Le marché automobile poursuit son rebond, les prix dans l'immobilier continuent de remonter et les distributeurs britanniques ont connu en juillet leur meilleur mois depuis 2006, selon d'autres statistiques publiées mardi.

Lundi déjà, l'indice PMI des directeurs d'achat montrait que le secteur des services a connu en juillet sa plus forte croissance depuis plus de six ans.

Tous ces indicateurs confirment un rebond que personne n'osait espérer il y a encore quelques mois mais certains économistes s'inquiètent déjà d'une possible bulle, la hausse de la consommation étant largement alimentée par le recours au crédit.

La production manufacturière a progressé de 1,9% en juin, dépassant les prévisions les plus optimistes, et l'ensemble de ses 13 composantes s'affichent en hausse, du jamais vu depuis juin 1992, a annoncé mardi l'Office national des statistiques.

La production industrielle dans son ensemble, qui représente environ un sixième de l'activité économique globale du Royaume-Uni, a augmenté de 1,1% par rapport à mai alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 0,6% seulement.

Cette progression, la plus forte depuis juillet 2012, a fait monter le rendement des emprunts britanniques à un plus haut d'un mois tandis que la livre sterling s'appréciait sur le marché des changes.

Selon l'enquête mensuelle publiée mardi également par l'Association des distributeurs britanniques (BRC), les ventes au détail ont atteint en juillet leur meilleur niveau depuis six ans, en hausse de 3,9% sur un an - le beau temps, la victoire d'Andy Murray à Wimbledon et la naissance du "Royal Baby" s'étant conjugués pour redonner le sourire aux consommateurs.

REPRISE DÉSÉQUILIBRÉE ?

Les prix dans l'immobilier ont de leur côté connu leur plus forte hausse en rythme annuel depuis près de trois ans tandis que les immatriculations de voitures neuves ont augmenté de 12,7% sur un an, ce qui a amené l'association nationale des constructeurs à revoir en hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année.

Malgré ces signes de reprise après deux ans de stagnation, la Banque d'Angleterre devrait réaffirmer mercredi qu'elle n'est pas près de remonter ses taux d'intérêt.

À l'occasion de la publication de son rapport trimestriel sur l'inflation, la banque centrale devrait dévoiler une nouvelle politique de communication sur l'orientation prévisible de sa politique monétaire.

Pour George Buckley, économiste à la Deutsche Bank, les bons indicateurs économiques militent paradoxalement en faveur d'une communication avancée sur le niveau futur des taux afin qu'une remontée trop rapide des rendements obligataires ne vienne pas tuer la reprise dans l'oeuf.

De fait, la production industrielle reste à des niveaux très bas et la hausse de la consommation est largement alimentée par le faible niveau des taux d'intérêt.

"On peut craindre que la reprise soit déséquilibrée", avertit Jonathan Portes, à l'Institut national de recherche économique et sociale (NIESR). "Elle est soutenable dans la mesure où elle pourrait durer un an ou deux, mais sur le moyen terme, ce n'est pas ce qu'il nous faut."

Le NIESR vient de relever sa prévision de croissance pour cette année à 1,2%, avant une accélération à 1,8% en 2014 - des chiffres qui contrastent avec la maigre expansion de 0,2% en 2012.

Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand

par Christina Fincher et William Schomberg