Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne a lancé jeudi une vaste "évaluation de sa stratégie" de politique monétaire, une première depuis 2003, après des années de mesures anti-crise aussi vigoureuses que controversées.

Voici les points discutés, pour des conclusions attendues en fin d'année.

Objectif d'inflation

Tous les regards des spécialistes seront braqués sur la redéfinition de la "stabilité des prix", seul mandat fixé à l'institut par les traités européens, qui commande donc son action.

Depuis 2003, la BCE interprète cette expression en visant un niveau d'inflation "inférieur, mais proche de 2%" en zone euro, relevant ou abaissant ses taux pour, respectivement, freiner ou stimuler l'économie.

Mais malgré son arsenal de mesures de soutien, la BCE échoue depuis sept ans à ramener l'évolution des prix à ce niveau censé favoriser l'investissement et l'emploi.

Or les réponses apportées à une inflation trop faible "sont différentes de celles imposées par une inflation trop élevée", qui sévissait encore il y a vingt ans, souligne la BCE dans un communiqué.

L'institution n'en dit pas plus à ce stade mais selon les économistes, l'objectif pourrait intégrer l'idée de "symétrie": la hausse des prix pourrait ainsi dévier d'un côté comme de l'autre autour d'un pivot à 2%, sans que la BCE n'ajuste immédiatement sa politique.

Intégrer le changement climatique

La revue stratégique "étudiera également comment d'autres considérations, en rapport avec la stabilité financière, l'emploi et le développement durable, peuvent être prises en compte dans le cadre du mandat de la BCE", énumère le communiqué de l'institution.

En termes plus directs, Mme Lagarde a prévenu devant la presse du "danger de ne rien faire" pour protéger le climat, thème qu'elle défendait avant même de prendre ses fonctions début novembre.

Une piste évoquée par les analystes serait de "verdir" les rachats d'obligations publiques et privées, le fameux "QE" par lequel la BCE a engagé plus de 2.600 milliards d'euros depuis 2015 pour soutenir l'économie, en l'orientant vers des titres respectant des critères environnementaux.

Le président de la puissante Bundesbank y est cependant publiquement opposé.

Autre levier possible: l'aménagement des règles de refinancement des banques à son guichet, favorisant les établissements apportant comme garanties des actifs qui ne sont pas liés aux activités les plus polluantes.

Effets secondaires

Le Conseil des gouverneurs "va évaluer l'efficacité et les effets secondaires potentiels de la gamme d'instruments de politique monétaire conçus au cours des dix dernières années", explique encore le communiqué.

Cette réflexion prend en compte les nombreuses critiques, particulièrement en Allemagne, qui entourent les taux historiquement bas ainsi que les rachats de dette. On reproche notamment à cette politique de pénaliser les épargnants et de gonfler les prix des actifs financiers et de l'immobilier, favorisant la création de bulles.

Le Conseil des gouverneurs, enfin, va "revoir sa communication", trop jargonneuse selon Mme Lagarde et pimentée avant son arrivée de querelles entre clans opposés.

afp/rp