Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont très peu varié jeudi faute d'actualité à même d'animer le marché, à l'exception du rendement obligataire italien, qui est reparti à la hausse après les prévisions de déficit établies par la Commission européenne.

"La Commission européenne a publié de nouvelles prévisions économiques sur l'Italie", dont les chiffres "sont beaucoup plus pessimistes" que ceux sur lesquels le gouvernement italien s'est basé pour construire son budget, a expliqué auprès de l'AFP Guillaume Rigeade, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

"Les Italiens ont probablement été trop optimistes dans les hypothèses macroéconomiques sous-jacentes à leur budget et ils ne vont pas pouvoir échapper à la procédure de déficit excessif telle que prévue par la Commission européenne, ce qui inquiète un petit peu les marchés", a-t-il complété.

"Les Italiens pourraient prendre cela comme une provocation, voire comme un mouvement de défiance, ce qui est susceptible de provoquer une escalade dans les tensions entre l'Italie et l'Union européenne", a détaillé M. Rigeade.

De fait, le ministre italien de l'Economie, Giovanni Tria, a accusé jeudi la Commission européenne de "défaillance technique" en établissant ses prévisions de déficit pour l'Italie, beaucoup plus pessimistes que celles du gouvernement, qui a souligné qu'il maintenait le cap.

Dans ses prévisions d'automne, l'exécutif européen estime que le déficit de l'Italie atteindra 2,9% de son Produit intérieur brut (PIB) l'an prochain, puis 3,1% en 2020, soit bien au-delà des prévisions de Rome, qui table sur 2,4% en 2019 et 2,1% l'année suivante.

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a dit craindre jeudi une "contagion" des turbulences financières que traverse l'Italie, dont les taux d'emprunt sont à leur plus "haut niveau depuis quatre ans", aux pays européens présentant des "fondamentaux macroéconomiques plus fragiles".

Mais en dehors de la tension observée sur le rendement italien, "c'est incroyablement calme sur tout le reste du marché, le taux allemand ne bouge pas, ni ceux des autres pays européens", a observé M. Rigeade.

Dans ce contexte, même la décision de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), attendue jeudi après la clôture des marchés européens, s'apparentait à un "non-événement", selon lui.

"Nous n'attendons pas grand-chose" de cette réunion de la banque centrale américaine, "ce n'est pas un sujet d'actualité", a estimé le spécialiste.

Le résultat en demi-teinte des élections de mi-mandat aux Etats-Unis ne devrait pas peser sur l'intention de la Fed de maintenir de toute façon un statu quo sur les taux d'intérêt lors de cette réunion.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie est monté à 3,396%, contre 3,337% mercredi à la clôture du marché secondaire.

Le rendement de même maturité de l'Allemagne s'est stabilisé, à 0,457% contre 0,447%, tout comme celui de la France, à 0,822% contre 0,813%, et celui de l'Espagne, à 1,608% contre 1,602%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a fini en hausse, à 1,565% contre 1,533%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis se détendait légèrement, à 3,226% contre 3,236% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,430% contre 3,442%. Celui à deux ans s'établissait à 2,960%, contre 2,957%.

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