Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt italiens se sont tendus vendredi, des propos rapportés par la presse italienne ayant ravivé les inquiétudes des investisseurs au sujet de la situation politique du pays.

La presse italienne a rapporté un désaccord entre d'un côté le chef de file du Mouvement 5 étoiles Luigi Di Maio et le patron de la Ligue Matteo Salvini, et de l'autre le ministre des Finances Giovanni Tria au sujet de la nomination du patron de la Caisse des dépôts en Italie. La démission de M. Tria aurait été évoquée lors de ce conflit.

Malgré un démenti officiel, les doutes au sujet de l'avenir au sein du gouvernement italien de ce ministre des Finances "ont remis pas mal de volatilité sur les marchés italiens", a commenté auprès de l'AFP Eliezer Ben Zimra, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

La démission potentielle "du seul ministre qui n'a pas un discours populiste, qui parle de rester dans la zone euro, amène énormément d'incertitude, alors qu'il y en déjà beaucoup sur l'Italie, l'un des pays européens les plus endettés", a-t-il détaillé.

"La réaction reste toutefois assez mesurée", par rapport à celles observées en mai et en juin au plus fort de la crise politique italienne, "beaucoup d'acteurs étant déjà sortis de la dette italienne", a nuancé le spécialiste.

Outre les taux d'emprunt italiens, ceux de l'Allemagne et de la France, pays les plus solides de la zone euros, ont aussi progressé, mais dans des proportions moindres.

guerre commerciale

"L'autre facteur qui agite les marchés en ce moment est la guerre commerciale entre les États-Unis, la Chine et l'Europe", a noté M. Ben Zimra.

Le président américain Donald Trump s'en est une nouvelle fois pris à la Chine vendredi, menaçant d'instaurer, si nécessaire, des taxes punitives sur la totalité des produits chinois importés par les États-Unis alors que la monnaie chinoise dégringole, avantageant les exportateurs chinois.

En général, en cas d'agitation, les investisseurs ont tendance à se réfugier sur le marché obligataire, ce qui entraîne une détente des taux d'emprunt.

Mais "les taux ont déjà énormément baissé ces derniers temps, et sur ces niveaux-là ils ont du mal à reculer plus", a expliqué le gérant allocation d'actifs et dettes souveraines.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a progressé à 0,370% contre 0,330% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France est également monté à 0,680% contre 0,627%, tout comme celui de l'Espagne à 1,314% contre 1,281%.

Le mouvement a été plus marqué sur celui de l'Italie à 2,589% contre 2,506%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a augmenté à 1,232% contre 1,185%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à dix ans des États-Unis progressait à 2,882% contre 2,838% jeudi, à l'instar de celui à 30 ans à 3,020% contre 2,959%. Le taux d'emprunt américain à deux ans s'établissait à 2,587% contre 2,591%.

afp/rp