par Jodie Ginsberg et Keith Weir

LONDRES, 20 juillet (Reuters) - David Cameron affronte à son tour mercredi les députés britanniques à l'occasion d'un débat extraordinaire à la Chambre des communes sur le scandale des écoutes téléphoniques imputées à News of the World.

Le Premier ministre conservateur subit les attaques incessantes de l'opposition travailliste, qui, dans le sillage de son leader Ed Miliband, lui reproche des liens trop étroits avec l'empire médiatique de Rupert Murdoch et une erreur de jugement en 2007 lors de sa décision d'embaucher un ancien rédacteur en chef de News of the World comme responsable de sa communication.

Rupert Murdoch a dû répondre mardi aux questions de députés britanniques sur les écoutes illégales dont auraient été victimes des milliers de personnes en Grande-Bretagne de la part de News of the World.

L'homme d'affaires de 80 ans, dont le groupe News Corp est ébranlé par le scandale, a refusé d'endosser la moindre responsabilité tout en exprimant sa honte et son écoeurement à la découverte des pratiques imputées à News of the World mais aussi à d'autres de ses journaux. Il s'est jugé trahi par certains de ses collaborateurs.

"Je voudrais juste dire une phrase: c'est le jour le plus humiliant de ma vie", a-t-il déclaré en introduction à son audition, marquée par un incident lorsqu'un homme a cherché à l'"entarter" avec une assiette en carton remplie de mousse blanche.

Les images de l'incident s'affichent mercredi en une de la plupart des journaux en Grande-Bretagne, certains utilisant l'expression "humble pie" dans leur titre. Cette expression signifie "plates excuses" tandis que le terme "humble" a été utilisé par Rupert Murdoch pour exprimer son humilité et le mot "pie" désignant une tarte.

DÉMISSION TRÈS PEU PROBABLE

Les commentateurs sont divisés quant à la prestation de Rupert Murdoch, certains l'ayant jugé convaincant, d'autres le comparant à un vieillard déconnecté de la réalité.

Les projecteurs sont désormais braqués sur David Cameron, qui a écourté un déplacement en Afrique pour participer au débat extraordinaire organisé mercredi à la Chambre des communes.

Alors chef de file de l'opposition, David Cameron a embauché en 2007 Andy Coulson en tant que responsable de sa communication. Andy Coulson venait alors de démissionner de ses fonctions de rédacteur en chef de News of the World en raison de la condamnation d'un journaliste du tabloïd pour piratage de messageries téléphoniques.

Arrêté puis libéré sous caution en début de mois, Andy Coulson a quitté en janvier ses fonctions auprès de David Cameron.

Ce dernier est d'autant plus fragilisé que Paul Stephenson a fait allusion dimanche au cas du Premier ministre en démissionnant de son poste de chef de Scotland Yard en raison des soupçons de collusion entre la police et les journaux du groupe de Rupert Murdoch.

Il est très peu probable que David Cameron, arrivé au pouvoir en mai 2010, démissionne mais sa politique d'austérité pourrait être plus difficile à mettre en oeuvre face aux menaces de grève des syndicats.

Lors d'une conférence de presse mardi au Nigeria avant de s'envoler pour Londres, le Premier ministre a tenté de détourner le débat vers les questions économiques et sociales.

"Il s'agit de problèmes importants", a-t-il dit en allusion au scandale des écoutes. "Dans le même temps, les Britanniques attendent autre chose. Ils ne veulent pas que nous détournions notre attention des questions économiques afin de créer de bons emplois, ni de l'élaboration d'une politique d'immigration favorable à la Grande-Bretagne, ni d'un système de protection sociale juste pour le peuple."

RENVOI

Pour retrouver une chronologie détaillée de l'affaire des écoutes, double-cliquer sur

(Bertrand Boucey pour le service français)