"Les actions indiennes pourraient afficher des tendances contrastées en 2011, car les performances risquent d'être dictées par les fondamentaux. Certaines sociétés ont bénéficié de la vague de consolidation en 2010 et ont investi dans leur marque et leurs équipements : pour ces dernières, les fondamentaux (et donc les cours de Bourse) devraient s'améliorer", note Sukumar Rajah, directeur de l'investissement en actions asiatiques chez Franklin Templeton Investments.

"Toutefois, d'autres entreprises ont connu une hausse de leur cours tirée principalement par la vigueur de l'activité économique, mais ne reposant sur aucun avantage concurrentiel durable : ces titres pourraient finir par connaître un sort moins favorable. Ces tendances sont particulièrement marquées dans le secteur bancaire."

"Selon nous, la performance des banques indiennes devrait évoluer au gré de quatre facteurs: la croissance globale, la qualité des actifs, les taux d'intérêt et l'interaction entre l'environnement réglementaire et la qualité des équipes dirigeantes. Même si les crédits et les dépôts affichent une croissance soutenue, les banques indiennes font état de tendances divergentes en termes de qualité des actifs, certaines annonçant une amélioration tandis que d'autres observent une détérioration."

"Parallèlement, la hausse des taux d'intérêt génère un certain niveau d'anxiété quant à la viabilité de la reprise. S'agissant de la qualité des équipes dirigeantes, la plupart des banques du secteur privé se sont raisonnablement bien comportées, mais certaines banques publiques se trouvent mêlées à des accusations de corruption. Par conséquent, les performances devraient afficher des tendances contrastées à terme et la hausse homogène des actions bancaires qui s'est opérée ces deux dernières années risque de ne pas se reproduire."

"D'un point de vue global, nous sommes plus confiants dans les banques du secteur privé que dans les établissements publics. Bien que l'Inde dispose de quelques banques publiques bien gérées, le secteur doit résoudre plusieurs difficultés structurelles avant d'offrir un profil attrayant dans une perspective de long terme. La banque centrale indienne (la RBI) est consciente de ces obstacles. Elle doit travailler de concert avec le gouvernement et le système bancaire pour mettre fin à ces problèmes structurels."

"Dans le secteur médical, on a beaucoup parlé d'externalisation des groupes pharmaceutiques, mais la tendance n'est pas nouvelle puisqu'elle existe depuis dix ans (plusieurs marchés internationaux importent désormais des produits pharmaceutiques indiens). Même si certaines sociétés indiennes bénéficient de cette tendance, très peu d'entre elles connaissent une hausse importante de leurs bénéfices tirée uniquement par les exportations. Par conséquent, nous pensons qu'il faudra attendre un certain temps avant que les groupes indiens deviennent des acteurs majeurs du secteur pharmaceutique mondial. En attendant, le statu quo l'emportera et s'accompagnera d'une différentiation au sein-même du secteur."

"Plusieurs groupes pharmaceutiques indiens pourraient bénéficier de leurs exportations, mais ces dernières pourraient connaître une certaine volatilité. Selon nous, le marché intérieur jouera un rôle plus important, car la hausse des revenus par tête et le développement de la classe moyenne devraient générer des opportunités de croissance. Nous pensons donc que les entreprises pharmaceutiques axées sur le marché national sont mieux positionnées pour bénéficier de cette tendance. Dans l'ensemble, le retour aux fondamentaux que nous avons déjà évoqué en 2010 pourrait se prolonger plus longtemps que prévu, et se traduire par la surperformance des sociétés de qualité durant une bonne partie du premier semestre 2011."