(Actualisé avec nouvelles déclarations, précisions, contexte)

PARIS, 28 août (Reuters) - L'ambassadeur français va rester au Niger malgré les pressions de l'armée qui a pris le pouvoir dans le pays le mois dernier, a déclaré lundi Emmanuel Macron, qui ouvrait la 29e édition de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs.

"Je pense que notre politique est la bonne. Elle repose sur le courage du président (Mohamed) Bazoum, sur l'engagement de notre ambassadeur sur le terrain qui reste malgré les pressions, malgré toutes les déclarations d'autorités illégitimes", a déclaré le président de la République.

La junte au pouvoir au Niger depuis le coup d'Etat du 26 juillet a ordonné vendredi le départ de l'ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, lui donnant 48 heures pour quitter le pays.

A l'instar des récents coups d'Etat au Burkina Faso et au Mali, la prise de pouvoir par les militaires au Niger s'est faite dans un contexte de montée du sentiment anti-français, certains habitants accusant Paris d'interférer dans leurs affaires.

La France a mené depuis 2013 deux opérations militaires dans la région du Sahel - baptisées Serval et Barkhane - afin d'aider les Etats de la région à lutter contre une insurrection armée islamiste. Elle a depuis l'an dernier retiré ses troupes au Mali après le coup d'Etat militaire dans le pays tout en conservant une présence militaire au Niger.

"Si la France n'était pas intervenue, si nos militaires n'étaient pas tombés au champ d'honneur en Afrique, si Serval puis Barkhane n'avaient pas été décidées, nous ne parlerions pas aujourd'hui ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger. Ces Etats n'existeraient plus aujourd'hui dans leur intégrité territoriale", a déclaré lundi Emmanuel Macron.

Face à l'"épidémie" de coups d'Etat dans la région, le chef de l'Etat a plaidé pour une politique reposant "ni sur le paternalisme, ni sur la faiblesse".

Au Niger, "notre politique est simple", a-t-il ajouté. "On ne reconnaît pas les putschistes, on soutient un président qui n'a pas démissionné, au côté duquel nous restons engagés. Et nous soutenons une solution diplomatique, quand elle le décidera militaire, de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, ndlr) dans une approche de partenariat".

Alors que le Mali et le Burkina Faso ont apporté leur soutien aux putschistes nigériens, la Cédéao tente de trouver une issue diplomatique à la crise, tout en préparant une possible intervention armée.

"J'appelle tous les Etats de la région à avoir une politique responsable. Parce qu'il faut être clair, si la Cédéao abandonne le président Bazoum, je pense que tous les présidents de la région sont à peu près conscients du destin qu'il leur sera réservé", a déclaré Emmanuel Macron.

(Rédigé par Bertrand Boucey, Kate Entringer et Blandine Hénault, édité par Kate Entringer)