* Les Vingt-Sept souhaitent accroître le soutien à Kyiv

* Les revenus des actifs russes gelés pourraient rapporter jusqu'à EUR3 mds par an

* Aucune décision définitive ne devrait être prise lors du sommet

* La guerre à Gaza, la défense et les manifestations d'agriculteurs également au programme des discussions

*

BRUXELLES, 21 mars (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne discuteront jeudi d'une proposition visant à utiliser les milliards d'euros provenant des avoirs russes gelés pour permettre à l'Ukraine d'acheter des armes, afin d'aider Kyiv dans sa lutte contre l'invasion russe.

Les Vingt-Sept débattront également de la manière dont l'Europe peut faire davantage pour se défendre et stimuler son industrie de l'armement.

Lors d'un sommet de deux jours organisé à Bruxelles, ils aborderont également des sujets aussi divers que la guerre à Gaza, la perspective d'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE avec la Bosnie ou les manifestations des agriculteurs.

Le président ukrainien, Volodimir Zelensky, interviendra lors du sommet par visioconférence.

Les dirigeants européens ont fait part ces dernières semaines de leur inquiétude au sujet de la guerre en Ukraine, alors que l'armée ukrainienne, privée depuis des mois du soutien des Etats-Unis en raison de l'obstruction des élus républicains au Congrès, peine à repousser les forces russes, faute de disposer de suffisamment de munitions.

"Alors que la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine est désormais dans sa troisième année, nous sommes à un moment crucial", a écrit le président du Conseil européen, Charles Michel, dans sa lettre d'invitation au sommet.

"Urgence, intensité et détermination sans faille sont impératives."

La Commission européenne a proposé mercredi de verser jusqu'à trois milliards d'euros d'aide chaque année à l'Ukraine provenant des revenus des actifs gelés de la banque centrale russe détenus en Europe.

Le montant total de cette aide dépendra des taux d'intérêts qui influent sur les rendements des actifs russes gelés détenus dans l'UE.

L'Ukraine recevra également les profits de la taxe de 25% que le gouvernement belge impose à ces revenus. En 2024, cette taxe devrait atteindre 1,7 milliard d'euros, et 1,5 milliard d'euros seront versés dès cette année.

La Russie a décrit le projet de l'UE comme du banditisme et du vol.

Des diplomates ont déclaré que l'idée d'utiliser ces revenus pour aider l'Ukraine était populaire auprès des gouvernements de l'UE. Utiliser cet argent pour acheter des armes reste toutefois plus problématique pour certains pays.

LES REGARDS TOURNÉS VERS ORBAN

La réaction du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui conserve des liens plus étroits avec Moscou que les autres chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et s'oppose aux livraisons d'armes à l'Ukraine, sera particulièrement scrutée.

La proposition pose également question pour des pays neutres ou militairement non-alignés comme Malte, l'Autriche ou l'Irlande.

Aucune décision définitive sur cette question n'est attendue lors du sommet, mais les dirigeants devraient toutefois fournir des indications sur le futur de la proposition.

Un projet de déclaration indique que les dirigeants ont "examiné les progrès" concernant l'utilisation des revenus "au profit de l'Ukraine, y compris éventuellement pour financer un soutien militaire" et demande aux organes de l'UE de "faire avancer les travaux".

Il y est également dit que l'UE "s'engage à accroître son état de préparation et ses capacités en matière de défense afin de répondre à ses besoins et à ses ambitions" face à "l'augmentation des menaces et des défis en matière de sécurité".

Le texte appelle aussi les responsables à examiner une proposition de la Commission européenne qui vise à aider l'industrie européenne de la défense à mieux se préparer aux défis majeurs existants et potentiels, notamment en acquérant des équipements de défense de manière collaborative.

Les diplomates se sont par ailleurs efforcés de trouver un équilibre dans le texte qui satisfasse les proches alliés d'Israël - tels que la Hongrie, la République tchèque et l'Autriche - ainsi que les fervents défenseurs des Palestiniens- comme l'Espagne, l'Irlande et la Belgique - au sujet de la guerre à Gaza.

"Le texte que nous avons actuellement est fragile. J'espère que, tout fragile qu'il soit, il subsistera", a déclaré un haut diplomate européen. (Avec la contribution de Gabriela Baczynska, Philip Blenkinsop, John Irish, Nette Noestlinger et Andreas Rinke; version française Camille Raynaud)

par Andrew Gray et Jan Strupczewski