HORTENS, Gironde /PARIS, 11 août (Reuters) - Des renforts européens doivent commencer à arriver ce jeudi en France, où les pompiers sont mobilisés contre une série sans précédent d'incendies dans plusieurs régions, tandis que le gouvernement a affiché en Gironde sa détermination à agir "sur tous les fronts" pour améliorer la lutte contre les feux à l'avenir.

"Partout sur le territoire, plus de 10.000 pompiers et personnels de la sécurité civile sont mobilisés contre les flammes", a observé Emmanuel Macron sur Twitter, en saluant la solidarité de plusieurs pays européens qui ont promis des renforts face à cette situation de crise.

Dans le cadre du Mécanisme de protection civile de l'Union européenne, quatre avions bombardiers d'eau venant de Grèce et de Suède ont été dépêchés en France, tandis que des équipes et des véhicules en provenance d'Allemagne, de Pologne, d'Autriche et de Roumanie devraient arriver progressivement dans les prochains jours, a dit sur Twitter le commissaire européen chargé de la Gestion des crises, Janez Lenari.

"Depuis le mois de juin, notre pays fait face à des incendies exceptionnels", a souligné la Premier ministre Elisabeth Borne lors d'un point de presse à Hostens, dans le sud de la Gironde, département où l'un des deux feux majeurs de juillet a repris mardi et a déjà brûlé 6.800 hectares de forêt.

Outre la Gironde, d'autres départements font aussi face actuellement à de grands feux de forêt, dont la Lozère et l'Aveyron, l'Isère, la Drôme, le Jura ou encore le Maine-et-Loire.

Au-delà de la gestion de l'urgence, "je peux vous assurer qu'on est en train de renforcer nos moyens, on veut agir sur tous les fronts pour lutter encore mieux à l'avenir contre ces incendies", a souligné Elisabeth Borne, qui était accompagnée du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"UN OGRE"

Cela passe notamment par le "grand chantier national" de reboisement annoncé le mois dernier par le président de la République lors d'un déplacement en Gironde alors confrontée à deux méga-feux, ainsi que par le renforcement déjà programmé des moyens de la Sécurité civile dans le projet de loi de programmation du ministère de l'Intérieur prévu pour la rentrée, a rappelé Elisabeth Borne.

"Un nouveau plan national d'adaptation au changement climatique sera mis en concertation à la rentrée", a annoncé la Première ministre, en soulignant "qu'il faut qu'on continue plus que jamais à lutter contre le dérèglement climatique et qu'on continue aussi (...) à s'adapter à ce dérèglement climatique".

La lutte contre l'incendie girondin, qui sévit aussi dans les Landes limitrophes, est compliquée par des conditions climatiques particulièrement défavorables du fait de la canicule et de la sécheresse, d'autant que les pompiers ont constaté une propagation "atypique" des flammes.

"Le feu a un comportement relativement atypique et aberrant", a expliqué sur BFMTV le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, officier communication du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de Gironde, en soulignant qu'il "se propage un peu dans toutes les directions et pas seulement dans le sens du vent", a-t-il observé.

"C'est un ogre, c'est un monstre", a jugé de son côté sur RTL le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), Grégory Allione.

Sur le terrain, la lassitude commence à se faire ressentir chez les élus locaux et les habitants, dont certains avaient déjà été contraints à l'évacuation lors de l'incendie de juillet, qui n'a jamais été éteint mais a continué à couver, enterré sous la tourbe de la forêt landaise, avant sa reprise mardi.

"C'est un vrai désastre, économique, écologique, c'est affreux et le territoire est totalement défiguré. On est écoeurés, on est épuisés, ça fait un mois qu'on lutte, là, c'est la goutte qui fait déborder le vase", a dit jeudi le maire d'Hostens, Jean-Louis Dartiailh, sur Radio classique.

Selon les données du système européen d'information sur les incendies de forêt (Effis), 263 incendies ont déjà été recensés en France depuis le début de l'année, avec une surface totale brûlée de près de 58.000 hectares (contre 214 feux et 30.652 hectares de forêts détruits par le feu sur l'ensemble de l'année 2021).

La surface partie en fumée sur la seule année 2022 à ce stade représente l'équivalent de près de six fois la moyenne annuelle des surfaces brûlées sur la période 2006-2021. (Reportage Stéphane Mahé à Hostens, Michel Rose et Sudip Kar-Gupta à Paris, rédigé par Matthieu Protard et Myriam Rivet, édité par Tangi Salaün)