Ottawa (awp/afp) - La Banque centrale du Canada a annoncé mercredi le maintien à 1,75% de son principal taux directeur, conformément aux prévisions du marché, soulignant que la baisse des cours du pétrole a été plus forte qu'attendu ces derniers mois.

L'institut d'Ottawa, qui avait relevé son principal taux de 1,50% à 1,75% en octobre, a souligné qu'une nouvelle révision de celui-ci dépendrait "des marchés pétroliers, du marché canadien du logement et des politiques commerciales mondiales".

Le Canada est le quatrième producteur et exportateur mondial de pétrole mais les cours du brut "ont été environ 25% plus bas qu'on ne le postulait dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d'octobre", a relevé la Banque centrale dans son communiqué.

"Ces prix plus bas s'expliquent principalement par les hausses soutenues de l'offre de pétrole américain et, plus récemment, par les inquiétudes accrues au sujet de la demande mondiale", a-t-elle relevé.

"Ces inquiétudes (...) se sont également reflétées sur les marchés obligataires et les marchés des actions", a ajouté l'institut d'Ottawa.

D'un point de vue mondial, la croissance "continue de se modérer" et la Banque s'attend à ce qu'elle ralentisse à 3,4% en 2019, contre 3,7% en 2018. Elle invoque deux raisons: d'une part, "la croissance aux États-Unis demeure solide, mais devrait ralentir pour s'établir à un rythme plus soutenable", d'autre part, il y a "des signes grandissants que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine pèse sur la demande mondiale".

De même, la banque a revu à la baisse sa prévision de croissance nationale pour 2019: elle prévoit désormais une hausse du PIB canadien de 1,7%, soit 0,4 point de moins que lors de sa précédente prévision en octobre.

Ceci, car "les dépenses de consommation et l'investissement dans le logement ont été plus faibles que prévu", notamment en raison de nouvelles règles imposées aux investisseurs étrangers, et parce que "les dépenses des ménages seront freinées davantage par la lenteur de la croissance dans les provinces productrices de pétrole".

Néanmoins, les perspectives demeurent encourageantes au Canada: au cours des dernières semaines, "la croissance s'est située près de son potentiel, la croissance de l'emploi a été forte et le chômage est à son plus bas niveau en 40 ans", note la Banque.

"En ce qui concerne l'avenir, les exportations et les investissements hors énergie devraient progresser à un rythme solide, soutenus par la demande étrangère, l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (nouvel accord de libre-échange, NDLR), le dollar canadien plus bas et les mesures fiscales fédérales visant les investissements", poursuit-elle.

Pour Avery Shenfeld, économiste à la banque CIBC, la décision de la Banque du Canada suggère qu'elle "ne sait pas vraiment quand la situation va revenir à la normale et quand les taux vont à nouveau augmenter".

afp/rp