Mais ne pariez pas dessus. Les valeurs bancaires régionales américaines restent proches de leurs plus bas niveaux depuis deux ans, tandis que l'Europe évalue les retombées du rapprochement forcé entre UBS et Crédit Suisse. Enfin, des données montreront dans quelle mesure les perturbations du marché rendent la récession plus probable.

Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf à New York et Naomi Rovnick, Amanda Cooper et Dhara Ranasinghe à Londres vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés.

1/ UN QUART DE COCOTIER

Quel trimestre ! Le mois de janvier a été marqué par la plus forte ruée sur les actions jamais enregistrée pour un premier mois de l'année, les investisseurs ayant fait le plein d'actions bon marché. Le "pic des taux" étant pratiquement acquis, les rendements obligataires à leurs plus hauts niveaux pluriannuels ont soudain semblé juteux. La menace de l'inflation semblait moins grave et la croissance plus robuste. La crise est évitée !

Quelques semaines plus tard, un grand nombre de crypto-entreprises ont fait faillite, les actions des banques régionales américaines ont chuté à la suite de l'effondrement de la Silicon Valley Bank et le Credit Suisse, vieux de 167 ans, a implosé - et la dépréciation de certaines de ses obligations convertibles contingentes (CoCos) a entraîné la volatilité du marché dans une frénésie semblable à celle de 2008.

Le "pic des taux" arrive plus vite que prévu, non pas parce que l'inflation a été vaincue, mais parce que les banques centrales craignent d'attiser les flammes d'un resserrement du crédit, au moment même où le secteur bancaire vacille.

Graphique : Performance des actifs - T3 2023 2/ N'Y COMPTEZ PAS

L'effondrement de la Silicon Valley Bank, la baisse de 90 % en deux semaines du cours de l'action de la First Republic Bank assiégée et le mariage forcé entre Credit Suisse et UBS pour éviter une crise plus large : les banques se sont lancées dans une course effrénée. Les turbulences ne sont peut-être pas encore terminées.

Le chef de la BNS, Thomas Jordan, estime que les deux prochaines semaines seront vitales pour décrocher le rachat d'UBS par Credit Suisse. Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que le stress bancaire pourrait déclencher un resserrement du crédit avec des implications "significatives" pour l'économie américaine qui ralentit.

Alors même que les banques centrales et les gouvernements interviennent pour endiguer les signes de panique, il y a un nouveau défi à relever : une ruée vers les banques provoquée par les médias sociaux, qui peut être difficile à contrôler une fois que la rumeur et la peur s'installent.

Comme le dit Jane Fraser, directrice générale de Citigroup, les médias sociaux "changent complètement la donne" en matière de ruées bancaires.

Graphique : Plus de 95 milliards de dollars de valeur boursière anéantis en deux semaines 3/ AVEZ-VOUS DIT AT1 ?

Le rachat forcé du Crédit suisse par UBS a entraîné l'effacement de 17 milliards de dollars de dettes Additional Tier 1, qui servent à absorber les chocs lorsque les niveaux de capitaux d'une banque tombent en dessous d'un certain seuil.

Les prix des obligations AT1 des banques ont chuté à la suite de cette nouvelle. Hong Kong, Singapour, l'Union européenne et la Grande-Bretagne sont intervenus pour calmer le malaise.

Une action en justice est également possible après que les autorités suisses ont décidé que les détenteurs d'obligations AT1 du Credit Suisse ne recevraient rien dans le cadre de l'opération. Les actionnaires, qui ont généralement un rang inférieur à celui des investisseurs lorsqu'une entreprise devient insolvable, recevront 3,23 milliards de dollars.

Les avocats sont en train d'évaluer s'il y a lieu d'intenter une action contre les autorités suisses. L'évolution de la situation dans les jours à venir sera suivie de près.

La saga a également ébranlé le marché des obligations AT1, d'une valeur de 275 milliards de dollars, les investisseurs examinant minutieusement les prospectus de la dette à la recherche de clauses susceptibles de jeter le doute sur les perspectives de redressement.

Graphique : Crise des CoCo 4/ Plongée dans les données

Les données américaines qui donneront un aperçu de la santé des consommateurs et de l'état de l'inflation arrivent à point nommé pour les investisseurs qui tentent d'évaluer si l'économie peut échapper à un ralentissement.

La crise bancaire a fait craindre un ralentissement des prêts, ce qui aurait pour effet de gripper les rouages de l'économie.

L'indice de confiance des consommateurs pour le mois de mars est attendu mardi. L'indice a chuté de manière inattendue en février.

Vendredi, l'indice des dépenses de consommation personnelle de février proposera un nouvel aperçu de l'inflation. L'inflation s'est accélérée en janvier, alimentant les craintes d'une plus grande fermeté de la part de la Réserve fédérale.

La Fed a relevé ses taux d'un quart de point supplémentaire mercredi, mais a revu ses perspectives, passant d'une préoccupation hawkish pour l'inflation à une position plus prudente, compte tenu des turbulences du marché qui ont resserré les conditions financières.

Graphique : L'acte d'équilibre de Powell L'acte d'équilibre de Powell 5/ SURVEILLANCE DE L'INFLATION

Le nouveau gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, suivra de près les dernières données sur l'inflation à Tokyo.

Après tout, lorsqu'il prendra ses fonctions en avril, Ueda aura sur les épaules le poids de la décennie de mesures de relance massives de son prédécesseur.

On s'attend à ce qu'il mette au point un dénouement délicat des contrôles de la courbe de rendement et des taux d'intérêt négatifs au cours de son mandat, mais la question clé est de savoir quand.

Ueda n'est pas pressé, mais la pression monte.

La publication de l'indice des prix à la consommation de Tokyo pour le mois de mars, le 31 mars, devrait montrer que l'inflation a dépassé l'objectif de 2 % de la BOJ pour le dixième mois consécutif. L'inflation des salaires montre des signes de rattrapage.

Toutefois, les responsables politiques affirment que la reprise économique reste fragile. Les turbulences des banques américaines et européennes montrent la rapidité avec laquelle une crise peut apparaître, ce qui incite encore plus M. Ueda à la prudence. Graphique : L'IPC de Tokyo dépasse l'objectif de la BOJ pour le 11ème mois