Madrid a précisé qu'environ 40 milliards d'euros proviendraient de l'aide européenne prévue depuis juin, les banques concernées étant en mesure de lever 19 milliards par leurs propres moyens.

L'audit confié au cabinet privé Oliver Wyman constituait une étape décisive du processus de renflouement du secteur bancaire espagnol, puisqu'il devait déterminer les besoins de capitaux de chacune des 14 principales banques du pays, affaiblies par l'éclatement de la bulle immobilière.

Madrid avait obtenu en juin de ses partenaires européens la mise à disposition d'une ligne de crédit d'un montant maximal de 100 milliards d'euros.

"La toute première estimation du montant final dont nous aurions besoin dans le cadre de la ligne de crédit de 100 milliards d'euros serait inférieure d'un tiers aux besoins de capitaux identifiés par Oliver Wyman", a déclaré vendredi le vice-gouverneur de la Banque d'Espagne Fernando Restoy.

Après l'audit, publié au lendemain de la présentation du projet de budget 2013, le gouvernement Rajoy se rapproche d'une demande formelle d'aide extérieure, elle-même indispensable pour que la Banque centrale européenne (BCE) mette en application le plan de rachat d'obligations souveraines censé faire baisser les coûts de financement des Etats de la zone euro en difficulté.

Le scénario de "crise économique grave" retenu par l'audit pour estimer les besoins maximaux des banques est proche de la réalité, l'Espagne restant confrontée à une récession marquée et à un chômage record.

Les résultats de l'audit sont en ligne avec les chiffres avancés jusqu'à présent et ont été immédiatement salués par la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international.

Sur les marchés, Wall Street réduisait légèrement ses pertes et l'euro était pratiquement inchangé après leur publication.

24,7 MILLIARDS NÉCESSAIRES POUR BANKIA

"C'est un facteur d'incertitude de plus qui disparaît", a commenté David Schnautz, stratège taux de Commerzbank. "On a eu le budget hier et les 'stress tests' aujourd'hui; on attend maintenant de connaître l'opinion des agences de notation."

Moody's est censé publier au plus tard dimanche les conclusions de la revue de la note souveraine qu'elle attribue à l'Espagne, qui tomberait en catégorie spéculative ("junk") en cas de dégradation.

La majeure partie des besoins de fonds propres identifiés par Oliver Wyman, soit 49 milliards, concerne les quatre banques déjà sauvées par Madrid.

A elle seule, Bankia, nationalisée il y a quelques mois, a besoin de 24,7 milliards d'euros pour consolider son bilan selon l'audit.

A l'opposé, les poids lourds du secteur que sont Santander, BBVA et Caixabank n'ont pas besoin d'être renfloués, estime le cabinet.

"Les résultats confirment que le secteur bancaire espagnol est majoritairement solvable et viable", a déclaré le ministère de l'Economie dans un communiqué.

La Commission européenne a précisé que le montant définitif de l'aide que l'Union apportera à Madrid serait déterminé dans les mois à venir sur la base des résultats de l'étude.

Outre Bankia, les banques qui auront besoin d'une recapitalisation sont Banco Popular, Banco Mare Nostrum et la nouvelle entité appelée à naître d'une fusion des caisses d'épargne Ibercaja, Liberbank et Caja 3.

Ces établissements devront préciser en octobre à la Banque d'Espagne comment ils entendent lever par eux-mêmes une partie des fonds nécessaires, par exemple en faisant appel aux investisseurs privés, en cédant des actifs ou en forçant leurs créanciers obligataires à assumer des pertes.

Ces mesures permettraient de réduire les besoins finaux de Madrid.

La fin de l'audit ouvre aussi la voie au transfert d'une partie des actifs à risque du secteur bancaire à une structure de défaisance ou "bad bank" destinée à apurer partiellement les bilans bancaires.

Fiona Ortiz, Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Jesús Aguado et Sonya Dowsett