La négociation n'a pas repris depuis le 25 octobre, date à laquelle les syndicats avaient dénoncé les propositions "inacceptables" du patronat sur les licenciements collectifs.

"J'appelle toutes les organisations syndicales (...) et les employeurs (...) à nouer cette négociation, à la conclure, et à faire ce compromis historique, sinon le gouvernement prendra là encore la décision", a dit le président français lors d'une conférence de presse.

Invités par le gouvernement à trouver un accord avant la fin de l'année, les partenaires sociaux examineront à partir de ce jeudi un texte global élaboré par les organisations patronales à partir des discussions menées avec les syndicats.

Quatre champs ont été définis : lutter contre la précarité sur le marché du travail, anticiper les évolutions de l'activité, de l'emploi et des compétences, améliorer les dispositifs de maintien de l'emploi et améliorer les procédures de licenciement.

Le gouvernement, de nombreuses entreprises, les institutions internationales ou encore le gouverneur de la Banque de France comptent sur cette négociation pour améliorer le fonctionnement du marché français du travail, ce qui serait selon eux un levier de redressement de la compétitivité de l'économie française.

Le syndicat CFTC a dit partager "son analyse en même temps que son souhait de voir cette négociation déboucher sur un compromis historique".

"L'urgence, la gravité de la situation de l'économie et de l'emploi en France supposent en effet des mesures suffisamment fortes, innovantes pour engager l'ensemble des acteurs économiques et sociaux sur la voie d'un redressement productif pérenne", poursuit-elle dans un communiqué, appelant les organisations patronales à agir dans le même sens.

"MOMENT DE VÉRITÉ"

Les partenaires sociaux sont face à un moment de vérité, estiment quant à eux le ministre du Travail, Michel Sapin, et son prédécesseur sous François Mitterrand Jean Auroux.

"Il y a urgence !", écrivent-ils dans une tribune publiée mardi dans Le Monde. "Les négociations ouvertes par la grande conférence sociale constituent un moment de vérité qui peut marquer notre histoire économique et sociale."

Après la signature d'un accord sur le "contrat de génération", la négociation sur l'emploi vise à inventer une "flexi-sécurité" à la française, au moment où le chômage progresse sans interruption depuis un an et demi et où la croissance économique est nulle.

"Il est temps de se doter de nouveaux instruments d'anticipation permettant de partager les visions du devenir de l'entreprise, de l'évolution de l'emploi et des compétences", déclarent les deux ministres.

"Il est temps d'apporter de nouvelles sécurités aux travailleurs contre les précarités du marché du travail. Le CDI doit redevenir la norme. Le CDD ou l'intérim doivent être l'exception et ouvrir à des droits nouveaux", ajoutent-ils.

"Il est temps qu'une sécurisation des procédures de licenciement collectif s'accompagne d'une meilleure efficacité des dispositifs de reclassement des salariés", poursuivent-ils.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime dans un rapport publié la semaine dernière que "le manque de compétitivité de l'économie française émerge comme le défi majeur à la stabilité macro-économique, la croissance et la création d'emplois".

Il prône à cet égard de "corriger les dysfonctionnements du marché du travail qui entravent l'investissement, l'emploi et, en fin de compte, la croissance".

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a quant à lui dit la semaine dernière attendre "des décisions sur les questions liées au marché du travail qui sont aussi importantes" que le plan pour la compétitivité annoncé mardi dernier par le gouvernement.

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse