Londres (awp/afp) - Les ventes au détail au Royaume-Uni ont déçu en baissant de 0,5% en juin sur un mois, alors qu'une progression était attendue sur fond d'excitation liée à la Coupe du monde de football, a annoncé jeudi l'Office des statistiques nationales (ONS).

Les économistes s'attendaient à une hausse de 0,2%, d'après un consensus médian établi par Bloomberg. En avril et en mai, les ventes avaient toutefois augmenté, aussi ont-elles progressé in fine de 2,1% lors de l'ensemble du deuxième trimestre par rapport à celles du premier trimestre.

Les cambistes vendaient en tous cas la livre sterling à cause de la performance décevante du seul mois de juin. Vers 08H30 GMT, la monnaie britannique a atteint son plus bas niveau depuis dix mois face au dollar, à 1,2983 dollar.

"Un temps chaud et les célébrations entourant la Coupe du monde ont soutenu les ventes dans les supermarchés, mais les détaillants ont aussi constaté que cela avait entraîné par ricochet une baisse de la fréquentation des magasins non-alimentaires", a expliqué l'ONS dans un communiqué.

L'équipe d'Angleterre a effectué un beau parcours lors de la phase de groupe du mondial en Russie disputée au mois de juin, à l'issue duquel elle s'est qualifiée pour la suite de la compétition qui a eu lieu en juillet. De nombreux observateurs tablaient sur un effet positif de cette réussite sportive, tout comme les ventes au détail avaient pu être dopées en mai par le mariage entre l'actrice Meghan Markle et le prince Harry.

"Les ventes de vêtement ont diminué de 0,8% en juin, en dépit de températures plus chaudes que d'habitude, parce que de nombreux foyers avaient déjà acheté leurs vêtements d'été lorsque le temps s'est réchauffé de façon inhabituelle en avril et mai", a expliqué Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics.

"A l'inverse, les ventes de produits alimentaires et de boisson ont augmenté de 0,1%, ce qui est un bon résultat vu qu'elles avaient nettement augmenté lors des deux mois précédents. La Coupe du monde a pu aider à les soutenir (...), même s'il faut noter que les trois matches à élimination directe qui ont suscité un immense intérêt n'ont eu lieu qu'en juillet", a ajouté l'économiste.

BoE attendue au tournant

Les spéculations reprenaient en tous cas de plus belle parmi les économistes pour deviner si la Banque d'Angleterre (BoE) va relever son taux directeur à l'issue de sa prochaine réunion de politique monétaire le 2 août.

Après un premier trimestre difficile cette année au cours duquel le PIB n'a augmenté que de 0,2%, l'économie britannique semble s'être un peu reprise au printemps, d'après plusieurs indicateurs publiés dernièrement par l'ONS, qui publiera le 10 août sa première estimation de la croissance au deuxième trimestre.

Mardi, l'ONS a souligné que le chômage était resté à 4,2% lors de la période de trois mois achevée fin mai, soit son plus bas niveau depuis 1975. Mercredi, elle a fait état d'une inflation stable à 2,4% en juin sur un an.

La BoE pourrait néanmoins tenir compte aussi d'autres éléments, comme les incertitudes pesant autour des conditions du Brexit prévu fin mars 2019 et les menaces portées sur la croissance mondiale par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et d'autres puissances économiques.

Le Royaume-Uni pourrait connaître une croissance poussive de seulement 1,4% en 2018, d'après les nouvelles prévisions publiées lundi par le Fonds monétaire international qui a abaissé de 0,2 point sa prévision concernant l'économie britannique.

afp/rp