La perspective de fusions transfrontalières a donné un coup de projecteur sur les opérateurs de la zone Asie-Océanie et soutenu le cours de l'australien ASX, visé par une offre du Singapore Exchange (SGX).

Deutsche Börse a annoncé mercredi être en discussions avancées en vue de racheter Nyse Euronext, une opération qui donnerait naissance au premier opérateur boursier mondial.

Le titre Deutsche Börse gagnait 5,66% vers 12h50 GMT.

L'annonce de ces pourparlers est intervenue peu après celle du rachat de la Bourse de Toronto par la Bourse de Londres. Une première vague de rapprochements internationaux était intervenue en 2006 et 2007.

PRESSION CONCURENTIELLES SUR LES BOURSES D'ASIE

Après être restées à l'écart des précédentes vagues de concentration, les Bourses d'Asie et d'Océanie pourraient prendre à leur tour le train de la consolidation sous peine d'être trop sévèrement concurrencées par les nouveaux partenariats qui se dessinent.

"En raison des changements dans le paysage des marchés financiers, HKEx examinera les occasions d'alliances, de partenariats et autres relations au niveau international, présentant des avantages stratégiques convaincants, compatibles avec son centrage sur les marchés en Chine", a déclaré jeudi Hong Kong Exchanges and Clearing.

La Bourse chinoise annonce pour l'instant n'avoir rien identifié de particulier.

Singapore Exchange (SGX), la Bourse de Singapour, a déposé à l'automne dernier une offre de 7,9 milliards de dollars sur son homologue australien ASX, mais l'offensive s'est jusqu'à présent heurtée à plusieurs obstacles, politiques notamment.

TENDANCE MONDIALE

SGX a jugé que les fusions des Bourses de Londres et Toronto et de Nyse Euronext et Deutsche Börse reflétaient bien cette tendance à la consolidation dans le secteur.

"Les derniers développements soulignent la pertinence des rapprochements et le mérite des groupes élargis", a déclaré le directeur général de Singapore Exchange dans un communiqué.

"La consolidation des Bourses est une tendance mondiale qui ne devrait que s'accélérer", a ajouté Magnus Bocker.

"Au vu des nombreuses fusions réalisées sur le marché mondial dernièrement, l'Australie devrait accepter l'idée d'intégrer un groupe plus important", explique Magdalene Choong, analyste chez Phillip Securities, qui souligne également que c'est "la réalité du monde d'aujourd'hui."

Le rachat d'ASX devrait prendre du temps, SGX ayant besoin du feu vert des autorités de régulation et des parlementaires australiens.

ASX a fini en hausse de 4,66% et Singapore Exchange a pris 0,48%.

En revanche, HKEx a clôturé en baisse de 4,9%, un plus bas depuis mai 2009, avec un volume d'échanges au plus haut depuis fin 2008. Un recul qui reflète la crainte des investisseurs que ces opérations de fusions n'intensifient la concurrence. Les marchés de cette Bourse réalisent 1.500 milliards de dollars en volumes d'échanges.

HKEx, qui a une capitalisation boursière d'environ 24,4 milliards de dollars, a connu jusqu'ici une activité suffisamment soutenue pour ne pas avoir eu besoin de fusionner.

La Bourse de Tokyo semble vouloir rester à l'écart du mouvement. Interrogé par des journalistes à ce sujet, son directeur général Atsushi Saito a expliqué que rien de tel n'était prévu.

"Pour l'heure, nous ne discutons avec personne", a-t-il déclaré.

Selon l'agence Kyodo, Atsushi Saito a ensuite déclaré qu'une fusion avec l'opérateur régional Osaka Securities Exchange était "théoriquement possible".

La Bourse malaise a dit de son côté qu'elle était ouverte à d'éventuelles collaborations, tandis que la Bourse philippine disait observer de près l'évolution de cette tendance mondiale au rapprochement.

La semaine dernière, les Bourses malaise, philippine, singapourienne et thaïlandaise avaient annoncé un plan pour mettre en place des corridors d'échanges entre leurs différents marchés pour obtenir une plate-forme d'échanges internationale de leurs titres cotés d'ici la fin de l'année.

La Bourse de Thaïlande a par ailleurs annoncé qu'elle prévoit d'être cotée d'ici 2012.

Michael Smith et Saeed Azhar, Nicolas Delame et Catherine Monin pour le service français, édité par Danielle Rouquié et Benoît Van Overstraeten