Le moment tant attendu est donc arrivé. Enfin si vous vous intéressez un peu à la finance, parce que sans ça, il y a beaucoup d'autres moments plus sympa à attendre aujourd'hui. Attendre d'aller se baigner, se balader en montagne, l'apéro, un câlin ou de gagner au loto par exemple. Les financiers, eux, ils attendent que le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, entérine définitivement cet après-midi le changement de politique monétaire de l'institution, qui va commencer à réduire ses taux d'intérêts à partir du mois de septembre. Tout concourt à scénographier l'événement. La date, avant la reprise d'activité post-congés d'été. Le lieu, le symposium de Jackson Hole au Wyoming, rendez-vous annuel des banquiers centraux. Les conditions macroéconomiques, avec une inflation qui se réduit et une activité économique qui a besoin d'un coup de fouet. Il n'y aura pas de décision à proprement parler aujourd'hui, mais tout le monde s'attend à un renforcement de la conviction la plus forte du marché vers un niveau proche de 100%. Mais attention, le discours ne sera pas plat ou inutile pour autant, comme je vais tenter de l'expliquer un peu plus bas.

Mais avant tout et pour comprendre ce qui se joue actuellement, il faut faire un bond en arrière de 16 ans, ce qui ne nous rajeunit pas, surtout vous. Les taux directeurs américains sont restés proches de 0 entre la fin 2008 et la fin 2015, pour permettre à l'économie de se redresser après le choc de la crise des subprimes. Ils sont ensuite remontés jusqu'à 2,5% entre décembre 2015 et juillet 2019. Avant de baisser à nouveau entre août 2019 et mars 2020, pour redescendre à 0. A l'époque, il fallait gérer l'urgence des dégâts de la pandémie. A partir de mars 2022, la banque centrale a dû remonter ses taux à grande vitesse pour lutter contre une inflation galopante. Ils sont passés de la fourchette "0 à 0,25%" à "5,25 à 5,50%" en 15 mois, ce qui est un rythme ultra-violent. Depuis la fin du mois de juillet 2023, le loyer de l'argent a plafonné dans cette fourchette "5,25 à 5,50%". Ce niveau qui perdure depuis plus d'un an a permis à la Fed d'obtenir un équilibre satisfaisant entre jugulation de l'inflation et maintien d'une activité économique correcte. Maintenant que la surchauffe des prix a l'air de se calmer et que l'activité bat un peu de l'aile, il est temps de réinjecter des liquidités dans le circuit en réduisant le coût du financement.

Si tout se passe comme prévu, la Fed devrait donc procéder le 18 septembre, lors de sa prochaine réunion, à la première baisse de taux américains depuis mars 2020, en ramenant la fourchette à "5 à 5,25%". Les paroles de Powell aujourd'hui, les actes le 18 septembre, donc. Ce qui fait dire à certains économistes que ce discours de Jackson Hole est presque un non-événement. Les objecteurs de conscience soulignent malgré tout que le président de la Fed pourrait être tenté de conserver un discours prudent, histoire d'éviter que les investisseurs n'ouvrent les vannes en grand. En jouant les tristes sires, il pourrait aussi réancrer les attentes de baisses de taux futures sur un rythme plus crédible. Car la banque centrale a l'air de songer à deux baisses de taux cette année, trois à l'extrême limite, pendant que les bookmakers du marché tiennent trois pour acquises et rêvent de quatre. La cadence de l'assouplissement monétaire est d'ores et déjà le véritable enjeu pour les actions et les obligations. Quand les financiers tiennent quelque chose pour acquis, en l'occurrence le retour à un cycle de baisse des taux, ils anticipent la suite. Le débat va donc rapidement se reporter sur la question de savoir à quelle vitesse l'argent va redevenir meilleur marché. C'est important parce que ça conditionne la tectonique des stratégies financières, en particulier sur les actions. Baisse de taux et atterrissage économique en douceur sont censés être un terreau fertile pour l'automobile, l'énergie, les foncières, les valeurs décotées par exemple, et un contexte moins favorable à la technologie, aux valeurs de croissance ou aux stratégies momentum. Hier, les indices actions ont appuyé sur le frein aux Etats-Unis en évitant de venir titiller leurs records avant le fameux discours. Un certain attentisme est encore attendu aujourd'hui jusqu'à 16h00 heure de Paris, quand Powell entrera dans la danse.

Dans l'actualité politique, Kamala Harris a officiellement accepté l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine. L'expression "candidate potentielle" va donc pouvoir être raccourcie, pour le plus grand bonheur des spécialistes de la titraille de presse qui n'auront plus à couper dans des phrases à rallonge. Côté société, ça bouge à l'est du lac de Genève, puisque Nestlé fait sa révolution en remplaçant son directeur général Mark Schneider, en poste depuis huit ans, par Laurent Freixe, pur produit du sérail. Le pétrole, l'or et le dollar ont inversé hier des tendances bien ancrées sur les séances précédentes. Le dollar a un peu rebondi, l'or noir aussi, pendant que le métal précieux repassait sous la barre des 2500 USD l'once.

En Asie Pacifique, le marché japonais termine sur une note légèrement positive, ce qui aboutit à une performance hebdomadaire relativement neutre. Le yen reste vigoureux, d'autant que le chef de la banque centrale japonaise a réitéré son biais en faveur d'une poursuite de la normalisation de la politique monétaire, synonyme au Japon de hausse de taux et non de baisse, comme c'est généralement le cas ailleurs. En Chine, les gains de 0,3% du CSI300 sont contrebalancés par la baisse de 0,3% du Hang Seng. La Corée du Sud, l'Inde, Taiwan et l'Australie bouclent autour de l'équilibre. Les indicateurs avancés occidentaux sont légèrement positifs.

Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,2% à 7539 points. Le SMI perd 0,5% à 12 242 points, lesté par Nestlé. Le Bel20 recule de 0,05% à 4109 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débute avec l'indice de confiance des affaires en France (8h45). Aux Etats-Unis, les ventes de logements neufs et la conférence de Jerome Powell à Jackson Hole suivront (16h00). Tout l'agenda ici.

Les principaux changements de recommandations

  • Accelleron : Kepler Cheuvreux passe d'acheter à conserver en visant 47 CHF.
  • Aegon : Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours relevé de 4,30 à 4,80 EUR.
  • Alfen : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 20 à 16 EUR.
  • ArgenX : JP Morgan maintient son conseil de surpondérer et relève l'objectif de cours de 470 à 570 EUR.
  • Cts Eventim : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 74 à 80 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 99 à 101 EUR.
  • Demant : Jefferies dégrade sa recommandation de sousperformance à conserver avec un objectif de cours de 275 DKK.
  • Evotec : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 16 à 12 EUR.
  • Galenica : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 80 à 77 CHF.
  • HMS Networks : ABG Sundal Collier améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 435 SEK à 500 SEK.
  • ISS A/S : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 155 DKK à 130 DKK.
  • K+S AG : Baader Helvea passe d'accumuler à vendre avec un objectif de cours réduit de 18 EUR à 7,50 EUR.
  • KBC Groupe : Autonomous Research maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 82,50 à 85 EUR.
  • Lottomatica : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 14,50 à 16 EUR.
  • Olvi Oyj : Carnegie Group passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 36 EUR à 34 EUR.
  • Rexel : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 20,30 à 18,10 EUR.
  • Safran : DZ Bank AG Research maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 215 à 221 EUR.
  • Sensirion Holding : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 66 à 72 CHF.
  • Siegfried : Vontobel reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1030 à 1250 CHF.
  • Smiths Group : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 1850 GBX.
  • Subsea 7 : Carnegie Group passe de l'abandon de la couverture à l'achat avec un objectif de cours de 250 NOK.
  • Swiss Re : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 129,20 à 135 CHF. HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 135 à 130 CHF.
  • Vetoquinol : TP ICAP Midcap maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 114 à 116 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • Le gouvernement italien envoie un ultimatum à Stellantis concernant les fonds de l'UE pour son projet d'usine géante.
  • Ipsos lance une OPA amicale sur l'Allemand infas pour 61,2 M€.
  • Axway boucle son augmentation de capital de 113 M€.
  • Eutelsat Communications et Cable Color renouvellent leur partenariat.
  • L'OL (Eagle Football) transfère Mamadou Sarr au RC Strasbourg pour 10 M€.
  • Drone Volt espère livrer une trentaine de drones Hercules 20 au T3.
  • Les principales publications du jour : AbionyxLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D'Europe

  • Le français Laurent Freixe va succéder à Mark Schneider aux commandes de Nestlé.
  • BMW dépasse Tesla dans les ventes de VE en Europe pour la première fois, selon un rapport.
  • Infineon accepte de payer 837 millions de dollars pour régler le litige avec Qimonda.
  • AP Moller Maersk envisage des plans d'urgence en cas de fermeture des réseaux ferroviaires canadiens, mais continue à prendre des réservations.
  • AstraZeneca avertit du risque de délocalisation de la production de vaccins du Royaume-Uni vers les États-Unis, selon le FT.
  • Getinge rachète Paragonix Technologies pour environ 477 millions de dollars.
  • Siemens AG négocie la vente de son unité de logistique aéroportuaire avec Vanderlande (Toyota Industries).
  • DiaSorin annonce l'annulation de la sanction administrative imposée par la CONSOB.
  • Les principales publications du jour : ALK-Abello, VGP

D'Amérique du Nord

  • Apple va mettre à jour les options de son navigateur dans l'UE et rendre plus d'applications supprimables.
  • L'investisseur activiste Starboard Value demande au conseil d'administration d'Autodesk d'évaluer le CEO après des problèmes comptables.
  • Vail Resorts lorgne la station grisonne de Laax.
  • Intuit dépasse les attentes, mais le titre réagit peu.
  • Peloton, prudent sur le court terme, flambe après avoir fait part d'ambitions élevées en 2025.
  • Leqembi, médicament d'Eisai et de Biogen contre la maladie d'Alzheimer, reçoit l'approbation de la MHRA en Grande-Bretagne.
  • Les pilotes d'Air Canada votent pour donner au syndicat un mandat de grève, selon CBC.
  • Zenas BioPharma, dont Bristol-Myers Squibb est actionnaire, dépose une demande d'introduction en bourse aux États-Unis.
  • Les principales publications du jour : Ubiquiti

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

  • Des entités chinoises se tournent vers le cloud d'Amazon et ses rivaux pour accéder aux puces américaines haut de gamme et à l'IA.
  • Alibaba obtient le feu vert de ses actionnaires pour passer à une cotation primaire à Hong Kong.
  • Le bénéfice S1 de Ping An Insurance augmente de 7%, le revenu d'exploitation progresse de 1%.
  • Kioxia prépare son IPO à Tokyo, selon Nikkei.
  • Les principales publications du jour : China Petroleum & Chemical Corporation, Zijin Mining, CRRC

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures