Zurich (awp) - La Bourse suisse, qui avait évolué dans le rouge jusqu'en milieu d'après-midi, s'est nettement reprise dans le sillage de Wall Street et a terminé dans le vert pour la troisième séance d'affilée. Le SMI est resté très volatil, évoluant dans une fourchette de près de 400 points. Malgré la progression, l'ambiance reste plombée par la crise du coronavirus. Les entreprises ont commencé à mesurer l'impact de la pandémie sur leurs affaires et les avertissements sur résultats se multiplient.

A New York, Wall Street montait nettement en matinée. Les investisseurs ne se souciaient pas de l'envolée sans précédent des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis. Celles-ci ont en effet explosé, atteignant un plus haut historique avec 3,3 millions de demandeurs, 3 millions de plus que la semaine précédente, une hausse jamais vue auparavant.

"Le nombre de demandeurs d'allocation chômage la semaine dernière est révélateur du degré de bouleversement de l'économie" américaine, frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus, a relevé Christopher Low de FHN Financial. Il a souligné que ces chiffres sous-évaluent les dégâts, car beaucoup de gens ne se sont pas inscrits à cause d'un système saturé. En outre, "la précédente hausse record était environ 5 fois moins élevée que cette augmentation".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Sénat a adopté un vaste plan de relance, qui prévoit 2000 milliards de dollars pour soutenir la première économie mondiale face à la crise. Le texte devrait être approuvé vendredi par la Chambre des Représentants.

"Avec cette nouvelle politique fiscale en place, combinée à une politique monétaire ultra-agressive de la Réserve fédérale, les investisseurs seront mieux armés pour résister au tsunami de mauvaises nouvelles qui nous attendent à court terme", a commenté Art Hogan de National.

Pour sa part, le G20 a promis de mobiliser 5000 milliards de dollars pour soutenir l'économie mondiale.

Le SMI a fini en hausse de 2,39% à 9203,98 points, son plus haut du jour et après un plus bas à 8824,16 points. Le SLI a pris 2,55% à 1358,19 points et le SPI 2,20% à 11'147,02 points. Sur les 30 valeurs vedettes, trois seulement ont terminé en territoire négatif.

SGS (-1,4%) a écopé de la lanterne rouge, derrière Logitech (-0,9%) et la porteur Swatch (-0,3%). Richemont (+0,1%) a terminé de peu dans le vert.

Longtemps dans les tréfonds du classement, Sonova (+6,2%) s'est nettement redressé en fin de séance et a fini sur la plus haute marche du podium. Le groupe de Stäfa avait lancé mercredi soir un nouvel avertissement sur les résultats de son exercice annuel décalé, clos fin mars. Le fabricant d'appareils auditifs est impacté de plein fouet par la pandémie de coronavirus qui cloue ses clients à domicile.

Credit Suisse et ABB (chacun +6,1%) se sont partagé la deuxième place, devant UBS (+5,4%). Julius Bär (+3,9%) a probablement aussi profité de l'effet attendu sur l'économie du plan voté par le Sénat américain.

Adecco (+5,3%) est frappé par les conséquences économiques du coronavirus. Interrogée par AWP, une porte-parole du numéro un mondial en placement de personnel a déclaré que le chômage partiel serait introduit en son sein dans certaines régions de Suisse.

Dans le camp des poids lourds, Novartis (+3,2%) et Nestlé (+2,2%) ont nettement progressé, Roche (+0,7%) de manière plus modeste.

Sur le marché élargi, Valora (-5,2%) et Calida (-2,8%) ont lancé des avertissements sur résultats pour l'année en cours. L'exploitant de boutiques dans les gares et points de passage souscrit en outre au chômage partiel. Le groupe textile biffe, lui, purement et simplement son dividende au titre de 2019 et annonce au passage un changement de président.

Zur Rose (-11,3%) émet un emprunt convertible de 150 millions de francs suisses.

Kuros (-3,9%) de son côté a étoffé son chiffre d'affaires et stabilisé son déficit.

L'organisateur de foires et d'évènements MCH Group (-1,8%) a réduit ses pertes l'an dernier, mais prévient à son tour que 2020 ne sera pas de tout repos.

Jungfraubahn (+11,3%) a dégagé un bénéfice record en 2019, mais plafonne la rémunération de ses actionnaires en prévision d'un passage à vide.

Varia US Properties (+5,3%) a multiplié son bénéfice net annuel par près de deux.

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