La nouvelle offre valoriserait le groupe autoroutier espagnol 19 euros par action au moins, soit autour de 17 milliards d'euros, car Atlantia se doit de surenchérir sur celle de 18,76 euros du groupe de BTP allemand Hochtief.

L'exploitant autoroutier italien a dit cette semaine à des investisseurs américains qu'il était prêt à verser seulement du numéraire, et non pas une combinaison de numéraire et de titres comme il l'envisageait d'abord, ont ajouté les sources, qui, toutes deux, ont assisté aux réunions.

La première offre d'Atlantia, en mai, était de 16,5 euros en cash et 0,697 action nouvelle par action Abertis; cinq mois plus tard, Hochtief venait surenchérir.

La bataille pour emporter Abertis oppose la famille Benetton, qui contrôle Atlantia, à l'homme d'affaires et président du Real Madrid Florentino Perez, principal actionnaire du groupe de BTP espagnol ACS, maison-mère d'Hochtief.

Ces deux offres ont été autorisées par la Commission européenne. L'autorité boursière espagnole CNMV a donné son feu vert à l'OPA d'Atlantia en octobre mais ne l'a pas encore fait pour celle de Hochtief. Atlantia pense que la CNMV donnera aussi son assentiment à l'offre rivale dès le 12 février, selon les sources.

Toutefois le gouvernement espagnol a demandé à la CNMV de revenir sur l'autorisation signifiée à Atlantia parce que le groupe italien n'a pas sollicité celle de l'Etat pour l'acquisition conjointe d'Hispasat, un actif que Madrid juge stratégique.

De fait, Abertis a fait savoir mercredi soir qu'il voulait vendre une participation majoritaire dans Hispasat, sa filiale d'infrastructures de satellites, à l'opérateur de réseaux électriques Red Electrica pour 656 millions d'euros.

Selon une source proche d'Atlantia, aucune décision n'a encore été prise quant au prix et au calendrier d'une nouvelle proposition. L'administrateur délégué Giovanni Castellucci avait dit le 31 janvier qu'il étudierait toutes les possibilités une fois l'offre de Hochtief validée en Espagne.

Atlantia compte sur des économies de charges de l'ordre de 2,5 milliards d'euros au moins pour surpasser l'offre de 16,9 milliards d'euros de Hochtief, a dit l'une des sources.

Credit Suisse, BNP Paribas, Intesa Sanpaolo, Mediobanca et UniCredit ont assoupli les conditions financières du financement de l'offre d'Atlantia, par rapport à ce qu'elles étaient en mai, ont expliqué les sources, ce qui laisse du champ au groupe italien pour la bonifier.

D'après une autre source proche d'Atlantia, ce dernier laisserait le choix aux actionnaires d'Abertis d'être payés soit en cash soit en titres.

En outre, ajoute-t-elle, si la proposition initiale était conditionnée à des promesses de vente représentant 10,1% au moins du capital de la cible, la nouvelle offre ne comporterait plus cette condition.

Le but d'Atlantia, dans cette affaire, est de créer le leader mondial des exploitants d'autoroutes, avec une capitalisation dépassant les 40 milliards d'euros, et de se développer hors d'Italie, en particulier en France et en Amérique latine.

Une fois la proposition de Hochtief acceptée par la CNMV, les actionnaires d'Abertis disposeront de 30 jours pour choisir l'une ou l'autre offre.

Si les candidats en lice décident de relever leur offre dans les cinq derniers jours de ce délai d'acceptation, celle-ci - "la meilleure et définitive" - sera adressée scellée à la CNMV qui la communiquera aux actionnaires.

Atlantia veut précisément laisser son adversaire dans le flou le plus possible et attendra sans doute le dernier moment pour présenter sa nouvelle proposition, ont observé les sources.

Conformément au droit espagnol, si l'écart entre les deux offres était de moins de 2%, Atlantia aurait une dernière fois l'occasion d'améliorer la sienne dans la mesure où il est le premier offrant.

(avec Jose Elias Rodriguez et Andres Gonzalez à Madrid et Francesca Landini à Milan, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Pamela Barbaglia