Les marchés boursiers européens ont pris un bon coup derrière la tête hier. Il faut dire qu'après quelques semaines de volatilité en berne, un certain train-train s'était installé : les indices du vieux continent avaient entamé des parcours latéraux pendant que les investisseurs se prenaient de passion pour tout ce qui touche de près ou de loin à l'intelligence artificielle aux Etats-Unis. Mais hier, patatras. Le CAC40 français a par exemple perdu 3,13% à la clôture, sans aucune valeur dans le vert. C'est tout simplement la seconde plus mauvaise séance de l'indice parisien en un an, juste derrière celle du 15 mars, terminée à -3,58%. Les marchés les plus riches en valeurs cycliques comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne où les Pays-Bas ont perdu plus de 2%. Les marchés plus défensifs comme la Suisse, la Belgique ou le Danemark ont fait à peine mieux. Aux Etats-Unis, la résistance a été meilleure. Le S&P500 et le Nasdaq 100 n'ont rendu que 0,8% et le Dow Jones à peine plus.

Que s'est-il passé ? Je mentirais en prétendant avoir une réponse précise. De l'avis général, c'est la perspective de voir la banque centrale américaine durcir le ton et provoquer une vaste récession qui a entraîné l'hémorragie. Mais la chute a démarré avant la publication des données américaines qui ont mis le feu aux poudres, si bien que l'explication sonne un peu comme un biais rétrospectif. Mais ce qui est certain, c'est que deux statistiques publiées hier aux Etats-Unis ont marqué les esprits. La première est l'enquête ADP sur l'accroissement de l'emploi privé en juin, grosso modo deux fois plus dynamique que prévu. La seconde est l'indice ISM des services, en net redressement par rapport au mois précédent. Elles traduisent la vigueur de l'économie américaine, qui ne fait pas très bon ménage avec la volonté de la Fed de maintenir l'activité sous pression pour calmer les hausses de prix. Traduction ? Difficile d'envisager autre chose qu'une reprise de la hausse des taux dans un avenir proche.

Les investisseurs voient le renforcement du prix de l'argent d'un mauvais œil, c'est logique. Ils craignent aussi que ces politiques monétaires restrictives se maintiennent dans les autres blocs, notamment en dans la zone euro ou au Royaume-Uni, ce qui accroît la menace d'une croissance mondiale sous pression pour une durée plus longue. La publication cet après-midi des données officielles sur le marché du travail en juin aux Etats-Unis risque d'apporter encore plus d'eau au moulin de cette théorie. En effet, l'enquête ADP est censée fournir un indicateur avancé de la teneur des chiffres du Bureau of Labor Statistics. Il est toujours un peu contre-intuitif d'imaginer que des données robustes sur l'emploi sont mal vues par les financiers en ce moment. En effet, de nombreux modèles économiques cherchent ce que l'on appelle le plein emploi. C'est d'ailleurs la situation actuelle aux Etats-Unis où le taux de chômage se limite à 3,6%. L'Union européenne s'affiche à 5,9%, le meilleur chiffre depuis longtemps. Economiquement, on parle de plein emploi quand le taux de chômage passe sous 5% (les définitions sont un peu fluctuantes). Tout le monde serait satisfait avec de tels taux en temps normal, mais en 2023 aux Etats-Unis, c'est aussi le signe que l'économie ne décélère pas vraiment et que l'inflation élevée risque de perdurer. Donc que la Fed va devoir continuer à lutter en relevant ses taux, au risque de provoquer des fêlures économiques qui seraient pires que le mal auquel elle s'est attaquée.

Du coup, retour de la peur de la hausse des taux. Fébrilité sur les marchés actions et grosse tension sur le marché obligataire, où le taux de la dette américaine a 10 ans a dépassé 4% pour la première fois depuis des semaines, pendant que le 2 ans flirte avec 5%. En parallèle, les premiers prévisionnels de sociétés sont assez prudents à quelques jours de l'avalanche de publications des résultats de mi-exercice des entreprises cotées. Et la Chine est toujours aux abonnées absentes de la reprise économique, avec de surcroît quelques chutes sectorielles brutales, comme celles du compartiment bancaire après une note de grande prudence publiée par Goldman Sachs en milieu de semaine. A ce propos, la presse officielle chinoise a tenté d'allumer un contre-feu, ce qui n'est pas un signal très rassurant en soi. Un édito du Securities Times recommande aux investisseurs de ne pas suivre les recommandations de la banque américaine, qui sont jugées trop pessimistes. Je vous laisse juges de la pertinence de ce genre d'imprécation.

Sur l'agenda du jour, focus donc sur les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis à 14h30, et sur la rencontre entre Janet Yellen et le premier ministre chinois Li Qiang (et pas avec le président Xi Jinping comme je l'ai écrit hier). En Asie Pacifique, la semaine s'achève généralement en berne. Le Nikkei 225 perd 0,5%, quatrième séance de baisse de la semaine. Le Hang Seng, à Hong Kong, recule de 0,3%. Les prévisions pessimistes du géant Samsung Electronics ont tiré le Kospi coréen vers le bas (-1,2%). En Australie, l'ASX chute lourdement de 1,7%, grevé par ses valeurs minières, exposées à un ralentissement économique. Le CAC40 est attendu en petit rebond à l'ouverture. Il gagne 0,07% à 7084 points après quelques secondes de cotation. 

Les temps forts économiques du jour

Le marché focalise donc son attention sur le marché du travail américain en juin. Verdict à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0887 USD. L'once d'or recule à 1910 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 76,75 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,03 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se tend à 4,04%. Le bitcoin se négocie autour de 30 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 41 à 42,50 EUR.
  • Adidas : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 112 à 120 EUR.
  • Amplifon : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 31 à 31,60 euros
  • Anglo American : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 2540 à 2460 GBp.
  • Anheuser-Busch Inbev : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 66 à 64 EUR.
  • Antin : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 20 EUR.
  • Antofagasta : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 1400 à 1480 GBp.
  • Atlas Copco : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 171 à 175 SEK.
  • Axa : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 32,50 à 32 EUR.
  • Boliden : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 362,50 à 356 SEK.
  • Burberry : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 2450 à 1267 GBp.
  • Coloplast : HSBC reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 690 à 720 DKK.
  • ConvaTec : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 200 GBp.
  • Demant : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 220 à 285 DKK.
  • Elementis : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 144 GBp.
  • Engie : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 15,50 à 16 EUR.
  • Epiroc : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 205 à 205 SEK.
  • Getinge : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 210 SEK.
  • Glencore : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 650 à 615 GBp.
  • Hermès : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 2015 à 1928 EUR.
  • Holcim : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 63 à 60,50 CHF.
  • Kone : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 60,60 à 56,90 EUR.
  • Moncler : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 66 à 70 EUR.
  • Ocado : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 1450 à 1350 GBp.
  • Orsted : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 900 à 850 DKK.
  • Philips : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 13,90 à 19 EUR.
  • SKF : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours réduit de 200 à 193 SEK.
  • Sodexo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 110 à 113 EUR.
  • Straumann : Citigroup reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 93 à 105 CHF.
  • Unibail : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 63 à 70 EUR.
  • Worldline : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 52 à 45 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • LDC : a confirmé ses objectifs annuels après avoir publié un chiffre d'affaires consolidé au premier trimestre en hausse de 12,9%, à 1,51 Md€.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Saint-Gobain investit 235 M$ pour développer son usine de plâtre aux Etats-Unis.
  • Stellantis et Niocorp signent une lettre d'intention sur les terres rares
  • Carrefour va s'associer à Nexity pour revaloriser 76 sites immobiliers.
  • Le fonds L Catterton (soutenu par LVMH) envisage d'introduire en bourse aux Etats-Unis Birkenstock, sur la base d'une valeur de 6 Mds$.
  • Gotham Research a publié un second volet de son attaque contre SES-Imagotag.
  • Argan rembourse un emprunt obligataire de 130 M€.
  • Spie négocie l'acquisition de l'opérateur télécom lyonnais AVM Up.
  • Bastide se renforce dans les prestations de soins à domicile en France et s'implante aux Pays-Bas.
  • Hympulsion commande une station hydrogène de grande capacité à Hydrogen Refueling Solutions.
  • Medesis fait appel du jugement du TC de Montpellier dans son contentieux avec Bpifrance.
  • Claranova négocie la vente de la division Home Design d'Avanquest à Encore Software.
  • MyHotelMatch regroupe ses actions.
  • Klépierre, Séché détachent leurs dividendes.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Ecomiam

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • AbbVie : revoit à la baisse ses prévisions de bénéfices annuels en raison de dépenses de R&D plus élevées que prévu.
  • Clariant : revoit à la baisse ses perspectives de revenus.
  • Coca-Cola Hellenic : relève ses prévisions de bénéfices pour 2023 après un premier semestre solide.
  • Levi Strauss : le titre perd 6% hors séance après des résultats décevants.
  • Samsung Electronics : s'attend à ce que son bénéfice d'exploitation plonge de plus de 95% sur un an au deuxième trimestre, plombé par la surabondance mondiale de semi-conducteurs.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • UBS remanie la direction de sa division de gestion de fortune.
  • Novo Nordisk intente une action en justice contre les pharmacies américaines qui vendent des préparations de semaglutide.
  • Twitter soupçonne Threads (Meta) ne pas respecter ses droits de propriété intellectuelle.
  • Bruxelles ouvre une enquête approfondie sur l'acquisition d'iRobot par Amazon.
  • Constellation Brands annonce le départ de Rob Sands de la présidence de son conseil d'administration.
  • Volkswagen vise le lancement de véhicules à conduite autonome au Texas, aux Etats-Unis, pour l'année fiscale 2026.
  • YouGov débourse 315 M€ pour l'activité de panel de consommateurs de GfK.
  • Coloplast va racheter Kerecis pour 1,3 Md$.
  • DoorDash, Uber Eats et Grubhub poursuivent la ville de New York au sujet de la loi sur le salaire minimum pour les livreurs de nourriture.
  • Rivian fait face à des poursuites pour fraude envers les investisseurs de l'introduction en bourse.
  • DocMorris demande un accès non discriminatoire aux ordonnances électroniques.
  • Burkhalter finalise l'acquisition du soleurois Riggenbach.
  • BioArctic et Eisai obtiennent l'approbation de la FDA américaine pour leur médicament contre la maladie d'Alzheimer.
  • Iberdrola et Hornbach détachent leurs dividendes.
  • Les principales publications du jour : néant… Tout l'agenda ici.

Lectures