Pékin (awp/afp) - Le nouveau coronavirus continuait à tuer mardi, particulièrement en Iran, au Japon et en Corée du Sud, et la multiplication des cas de contamination accroissait les risques de pandémie, surtout dans les pays pauvres.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l'épidémie apparue en décembre dans le centre de la Chine a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 77.000 personnes dont 2.600 mortellement.

Mais avec cinq nouveaux pays touchés dans la seule journée de lundi (Afghanistan, Bahreïn, Koweït, Irak, Oman), la maladie Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, plus d'une trentaine d'Etats où elle a fait au moins 41 morts et 2.500 cas de contamination.

Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti lundi à Genève que le monde restait menacé de "pandémie", à savoir une épidémie d'ampleur internationale.

L'agence spécialisée de l'ONU s'inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

Dubaï se ferme

En Iran, une équipe d'experts de l'OMS est ainsi attendue dans la journée. La République islamique, qui a fait état de ses premiers cas de contamination il y a moins d'une semaine, a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 12 morts, le plus lourd en dehors de la Chine.

Signe inquiétant: le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été testé positif au coronavirus.

Les Emirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l'Iran, une décision qui concerne au premier chef l'aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers.

Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d'Iran.

"Très grave"

En Corée du Sud, la situation est "très grave", s'est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d'un millier de cas.

Le pays, qui compte désormais 10 morts, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois.

Séoul avait initialement annoncé mardi une baisse du nombre quotidien de nouvelles contaminations, avant de relever ce chiffre de 60 à 144.

La plupart du millier de cas confirmés sont liés à une secte d'inspiration chrétienne, dont une fidèle aurait contaminé des centaines d'autres croyants. L'Eglise a promis de fournir aux autorités une liste de ses membres afin de les soumettre à un test de dépistage.

Washington, qui a appelé à "éviter tout voyage non essentiel" en Corée du Sud, envisage de "réduire" un exercice militaire prévu au printemps avec l'armée sud-coréenne. Quelque 37.000 soldats américains sont stationnés dans ce pays.

Non loin de là, le Japon a annoncé le décès d'un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées.

Ministres à Rome

En Europe, l'Italie, où sept personnes sont mortes, est devenue le premier pays du continent à installer un cordon sanitaire autour d'une dizaine de communes du nord du pays.

Deux nouvelles régions, la Toscane (centre) et la Sicile (sud), ont recensé des contaminations par le coronavirus, a annoncé mardi la Protection civile, faisant état d'un nouveau bilan total de 283 cas dans le pays.

Le Premier ministre Giuseppe Conte a reconnu un dysfonctionnement dans un hôpital local ayant favorisé la propagation du virus.

Rome organise mardi après-midi une réunion des ministres de la Santé de pays voisins pour déterminer "des lignes d'action communes".

L'épidémie "est à nos portes", a reconnu le ministre français de la Santé Olivier Véran, tout en se refusant à fermer les frontières.

La Commission européenne a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas dans l'immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l'intérieur de l'UE.

Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l'île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être porteur du coronavirus.

La Croatie a annoncé un premier cas de coronavirus, touchant un jeune homme revenu récemment d'Italie. C'est le premier cas connu dans les Balkans.

Plongeon de Wall Street

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre à Wuhan (centre), le bilan humain de mardi s'avérait moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.

D'après l'OMS, l'épidémie a connu un "pic" puis un "plateau" entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan (11 millions d'habitants).

En dehors de cette région, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s'intensifiait légèrement.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d'un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l'épidémie n'aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l'Education.

La crise a fait plonger les places boursières lundi, notamment Wall Street avec sa plus forte chute depuis plus de deux ans (-3,56%), mais hormis Tokyo (-3,3%), les marchés tentaient mardi de se redresser.

Le coronavirus change la donne de la mondialisation, a estimé le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, soulignant "la nécessité impérative de relocaliser un certain nombre d'activités et d'être plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production".

Aux Etats-Unis, l'administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) à la lutte contre la maladie.

afp/rp