Oui, l'Europe s'est montrée solidaire !

À la suite de la crise financière de 2008, les pays qui s'étaient fortement endettés n'avaient plus aucune marge budgétaire pour y faire face. Il en a résulté une crise des dettes de la zone euro, avec, en 2010, la crise de la dette grecque provoquée par son important déficit public. La crise de la dette publique de l'Irlande a suivi, suite au sauvetage des banques nationales rendu nécessaire par les excès antérieurs de la dette privée.

Les dirigeants de l'UE se sont alors trouvés confrontés, pour la première fois depuis la mise en place de l'euro, à une situation où des pays utilisant l'euro perdaient leur capacité à se financer sur les marchés financiers et donc à mener leur politique budgétaire de manière autonome. C'est ce qui est arrivé à la Grèce : dès avril 2010, le pays s'est retrouvé en risque de défaut de paiement (c'est-à-dire ne pouvant plus rembourser ses créanciers). La Grèce s'est alors tournée vers les États membres de la zone euro et le FMI pour demander une assistance financière.

Entre 2010 et 2015, la Grèce a d'abord reçu un soutien financier de 194,7 milliards d'euros des pays de la zone euro et de 32,1 milliards du Fonds Monétaire International (FMI), à travers deux programmes d'assistance financière, afin de l'aider à surmonter la crise économique et financière qu'elle a traversée.[1] Depuis août 2015, un troisième programme d'assistance a été lancé dans le cadre du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), qui a permis de débourser 46,9 milliards[2]. Et les créanciers privés (banques, assurances, fonds d'investissement, fonds de pension) ont accepté de leur côté d'effacer environ 100 milliards d'euros de dettes. Au total, la solidarité des États européens - et donc des citoyens européens - s'est traduite par l'injection de 241,6 milliards d'euros dans l'économie grecque. En ajoutant les prêts du FMI ce sont donc 273,7 milliards d'euros qui ont été prêtés à la Grèce (ce qui représente près de 160 % du PIB de la Grèce).

Des efforts importants pour réformer le pays

Concrètement, les Etats membres de la zone euro et le FMI ont accordé des prêts à la Grèce en contrepartie de réformes structurelles et d'économies budgétaires. Ces réformes visaient à la fois à garantir la viabilité des finances publiques et à moderniser l'économie du pays, afin de permettre le retour de la croissance et des investisseurs. Des réformes importantes ont également permis de moderniser l'administration du pays, de rendre plus efficace le système de collecte d'impôt et de créer un cadastre.

Mais l'ensemble de ces réformes n'a pu se faire qu'au prix d'efforts importants, qui ont été durement vécus par les Grecs. Le taux de chômage a atteint un pic de 27,9% en juillet 2013. Il est encore élevé et atteignait 20,1% en mars 2018. Cependant, le nombre de créations d'emplois s'est amplifié depuis 2015 et a atteint le chiffre de 100.000, grâce aussi aux mesures adoptées pour réduire le travail non déclaré et améliorer le fonctionnement du marché du travail. Des mesures ont également été prises afin d'améliorer la protection sociale de la population. Un revenu minimum de solidarité destiné aux personnes exposées au risque de pauvreté a été introduit en Grèce depuis février 2017 et bénéficie aujourd'hui à près de 6% de la population. Un réseau de premiers soins de santé a également été instauré et permet à l'ensemble des citoyens grecs d'avoir une couverture maladie universelle.

Dans un rapport publié en novembre 2017, la Cour des Comptes européenne a fait le constat global que, malgré certaines faiblesses dans la conception et l'évaluation des programmes gérés par la Commission européenne, ceux-ci ont permis aux réformes de progresser en Grèce et d'éviter au pays de faire défaut. Ce qui a aussi permis d'assurer la stabilité financière dans la zone euro.

Des signaux positifs

Après 9 années de crise, la Grèce voit enfin le bout du tunnel. Le pays a renoué avec la croissance en 2017, à 1,4 %, après neuf ans d'une récession profonde. En 2009, la Grèce avait le plus grand déficit en Europe, plus de 15 % de son PIB. En 2017, elle enregistre un léger excédent budgétaire (de 0,8 % du PIB). Les signaux donnés par l'économie grecque permettent d'entrevoir un rétablissement durable. La Grèce a même dépassé, pour la deuxième année consécutive, les objectifs fixés par ses créanciers et le FMI, en réalisant en 2017 un excédent budgétaire primaire (déficit public obtenu avant paiement des intérêts de la dette) de 4 %.

Selon les prévisions de printemps 2018 de la Commission, la croissance en Grèce devrait accélérer cette année (+1,9 %) et encore plus l'année prochaine 2019 (+2,3 %).

Le pays a recommencé à se refinancer sur les marchés financiers en émettant récemment des obligations. Cette opération a été un succès, montrant que les créanciers faisaient de nouveau confiance à la Grèce. Les agences de notation financière ont toutes revu à la hausse leur évaluation de la santé économique et financière de la Grèce.

Lors d'une visite à Athènes en avril 2018, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a loué la performance 'impressionnante' de l'économie grecque et a appelé les créanciers de la Grèce 'à tenir leurs engagements' sur l'allégement de la dette grecque. C'est ce qu'ils ont fait lors de la réunion de l'Eurogroupe du 21 juin en repoussant les échéances des premiers remboursements d'une partie importante de la dette (96 milliards d'euros) à 2033 et en étalant la charge de remboursement dans le temps, jusqu'en 2069 pour les plus lointaines. L'accord prévoit également de conclure le dernier programme d'assistance financière à la Grèce dès le 20 août 2018. La Grèce peut désormais ouvrir un nouveau chapitre de son histoire au sein de la zone euro et de l'Union européenne.

Plus d'informations

Rôle de la Commission européenne : la Commission a géré les programmes d'ajustement en liaison avec la Banque centrale européenne et au nom des créanciers européens, à savoir les Etats membres de la zone euro pour le 1er programme, le Fonds européen de stabilité financière pour le 2ème programme et le Mécanisme Européen de Stabilité pour le 3ème.

Nos fiches d'informations

Le blog de Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques et financières(link is external)

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La Sté European Commission Representation in France a publié ce contenu, le 22 juin 2018, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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