par Andrés González et Richard Martin

BARCELONE, 18 août (Reuters) - La police espagnole a annoncé avoir tué dans la nuit de jeudi à vendredi à Cambrils, station balnéaire de Catalogne, les auteurs d'une "attaque terroriste", quelques heures après la mort de 13 personnes fauchées en plein coeur de Barcelone par une fourgonnette.

Quatre suspects ont été tués par les forces de l'ordre à Cambrils et un cinquième a été grièvement blessé, a dit une porte-parole de la police.

Les autorités espagnoles n'ont pas officiellement établi de lien entre cette fusillade et l'attaque à la fourgonnette, dont le conducteur s'est enfui à pieds selon des témoins.

Cette attaque à la fourgonnette jeudi après-midi sur les Ramblas, l'une des avenues les plus touristiques de Barcelone, a été attribuée au "terrorisme djihadiste" par le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et elle a été revendiquée par l'organisation Etat islamique.

Elle a fait plus de 100 blessés parmi lesquels certains sont grièvement touchés, ce qui fait craindre aux autorités que le bilan ne s'alourdisse.

Cette course meurtrière d'un véhicule projeté sur des piétons rappelle les attaques commises depuis un peu plus d'un an à Nice, Londres, Berlin ou Stockholm, qui ont fait au total plus de 100 morts.

Avant son intervention à Cambrils, la police catalane a annoncé l'arrestation de deux individus, un Marocain et un homme originaire de Melilla, enclave espagnole en Afrique du Nord, à Ripoll et à Alcanar, deux autres villes de Catalogne. Aucun de ces deux hommes n'est le conducteur.

Toujours à Alcanar, une explosion liée à l'attaque de Barcelone est survenue tôt jeudi matin dans une maison, faisant un mort et un blessé selon la police.

ZIGZAGS

D'après une source policière catalane, les habitants de cette maison préparaient des explosifs à l'aide de bonbonnes de gaz.

Lors d'un autre incident, dont on ignore s'il est lié à l'attaque à la fourgonnette, la police a abattu un homme qui avait précipité sa voiture sur un barrage routier à Barcelone.

Des témoins ont rapporté que la fourgonnette avait descendu la célèbre avenue des Ramblas à partir de la place de Catalogne en zigzaguant dans la foule, fauchant ou projetant dans les airs piétons et cyclistes. Les corps jonchaient le sol sur son passage.

L'organisation Etat islamique a revendiqué cette attaque via son organe de communication Amak. "Les auteurs de l'attaque de Barcelone sont des soldats de l'Etat islamique et ont mené une opération en réponse aux appels à cibler les Etats membres de la coalition", écrit Amak, en référence à la coalition internationale luttant contre l'EI en Irak et en Syrie.

L'Espagne a déployé plusieurs centaines de militaires en Irak pour participer à la formation des forces locales mais il ne s'agit pas de troupes combattantes.

La France, par la voix d'Emmanuel Macron, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie ou encore le Vatican ont exprimé leur solidarité à l'égard de l'Espagne, qui n'avait plus connu d'attentat aussi meurtrier depuis les explosions dans des trains de banlieue qui ont fait 191 morts et plus de 1.800 blessés en mars 2004 à Madrid.

Mariano Rajoy a annoncé trois jours de deuil national.

"Ce sont des assassins, rien de plus que des criminels qui ne nous terroriseront pas. Toute l'Espagne est Barcelone", a réagi le palais royal sur Twitter.

Les statistiques officielles montrent que, avant l'attaque de jeudi, la police avait jusqu'à présent arrêté 11 djihadistes présumés dans la région de Barcelone depuis le début de l'année, plus que nulle part ailleurs en Espagne. (Avec la rédaction de Madrid; Bertrand Boucey pour le service français)