QUÉBEC, 27 juillet (Reuters) - Le pape François s'est rendu mercredi au Québec, où il a rencontré les dirigeants canadiens, une pause politique dans le cadre de son voyage essentiellement consacré à des excuses pour les abus infligés par le passé aux enfants des peuples autochtones dans les écoles gérées par l'Eglise.

Le pape, s'est rendu d'Edmonton, en Alberta, à Québec, où il s'est exprimé devant les responsables canadiens, dont le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

François a dénoncé "l'injustice radicale" de l'inégalité de la distribution des richesses, lors d'un discours prononcé devant des membres du gouvernement.

"Il est scandaleux que le bien être généré par le développement économique ne bénéficie pas à toutes les couches de la société", a déclaré le souverain pontife, soulignant que de nombreuses personnes sans domicile ou dans le besoin se tournaient vers les églises et les banques alimentaires pour survivre.

"Et il est triste de voir que c'est précisément au sein des populations autochtones que nous observons souvent de nombreux signes de pauvreté, tels qu'un faible taux de scolarisation, ou un accès extrêmement difficile à la propriété ou aux soins de santé", a-t-il ajouté.

Les peuples autochtones, qui représentent 5% des Canadiens, connaissent des taux de pauvreté plus importants, et ont une espérance de vie plus courte que le reste de la population. Ils sont également plus souvent les victimes de crimes violents et sont plus à risque de souffrir d'addictions et d'être incarcérés.

François s'est entretenu en privé avec Justin Trudeau et avec la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, qui lui ont décrit les tragédies qui s'étaient déroulées dans les pensionnats.

Justin Trudeau a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada l'une de ses priorités politiques.

"Votre visite démontre que vous et l'Eglise catholique nous rejoignent sur le chemin qui mène à la réconciliation, à l'espoir et au renouveau", a déclaré Mary Simon.

La gouverneure générale, nommée en 2021, est la première personne issue d'un peuple autochtone à occuper le poste de gouverneure générale, représentante de la reine Elizabeth II et commandante en chef des forces armées.

Le pape a présenté lundi sur le site d'un ancien pensionnat des excuses pour les abus subis dans le passé par des enfants des peuples autochtones dans des écoles confiées à l'Eglise catholique.

Entre 1831 et 1996, le système canadien des pensionnats a séparé de force environ 150.000 enfants autochtones de leurs familles. Ils étaient mal nourris et victimes d'abus physiques et sexuels dans ce que la Commission Vérité et Réconciliation du Canada a qualifié de "génocide culturel" en 2015. (Reportage Kevin Dougherty et Philip Pullella, rédigé par Steve Scherer, avec la contribution de Anna Mehler Paperny; version française Camille Raynaud)