"Ces quatre acteurs affichent des parts de marché importantes dans leur spécialités respectives et font partie des bénéficiaires de la montée en gamme et de l'accroissement de l'intérêt des consommateurs pour la durabilité", explique Berenberg. A l'exception de TFF, la position dominante des entreprises sélectionnées était plutôt déclinante sur les années précédentes, à cause de la concurrence de matériaux moins chers comme le plastique et l'aluminium. Pour le liège, le vent a déjà commencé à tourner grâce aux progrès technologiques, qui ont remis en selle ce matériau face à ses concurrents. En ce qui concerne le verre, la montée du "plastique bashing" pourrait constituer un soutien, pour l'heure modeste, en particulier dans les segments sous-pénétrés comme l'alimentaire et les boissons non-alcoolisées.

La position des quatre acteurs (Source Berenberg)

Premium et durable : dans l'air du temps

Les quatre entreprises retenues devraient profiter de la montée en gamme de l'industrie des boissons alcoolisées (la fameuse "premiumisation"), qui pousse la qualité plutôt que les volumes. Cela répond à la demande accrue des consommateurs pour les produits haut de gamme et différenciants. "La premiumisation est une tendance favorable pour les quatre entreprises, dans la mesure où le liège, le verre et les tonneaux ciblent tous la partie la plus élevée du marché", souligne l'équipe de recherche constituée de Fraser Donlon et Anna Patrice.

Pour ne rien gâcher, ces entreprises offrent des solutions en phase avec l'appétit pour la durabilité. Un sentiment qui domine, en particulier en Europe. Chacune à leur niveau, ces entreprises opèrent dans l'économie circulaire. Le liège est un produit naturel qui provient d'un secteur à empreinte carbone négative et qui est réutilisable. Le verre est, en théorie, recyclable à l'infini et est largement réintroduit dans le processus de production. Les tonneaux sont produits à partir de bois issu de forêts gérées durablement, et dispose d'une durée de vie longue.

Trois achats

Berenberg recommande trois dossiers à l'achat et un à conserver. Ce dernier est Verallia, fraîchement entré en bourse. Le numéro un du secteur se paie un peu plus cher que son rival espagnol Vidrala. Berenberg préfère attendre un peu compte tenu d'une équipe de management relativement nouvelle et d'objectifs de croissance assez ambitieux, qui semblent déjà intégrés dans les cours. L'accueil boursier de l'ancienne filiale de Saint-Gobain a été plutôt chaleureux. L'espagnol Vidrala offre en revanche un profil plus intéressant aux yeux des analystes, qui qualifient le dossier de "premier de la classe en Europe", dans une industrie où la demande est inférieure à l'offre. Le consensus, prudent, pourrait s'ajuster à la hausse. Il recommande l'achat en visant 98 EUR.

Le bureau d'études aime aussi Amorim (achat, objectif 12 EUR). Avec une part de marché de 27% dans les bouchons de bouteilles et une position de numéro un mondial des produits à base de Liège, son assise est robuste. La forte hausse du prix du liège en 2017 et en 2018 a pesé sur l'Ebitda, mais la situation est en train de s'améliorer, après une belle récolte 2019 et une normalisation des cours. La marge devrait reprendre son ascension d'ici 2021. Enfin, on ne présente plus la pépite TFF, du moins dans les cercles des investisseurs initiés. L'entreprise est un leader mondial des tonneaux pour l'industrie du vin, un secteur avec des barrières à l'entrée élevées. Barrières reflétées dans la marge d'Ebitda de 25% de la division dédiée. Plus récemment, la société a lourdement investi dans le bourbon, alcool qui affiche de belles promesses de croissance et des marges élevées. Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 43 EUR.

Dans un article précédent consacré à l'exportation des vins et spiritueux, nous avions dressé un panorama des acteurs français de la filière.