"La Fed semble prête à procéder à un atterrissage en douceur, en maîtrisant l'inflation tout en évitant une récession économique. Cela va à l'encontre des théories économiques suggérant que, pour abaisser l'inflation, les banques centrales relèvent les taux pour augmenter les coûts d'emprunt, réduisant ainsi l'activité économique", souligne Nicolas Mougeot, head of investment strategy & sustainability chez Indosuez Wealth Management.

"Malgré cela, alors que l'inflation diminue, l'économie américaine a progressé de 2,5 % en 2023 et pourrait croître de 3,3 % (en variation trimestrielle annualisée au premier trimestre 2024, selon l'indicateur Nowcast du PIB de la Réserve fédérale de New York", ajoute t-il.

Comment expliquer cette force alors que la Fed implémente son resserrement monétaire depuis mars 2022, augmentant ses taux cibles de plus de 5% ?

La clé de cette économie américaine robuste réside dans la résilience de la consommation américaine, soutenue par plusieurs facteurs favorables.

Parmi ces facteurs, il y a la transformation du marché hypothécaire explique Nicolas Mougeot : "Avant la crise de la dette hypothécaire de 2008, les taux hypothécaires variables représentaient environ 30% du marché hypothécaire américain. En 2021, moins de 3% des demandes de prêts hypothécaires concernaient des prêts hypothécaires à taux variable, 85% des prêts hypothécaires en 2022 étant fixés pour 30 ans".

Selon le Bureau of Economic Analysis, le taux d'intérêt effectif sur l'encours de la dette hypothécaire américaine n'est que de 3,8% au même niveau que ceux observés avant la pandémie de Covid-19 et bien inférieur au taux de 7% sur les nouveaux prêts hypothécaires.

"Par conséquent, les consommateurs américains ayant des prêts hypothécaires sont moins sensibles aux fluctuations des taux qu'il y a 15 ans et n'ont peut-être pas modifié leurs habitudes de consommation malgré la hausse de 500 points de base des taux par la Fed", souligne Nicolas Mougeot.