Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi, encore fragilisées par la récente envolée des rendements obligataires, qui s'accentue en Italie, et par la chute des places chinoises liée aux inquiétudes concernant l'impact sur la croissance de la Chine de ses tensions commerciales avec les Etats-Unis.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 1,10% à 5.300,25 points. Le Footsie britannique a reculé de 1,16% et le Dax allemand de 1,36%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,07%, le FTSEurofirst 300 1,13% et le Stoxx 600 1,12%, terminant à un creux d'environ six mois.

La Bourse de Milan a perdu 2,43%, après avoir touché son plus bas niveau depuis avril 2017 face à la montée des tensions entre Rome et Bruxelles.

Les valeurs bancaires italiennes ont chuté, les rendements des obligations de la péninsule ont encore gagné du terrain et l'euro s'est affaibli.

L'Italie ne cédera pas aux pressions des marchés et ne reviendra pas sur ses décisions budgétaires, a réaffirmé lundi le vice-président du Conseil Matteo Salvini face à la "grave inquiétude" exprimée par la Commission européenne à ce sujet la semaine dernière.

Les inquiétudes des investisseurs face à la hausse des taux américains, à la montée du protectionnisme, auxquelles s'ajoutent les tensions croissantes au sein de la zone euro autour du budget italien, ont entraîné une forte baisse des actions qui ont reculé globalement de 2% dans le monde depuis début octobre.

Pris au dépourvu la semaine dernière par la vive remontée des rendements des Treasuries, les investisseurs ont dû faire face lundi à un regain de tensions sur le commerce entre les Etats-Unis et la Chine qui a fait chuter les Bourses chinoises pour leur réouverture après une semaine fériée.

 

VALEURS

Le regain de tension sur les taux italiens a pesé sur les banques italiennes dont l'indice sectoriel a chuté de 3,71% et sur l'ensemble des secteurs financier (-1,66%) et bancaire (-1,37%) en Europe.

Les inquiétudes sur le front commercial ont plombé le compartiment automobile (-1,43%), très sensible à l'évolution des droits de douane.

Le secteur des technologies a abandonné 1,99% dans la foulée du repli du compartiment vendredi soir à Wall Street, qui se prolonge ce lundi, dans l'inquiétude sur les niveaux de valorisation de ces valeurs.

Le secteur pétrolier (-1,65%) a été affecté par le repli du brut. A Paris, Vallourec a perdu 3,62% et TechnipFMC 2,28%.

La plus forte baisse du Stoxx 600 a été pour la fintech allemande Wirecard (-12,06%), sous l'effet de facteurs techniques après une hausse de 78% depuis le début de l'année. Le spécialiste des paiements en ligne a remplacé le mois dernier Commerzbank dans l'indice Dax-30.

Les fabricants européens d'appareils auditifs ont baissé après le feu vert aux Etats-Unis à la commercialisation d'un produit concurrent et novateur de l'américain Bose, programmable par une application sur smartphone.

William Demant et Sonova Holding, les deux leaders du marché, ont perdu respectivement 10,64% et 8,68%.

 

A WALL STREET

A la clôture des marchés en Europe, les principaux indices de Wall Street perdent entre 0,65% et 1,3%, affaiblis par la retombée du pétrole et des inquiétudes sur les valorisations à l'approche de la saison des résultats. L'envolée des rendements la semaine dernière, à un pic de sept ans sur le titre à 10 ans, a refroidi l'appétit pour le risque. Le marché obligataire américain est fermé ce lundi pour Columbus Day.

Malgré la baisse de Wall Street la semaine dernière, les investisseurs restent préoccupés par le niveau élevé des valorisations et les publications de résultats du troisième trimestre feront office à cet égard de test de vérité.

General Electric poursuit sa hausse et gagne 2,5% à la suite d'un relèvement de recommandation de Barclays qui est passé à "surpondérer" sur la valeur, estimant que le nouveau directeur général du groupe, Larry Culp, sera mieux à même de mener une restructuration d'envergure.

 

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, le moral des investisseurs s'altère plus que prévu en octobre en zone euro, conséquence des incertitudes budgétaires italiennes et des nouvelles normes anti-pollution qui s'imposent au secteur automobile.

 

CHANGES

L'euro, affaibli par les tensions autour de l'Italie, abandonne 0,4% autour de 1,1470 dollar, près de son plus bas niveau depuis le 20 août.

La livre sterling s'est repliée sous le coup de prises de profits après sa récente hausse liée à un regain d'optimisme autour du Brexit.

La chute des actions relance la demande de dollars dans un repli vers les actifs moins risqués. L'indice dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, gagne 0,3% environ.

La devise chinoise a terminé à son plus bas niveau de clôture en sept semaines, à 6,9315 yuan pour un dollar.

Plutôt que de rassurer, l'intervention de la banque centrale chinoise, qui a réduit d'un point le taux des réserves obligatoires, a souligné les inquiétudes des autorités sur l'impact des tensions commerciales.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo est en visite lundi à Pékin, mais les échanges avec le ministre chinois des Affaires étrangères ont été extrêmement tendus devant la presse.

 

TAUX

La fermeture du marché obligataire américain ce lundi pour Columbus Day offre un répit après la vive remontée des derniers jours qui a porté le rendement des Treasuries à dix ans à 3,248%, au plus haut depuis mai 2011.

En Europe, les critiques de la Commission européenne sur le budget italien ont propulsé les rendements de la dette souveraine du pays à de nouveaux pics de quatre ans et demi, tandis que les rendements des autres Etats membres de la zone euro se sont généralement détendus.

 

PÉTROLE

Les cours du brut sont orientés en baisse alors que les Etats-Unis ont semblé assouplir leur position sur les sanctions à venir sur les importations de pétrole en provenance de l'Iran. Un responsable de l'administration Trump a indiqué vendredi que Washington pourrait envisager des exemptions pour les pays ayant déjà fait des efforts pour réduire leurs importations de pétrole iranien.

Toutefois, la baril a réduit ses pertes dans un regain d'espoir que le Chine prenne des mesures de relance.

Le baril de Brent se traite autour de 83,50 dollars, après avoir touché un plus bas de 82,66 dans la journée et un pic à plus de 86 la semaine dernière. Le brut léger américain se traite à 73,92 dollars, après un creux de 73,07 dans la journée et un pic de près de 77 il y a quelques jours.

Les Etats-Unis sont "engagés dans un processus interne" visant à envisager des dérogations pour les pays qui réduisent leurs importations de pétrole iranien, a annoncé vendredi un représentant du gouvernement américain.

 

AU BRÉSIL

La Bourse de São Paulo et le real grimpent fortement à la suite des résultats du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne qui donne le candidat de l'extrême droite Jair Bolsonaro largement en tête avec 46,3% des voix.

"A court terme, les marchés brésiliens vont poursuivre leur récent rally en réaction à la nouvelle, le marché ayant craint le retour d'un candidat du parti de gauche PT à la présidence. Mais, même si les marchés saluent sans aucun doute à court terme le premier tour des élections, les perspectives du Brésil semblent très compliquées au-delà", écrit Fidelity International. "Dans l'hypothèse d'une victoire de Bolsonaro au second tour, nous pensons que l'euphorie retombera vite, malgré son pragmatisme budgétaire. Ses positions controversées d'extrême droite seront difficiles à faire passer étant donné la faible présence de son parti PSL, tant au Sénat (5% des sièges) qu'à la chambre basse (10% des sièges).

 

(Édité par Véronique Tison)

par Juliette Rouillon