Dans un communiqué sur la réforme du secteur financier, le ministère de l'Economie précise que les banques devront augmenter leurs provisions face aux pertes d'un montant compris entre 35% et 80%, selon le type d'actifs posant des problèmes.

Madrid a précisé qu'aucun argent public ne serait utilisé pour la réforme bancaire. Les banques ont jusqu'à la fin de l'année pour relever leur niveau de provisions.

Toutefois, les banques impliquées dans une fusion ou sur le point de l'être auront deux ans pour se conformer aux nouvelles exigences en matière de provisions.

Le but de cette réforme est justement de déclencher une nouvelle vague de concentration dans le secteur afin de mettre sur pied, quatre ans après l'éclatement de la bulle immobilière, des banques plus solides et de restaurer la confiance vis-à-vis de l'Espagne, qui pourrait encore être victime de la crise de la dette de la zone euro si jamais celle-ci devait s'aggraver.

"Le système bancaire espagnol sortira renforcé de ce processus, avec des banques moins nombreuses mais plus solides, ce qui voudra dire que les prêteurs espagnols figureront parmi les plus sains de l'Union européenne", souligne le ministère de l'Economie.

Arrivé au pouvoir en décembre, le nouveau gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy s'est engagé à restructurer le secteur bancaire du pays une fois pour toutes.

Madrid veut notamment que les banques espagnoles puissent retrouver un accès au marché interbancaire, dont elles sont pour l'essentiel exclues depuis le premier plan de sauvetage de la Grèce, décidé en mai 2010.

LE GOUVERNEMENT RAJOY DANS LES PAS DE CELUI DE ZAPATERO

Dans le détail, les banques doivent mettre de côté des provisions, prélevées sur leurs résultats, représentant un total de 25 milliards d'euros pour l'ensemble du secteur, a précisé lors d'une conférence de presse le ministre de l'Economie Luis de Gindos.

En outre, les banques doivent provisionner l'équivalent de 20% de la valeur comptable de projets immobiliers non développés et l'équivalent de 15% de développements non terminés, ce qui représente un total de 15 milliards pour le secteur. Cela pourra être constitué à partir des bénéfices, d'augmentations de capital ou d'obligations convertibles en actions.

Pour les prêts immobiliers ne présentant aucun problème, les banques doivent constituer une provision générique de 7% prélevée sur les résultats, ce qui représentera les 10 milliards d'euros restants sur le total de 50 milliards.

L'Etat viendra en aide aux établissements éprouvant des difficultés à se conformer à ces nouvelles exigences via des actions convertibles. Si une banque ne réussit pas à rembourser dans les temps les fonds publics prêtés, elle sera nationalisée.

Le précédent gouvernement, socialiste, de José Luis Rodriguez Zapatero, avait obligé quelque 45 caisses d'épargne régionales, les "cajas" - pour la plupart très exposées à des mauvaises créances après l'effondrement du marché immobilier en 2007 - à fusionner entre elles et à lever des capitaux, brandissant la menace de la nationalisation pour celles qui ne se plieraient pas à ses directives.

Avec les mesures d'austérité prises par les deux gouvernements successifs pour éviter à l'Espagne d'être emportée par la crise de la dette, un taux de chômage qui atteint 23% de la population active et une probable entrée en récession de la quatrième puissance économique de la zone euro - la deuxième en quatre ans - les prêts des banques n'augmentent pas.

Mais leurs pertes potentielles sont tellement élevées - de 176 milliards d'euros selon la Banque d'Espagne soit 18% du PIB du pays - que les marchés ne sont pas susceptibles de refaire immédiatement confiance au secteur.

La banque la plus menacée par la réforme bancaire est Bankia, le fruit de la fusion de sept "cajas" devenue la quatrième banque du pays, qui est particulièrement exposée au secteur immobilier.

L'établissement, qui a déjà reçu 4,5 milliards d'euros d'aide publiques, a en portefeuille 41 milliards d'euros de prêts à des promoteurs et 11 milliards de biens immobiliers ayant été saisis.

Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Danielle Rouquié

par Sonya Dowsett