Pour ma part, me voilà de retour pour cette chronique matinale après deux semaines de vacances (merci à Jordan Dufee pour avoir assumé le réveil nocturne pendant ce temps !). Vacances en Irlande, pas le choix le plus stupide au final dans la mesure où il fallait sortir une petite laine le soir pendant que l'Europe continentale suffoquait. Et presque sans une goutte de pluie pendant quinze jours s'il vous plaît, ce qui de mémoire d'Irlandais est à peu près aussi incongru qu'un verre à bière d'une contenance inférieure au demi-litre. Pour le reste, il se passe en Irlande la même chose que dans le reste de l'Europe : les prix flambent et les salariés se sont évaporés. Les vitrines des boutiques et des pubs sont bardées d'affichettes proposant des emplois à saisir immédiatement. Et les préoccupations sont les mêmes qu'ailleurs, notamment sur le pouvoir d'achat et l'impact de la hausse des taux européens sur le marché de l'immobilier.

De hausse de taux, il en sera encore question cette semaine aux Etats-Unis puisque la Fed devrait, mercredi, relever une nouvelle fois les siens. L'outil de prédiction FedWatch du CME montre que les probabilités se cantonnent à deux camps : 79% de chances d'assister à une hausse de taux de 75 points et 21% de chances que le tour de vis soit de 1%. Je ne vais pas refaire l'histoire en détail, mais grosso modo il s'agit pour la banque centrale américaine de ramener l'inflation en zone de confort en réduisant les liquidités en circulation sans trop endommager la dynamique économique. Les taux courts plus élevés que les taux longs sur la dette américaine montrent que les investisseurs ont pris leur parti d'une phase économique plus difficile. La décision de la Fed mercredi sera suivie jeudi de la première estimation du PIB américain du 2e trimestre et vendredi des données sur l'inflation subie par les consommateurs en juin, dite inflation PCE. Autant dire que les données macroéconomiques ont un pouvoir de volatilité assez élevé cette semaine.

Cette actualité macro se télescope avec les annonces des performances financières des entreprises sur le dernier trimestre écoulé. "La saison des bénéfices du deuxième trimestre pour l'indice S&P 500 continue d'être plus faible que la normale", souligne FactSet, ce qui signifie en d'autres termes que les résultats sont plus proches des attentes (toujours trop basses) des analystes que d'habitude. Ou que les sociétés sont un peu plus gênées aux entournures que de coutume pour montrer qu'elles ont fait mieux que prévu. En cause, une base de comparaison élevée et, bien sûr, la dégradation de la confiance dans les perspectives économiques. A ce stade, un peu plus d'une grosse entreprise américaine sur cinq a publié, si bien que la statistique est partielle. Mais retenez que les taux de croissance des profits sont moins foufous que lors des dernières publications, même si l'on parle toujours de hausse des résultats.

FactSet note quand même que le secteur de l'énergie centralise la majeure partie des progressions annuelles (avec l'Industrie et les Matériaux de base), alors qu'à l'inverse les Financières, la Consommation discrétionnaire et les Services de communication gagnent moins à beaucoup moins (pour les Financières) que l'année précédente. D'ailleurs c'est une illustration intéressante du décalage entre le cycle boursier et le cycle économique : les secteurs dont la croissance des résultats est la plus forte sont ceux qui ont affiché les moins bonnes performances boursières en juillet (l'Energie et les Matières premières par exemple), tandis que la Consommation discrétionnaire et les Financières sont plutôt aux avant-postes alors que leurs résultats sont en repli par rapport à la même période de l'année précédente. C'est naturellement parce que les investisseurs sont dans l'anticipation : ils misent sur le retour à meilleure fortune des unes tout en considérant que les autres sont déjà autour de leur apogée bénéficiaire pour le cycle en cours.

Il y aura 175 sociétés du S&P500 de plus cette semaine pour affiner les stats précitées. L'Europe ne sera pas en reste avec 189 publications programmées en parallèle. Autant dire qu'on croulera sous les chiffres avant le traditionnel plongeon d'activité du mois d'août. Un dernier mot sur les informations à retenir pour démarrer la semaine : en Europe, Orange et MasMovil marient leurs activités en Espagne, tandis que de multiples rumeurs circulent sur un rachat de OneWeb par Eutelsat (non confirmé à l'heure où j'écris, mais avec de bonnes probabilités de finalisation compte tenu des détails qui ont déjà filtré). Volkswagen s'est séparé de son patron controversé Herbert Diess de façon assez inattendue et l'on attend de voir la réaction des marchés. Aux Etats-Unis, il est manifestement impossible de se débarrasser d'Elon Musk, même dans la rubrique people. Le Wall Street Journal a appris qu'il serait la cause du divorce du cofondateur de Google Sergei Brin plus tôt dans l'année. Il aurait eu une aventure avec l'épouse de son ami. Enfin ex-ami en l'occurrence. Mon conseil : retournez-vous avant d'entrer aux toilettes et vérifiez le siège arrière quand vous montez dans votre voiture, Musk a l'air de pouvoir surgir partout.

Les indicateurs avancés sont baissiers ce matin en Europe. Vendredi, Wall Street a mis fin un peu abruptement à son rebond par une forte correction des valeurs technologiques, après une série de résultats peu convaincants chez les entreprises de réseau numériques, qui a fait vaciller quelques grosses capitalisations, dont Meta Platforms et Alphabet. En Asie Pacifique, les baisses sont généralement comprises entre 0,5% à 1% en fin de parcours, hormis à Sydney où l'ASX est presque à l'équilibre. Le CAC40 perdait 0,4% à 3190 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne sera publié à 10h00 et l'indice d'activité de la Fed de Chicago à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro se négocie 1,0207 USD. L'once d'or flirte avec 1726 USD. Le pétrole reste sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 102,47 USD le baril et un brut léger américain WTI à 93,95 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans a reculé à 2,78%, toujours sous le 5 ans, le 2 ans et le 6 mois. Le bitcoin rechute à 21 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 36 CHF.
  • Adecco : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 45 CHF.
  • Aéroports de Paris : RBC passe de surperformance à sousperformance en visant 115 EUR.
  • Barry Callebaut : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2700 à 2600 CHF.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 67 à 73 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 11,20 à 10 EUR.
  • Dormakaba : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 530 à 485 CHF.
  • Electrolux Professional : SEB passe d'acheter à conserver en visant 65 SEK.
  • Galapagos : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 48 EUR.
  • Givaudan : CFRA reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4000 à 3300 CHF.
  • Grifols : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 17,60 EUR.
  • Idorsia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 29 à 25 CHF.
  • Lonza : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 780 à 720 CHF.
  • Philips : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 23,80 EUR.
  • Schindler : Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif réduit de 280 à 235 CHF.
  • Sika : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 333 à 277 CHF.
  • Ubisoft : Wedbush Morgan reste à surperformance avec un objectif de relevé de 50 à 60 EUR.
  • UCB : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 85 EUR.
  • Uniper : J.P. Morgan passe de surpondérer à souspondérer en visant 5,50 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Compagnie Plastic Omnium : les résultats baissent mais un peu moins que prévu. Les prévisions sont confirmées.
  • Faurecia (Forvia) : l'équipementier automobile confirme ses prévisions 2022 après une contraction de ses résultats au S1.
  • Icade : les prévisions 2022 sont réitérées après un 1er semestre jugé solide en interne.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Orange et MasMovil finalisent la fusion de leurs activités en Espagne sur la base d'une valeur de 18,6 Mds€.
  • Eutelsat serait sur le point de mettre la main sur OneWeb, selon Reuters.
  • L24 met en cause les pratiques d'élevage de LDC.
  • TF1 a acquis en exclusivité les droits de diffusion des matches de l'équipe de France de football pour plusieurs compétitions jusqu'en 2028.
  • Damartex s'offre Icelus Medical.
  • Groupe JAJ, U10, Geci, Olympique Lyonnais, Lisi ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Julius Bär : le bénéfice du T2 est inférieur aux attentes, en baisse de 26%.
  • Kuehne + Nagel : la volatilité des chaînes d'approvisionnement fait bondir les bénéfices de 79% au T2.
  • Philips : le groupe néerlandais manque ses prévisions pour le T2 à cause des problèmes de chaîne d'approvisionnement et des blocages en Chine.
  • Ryanair : la compagnie renoue avec les bénéfices à hauteur de 174 M€ sur la période avril-juin.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures