliser sur le moyen / long terme, d'éviter de vous pencher tous les jours sur votre portefeuille, de ne pas écouter le bruit ambiant, de ne pas hurler avec les loups, ceci-cela. Donc à quoi bon savoir que Wall Street a terminé en ordre dispersé hier, avec un S&P500 en baisse de -0,08% et un Nasdaq 100 en hausse de 0,44% ? Ou que le CAC40 a gagné 0,64% pendant que le FTSE 100 ne progressait que de 0,03% ? Que les banques avaient la forme et que les valeurs pétrolières ont subi de gros dégagements ? Ou que l'or remonte mais que le Bitcoin a l'air d'avoir cessé de suivre le Nasdaq comme un petit toutou ? (J'en profite quand même pour donner les vraies performances de la veille, au cas où).

La réalité, c'est que vous pourriez probablement vous passer d'une bonne partie de ces bavardages sans être pour autant mauvais en investissement. Certains le font d'ailleurs très bien. A l'origine c'était en confiant leurs économies à des tiers de confiance. Puis plus tard en investissant dans des fonds. Désormais il est possible de passer par des produits financiers peu onéreux, variés et facilement accessibles. On place et on se laisse porter par la magie du temps qui passe et des intérêts composés. Pour autant, il reste important de comprendre ce que l'on fait, les risques que l'on prend et les conséquences que cela peut avoir. Acquérir un bagage culturel financier passe par la lecture, le visionnage et l'écoute. Un peu d'information quotidienne, fut-elle court-termiste, ne nuit pas à la compréhension globale. Les petites histoires continuent à façonner la grande. Et puis peut-être que ce que j'écris vous intéresse, vous agace ou vous détend, ce qui n'est déjà pas si mal.

Voilà, je ne sais pas si j'ai sauvé mon travail, mais j'ai quelques petites histoires à ajouter aux variations de cours précitées. D'abord, on n'échappe pas aussi facilement que ça aux banques centrales, même en fin de semaine. L'Inde a relevé son taux directeur d'un demi-point ce matin, comme l'avaient fait avant elle la Banque du Brésil et la Banque d'Angleterre cette semaine. Le taux directeur indien est désormais à 5,4% pour une inflation annuelle de 7% en juin. Toutes les banques centrales sont empêtrées dans les débordements inflationnistes. Au Royaume-Uni, le BOE pense que la hausse des prix atteindra 13% sur un an en fin d'année. C'est stupéfiant et particulièrement compliqué à déchiffrer pour des gens comme moi qui ont été formés dans un environnement d'inflation bénigne. Ce qui est moins rassurant, c'est que ça a l'air aussi difficile à appréhender pour des économistes et des banquiers centraux chevronnés.

Il y a encore énormément de résultats d'entreprises pour finir la semaine, parce que les dirigeants sont soucieux de se débarrasser de leurs obligations de publications avant de partir en congés. Pensez quand même à mettre un petit drapeau rouge sur les sociétés qui publient après la clôture le vendredi soir qui précède la période creuse du mois d'août : elles n'ont pas toujours la conscience tranquille et c'est un excellent moment pour réduire la résonance d'une mauvaise nouvelle.

Le principal événement du jour est la publication des données sur l'emploi en juillet aux Etats-Unis, qui aura lieu à 14h30. Le marché du travail est l'un des déterminants majeurs de la politique de la banque centrale américaine. Compte tenu des risques que représente la spirale salaire-prix (la hausse des prix entraîne celle des salaires, qui entraîne celle des prix, etc.), la Fed suit de très près les données qui seront annoncées aujourd'hui. Pour bien fixer les choses, les salaires étaient en hausse de 5,1% sur un an outre-Atlantique en juin alors que l'inflation atteignait dans le même temps 9,1%.

Pour terminer, en Asie, Nancy Pelosi poursuit sa visite en Corée du Sud et au Japon. Son passage à Taïwan a fait s'agiter Pékin, qui a répliqué par des manœuvres militaires agressives et des mesures de rétorsion sur l'import / export, mais rien qui ne soit allé plus loin pour le moment. Les relations sino-américaines y ont perdu des plumes mais force est de constater que les marchés financiers s'en contrefichent pour le moment, occupés qu'ils sont à ramasser du Apple ou à vibrer sur Coinbase après son adoubement par BlackRock, qui est manifestement plus doué pour innover sur les cryptomonnaies que sur l'environnement.

Les indicateurs avancés occidentaux laissent entrevoir une ouverture en hausse modérée en Europe. En Asie Pacifique, le vert domine assez largement pour clore la semaine, hormis à Hong Kong qui perd un peu de terrain, mais sans excès. Le CAC40 a finalement ouvert en légère baisse, mais au-dessus des 6500 points.

Les temps forts économiques du jour

Les productions industrielles allemande (8h00) et française (8h45) précèderont la statistique principale de la semaine, les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en juillet (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte à 1,0235 USD. L'once d'or reprend sa remontée à 1792 USD. Le pétrole reste sous pression en dépit d'une légère reprise cette nuit, avec un Brent de Mer du Nord à 94,29 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,82 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule légèrement à 2,68%. Le bitcoin se négocie autour de 23 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 49,70 à 43,40 CHF.
  • Assa Abloy : Jefferies passe achat à conserver en visant 250 SEK.
  • Autoneum : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 110 à 115 CHF.
  • BASF : Jefferies passe d'achat à conserver en visant 47 EUR.
  • Basler : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 40 EUR.
  • Beiersdorf : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 114 à 120 EUR.
  • Comet : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 312 à 281 CHF.
  • Covestro : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 40 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 10 à 10,50 EUR.
  • Crédit Suisse : UBS reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6 à 5,40 CHF.
  • IMCD : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 150 à 175 EUR.
  • Imerys : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 51 à 46 EUR.
  • ING Groep : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 14 à 13,70 EUR.
  • Interroll : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 3000 CHF.
  • JDE Peet's : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 31 EUR.
  • Just Eat Takeaway : Numis passe d'alléger à vendre en visant 15 EUR.
  • Lanxess : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 40 EUR.
  • Legrand : Jefferies passe d'achat à conserver en visant 79 EUR. Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 100 à 95 EUR.
  • Merck KGaA : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 204 à 195 EUR.
  • Next : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 7600 GBp.
  • Novo Nordisk : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 540 à 585 DKK.
  • Shop Apotheke : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 110 EUR.
  • Siemens Healthineers : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 75 à 61 EUR.
  • Swisscom : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 520 à 515 CHF.
  • Vicat : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 32 à 29 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Rothschild : Les résultats semestriels sont en baisse par rapport aux records de 2021. L'année devrait rester bonne, tandis que 2023 se présente sous des Auspices moins favorables.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Fitch relève de "BBB-" à "BBB" la notation crédit de Stellantis.
  • Sanofi et Innovent Biologics signent une collaboration pour intensifier le développement de médicaments en oncologie et étendre leur présence en Chine.
  • Electricité de France pourrait céder sa filiale italienne Edison, selon la presse transalpine.
  • Ipsen a prolongé jusqu'au 11 août la date d'expiration de son offre publique d'achat sur Epizyme.
  • Eurazeo entre au capital des cliniques animales Sevetys pour 250 M€.
  • L'OPA de KKR sur Albioma, d'ores et déjà réussie, sera rouverte du 8 août au 9 septembre.
  • Enertime signe un contrat de fourniture d’un ORC de 1,1 MW pour un incinérateur en Bulgarie.
  • Europlasma enregistre une plus-value de 7 M€ sur les équipements repris à Satma.
  • Abivax prévoit l'inclusion du premier patient d'ici la fin du 3e trimestre pour la phase III avec obefazimob dans la rectocolite hémorragique.
  • Hexaom, Maurel… ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Allianz : Le bénéfice net est plus faible que prévu au T2. Les objectifs sont confirmés.
  • Amgen : L'action réagit peu à des résultats trimestriels supérieurs aux attentes.
  • Aurubis : Le producteur de cuivre améliore de 24% son bénéfice du T2. Les objectifs qui avaient été relevés en avril sont confirmés.
  • Deutsche Post : Le groupe allemand confirme ses perspectives avec des bénéfices en hausse au T2.
  • DoorDash : Le titre gagne 12% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • Lyft : L'action gagne 9% hors séance après la publication des trimestriels.
  • WPP : Le groupe publicitaire a relevé sa prévision de croissance organique.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Ahold Delhaize pourrait décaler l'entrée en bourse de Bol.com, selon la presse néerlandaise.
  • Le Credit Suisse serait sur le point de supprimer des milliers d'emplois pour réduire ses coûts, selon plusieurs sources. Par ailleurs, la banque serait exposée à hauteur de 100 M$ à la faillite du mexicain Credito Real.
  • Meta Platforms lance le premier emprunt obligataire de son histoire, pour 10 Mds$.
  • Les actionnaires de Tesla votent en faveur d'un split de 3 pour 1 actions.
  • Elon Musk reproche à Twitter de l'avoir trompé pour entraîner son offre de rachat.
  • Apple accusé de mal gérer les problèmes de harcèlement sexuel, selon le Financial Times.
  • Solvay profite de très bons résultats pour rembourser une obligation senior.
  • Equinor projette de développer un important champ pétrolier en mer du Nord britannique.
  • AP Moller Maersk va acquérir la petite société de logistique danoise Martin Bencher Group.
  • Le personnel au sol de Deutsche Lufthansa conclut un accord salarial suite aux grèves dans les aéroports allemands.
  • D'Ieteren boucle l'acquisition de Parts Holding Europe.
  • Principales publications du jour : Allianz, London Stock Exchange, Hon Hai Precision, Deutsche Post, Itochu, Naturgy, Carl Zeiss, WPP, Deutsche Wohnen, RheinmetallTout l'agenda ici.

Lectures