RIO DE JANEIRO, 17 août (Reuters) - Six mois après l'envoi des troupes fédérales brésiliennes dans l'Etat de Rio de Janeiro pour y assurer la sécurité, le nombre d'homicides et de personnes tuées dans des confrontations avec la police ont augmenté, montrent des données officielles publiées jeudi.

Ces chiffres suscitent des interrogations sur la stratégie du président Michel Temer, qui a annoncé le 16 février dernier des mesures d'urgence autorisant l'armée à prendre le contrôle des troupes de police dans l'Etat de Rio de Janeiro, théâtre des violences des bandes de narcotrafiquants et de milices.

Depuis la mise en place de ces mesures, il y a eu 3.479 meurtres dans l'Etat de Rio, soit environ 5% de plus que l'an dernier à la même période, selon les données officielles.

Entre février et la fin du mois de juillet, 738 personnes ont été tuées dans des confrontations avec la police, montrent les chiffres examinés par Reuters, soit une augmentation de 35% par rapport à l'année précédente.

Au cours des six derniers mois, 16 policiers ont été tués, soit un de moins que sur la même période en 2017.

Une étude publiée ce mois-ci montre que le nombre d'homicides a progressé de 3,7% l'année dernière au Brésil, pour s'établir à 63.880, un niveau sans précédent.

"C'est très inquiétant, ce scénario, dans lequel les indicateurs les plus sensibles empirent. Nous avons une politique sécuritaire qui aggrave précisément les problèmes engendrant la violence, comme les affrontements armés", a estimé Silvia Ramos, coordinatrice du Centre d'études de sécurité et de citoyenneté de Rio de Janeiro.

La question de la violence est devenue centrale dans la campagne présidentielle en vue du scrutin d'octobre prochain. De nombreux candidats cherchent à mettre en valeur leurs compétences en matière de lutte contre la criminalité, pour s'attirer les voix d'un électorat fatigué par les difficultés économiques et une corruption endémique.

Dans un communiqué, les autorités fédérales ont mis en avant jeudi les catégories de crimes dont les chiffres sont en baisse depuis six mois dans l'Etat de Rio de Janeiro, comme les vols de voitures. (Gabriel Stargardter; Jean Terzian pour le service français)