(Actualisé avec habitants, ayatollah Sistani § 6-7-13-14-15)

par Stephen Kalin

KOKJALI, Irak, 11 novembre (Reuters) - Les forces spéciales irakiennes ont annoncé vendredi avoir progressé dans Mossoul en dépit de la résistance opposée par les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI).

Au cours des dix derniers jours, une demi-douzaine de quartiers ont été repris aux djihadistes qui tiennent la grande ville du nord de l'Irak depuis juin 2014.

Depuis leur entrée dans Mossoul depuis le front Est de l'offensive, la semaine dernière, les unités d'élite du Service de contre-terrorisme (CTS) sont engagées dans un combat rapproché et brutal.

Les djihadistes, qui se déplacent à l'abri d'un réseau de tunnels percés sous la ville et peuvent surgir à tout endroit, à tout moment, procèdent par vagues d'attentats suicide et tirs de snipers.

"Nous avons rencontré une forte résistance de l'ennemi", a dit samedi à Reuters Sabah al Noumani, le porte-parole du CTS. "Nous sommes face à la forme la plus difficile de guerre urbaine, obligés de nous battre en présence de civils, mais nos forces sont formées à ce genre de combat."

Dans le quartier de Qadisiya al Thania, où les forces spéciales se sont enfoncées vendredi, une habitante jointe par téléphone a déclaré que les combats étaient d'une telle intensité qu'elle n'osait même pas gagner sa cuisine.

"Le bruit des affrontements a commencé à distance, puis des combattants sont arrivés jusqu'à nous et ont hissé le drapeau irakien, ils nous ont dit qu'ils avaient repoussé Daech et qu'ils nous avaient libérés", a-t-elle dit. "Mais nous entendons toujours des combats et nous espérons que Daech ne reviendra pas."

DÉPARTS DE MOSSOUL VERS LA SYRIE

Les forces spéciales du CTS, qui se battent au côté de la Neuvième division blindée, sont les plus avancées dans la contre-offensive déclenchée sur plusieurs fronts le 17 octobre dernier.

Sur les fronts Sud et Nord, les forces de sécurité et des divisions de l'infanterie irakienne, soutenues par l'aviation de la coalition anti-EI, se préparent à progresser dans les prochains jours.

Au nord-est, les peshmergas kurdes tiennent les territoires repris dans les premiers temps de l'offensive. Idem à l'ouest avec les miliciens chiites des Forces de mobilisation populaire (FMP).

D'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 48.000 personnes ont été déplacées depuis le déclenchement de l'offensive. Ce nombre est toujours relativement bas alors que l'Onu redoutait, avant le début de la bataille de Mossoul, l'exode possible de jusqu'à 800.000 personnes.

On estime que la grande ville du nord de l'Irak est encore peuplée de quelque 1,5 million d'habitants.

D'après une source contactée par Reuters dans Mossoul, les combattants de l'EI autoriseraient les proches de certains de leurs partisans à quitter la ville et se diriger vers la Syrie, à l'ouest. En dépit des opérations des miliciens chiites des FMP, des routes menant de Mossoul à Rakka, le fief de l'EI de l'autre côté de la frontière, semblent encore ouvertes.

A Kerbala, ville sainte de l'islam chiite au sud de Bagdad, le grand ayatollah Ali Sistani a rendu vendredi un hommage appuyé aux forces engagées contre les djihadistes sunnites de l'EI, saluant leur sacrifice.

"Sans le sang de ces êtres aimés et leur détermination constante, seul Allah sait quel sort attendrait l'Irak et les autres", a-t-il dit dans un sermon lu en son nom par Seyyid Ahmed al Safi. (avec Saif Hameed à Bagdad; Henri-Pierre André pour le service français)