PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont souffert mercredi d'un regain marqué d'aversion au risque, une forte baisse des cours des matières premières et la chute de ceux des cryptomonnaies étant venues s'ajouter aux craintes d'un retour de l'inflation.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,43% (91,12 points) à 6.262,55 points après avoir cédé brièvement jusqu'à plus de 2,5% en milieu d'après-midi. A Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,19% et à Francfort, le Dax a abandonné 1,77%.

L'indice EuroStoxx 50 a terminé sur une baisse de 1,71%, le FTSEurofirst 300 de 1,53% et le Stoxx 600 de 1,51%.

Au moment de la clôture en Europe, les actions américaines étaient elles aussi en net repli, le Dow Jones se repliant de 1,24%, le Standard & Poor's 500 de 1,08% et le Nasdaq Composite de 0,71%.

L'indice de volatilité du CBOE prenait alors plus de 2,7 points à 24,07, au plus haut depuis une semaine. Ce baromètre de la nervosité des investisseurs reflète notamment le regain d'inquiétude lié à l'inflation qu'ont favorisé mercredi les chiffres des prix à la consommation en avril au Royaume-Uni (+1,6% sur un an), en zone euro (+1,6% également) et au Canada (+3,4%).

Même si ces statistiques traduisent avant tout la forte hausse des prix de l'énergie, elles continuent de faire craindre à une partie des investisseurs un resserrement prématuré des politiques monétaires. Les marchés étudieront donc avec attention le compte rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale attendu à 18h00 GMT.

Ce nouvel accès de volatilité s'explique aussi par la chute du bitcoin et d'autres cryptomonnaies en réaction au durcissement de la réglementation chinoise sur ce marché et par celle des cours des métaux de base - là encore après des annonces de Pékin visant à empêcher des hausses "déraisonnables" - et par celle du pétrole.

VALEURS

En Europe, tous les grands secteurs de la cote ont fini la journée en territoire négatif mais le repli le plus marqué est pour celui des matières premières, dont l'indice Stoxx a perdu 4,1% sur la journée.

Celui du pétrole et du gaz a cédé 2,73%, celui de l'automobile 2,27%, celui de l'industrie 2,2%.

A Paris, ArcelorMittal, lanterne rouge du CAC 40, a abandonné 4,99%, Renault 4,22%.

Le compartiment bancaire, qui surperformait en début de séance grâce à la hausse des rendements, perd 1,67% en clôture après un retournement de tendance sur les marchés obligataires, conséquence d'un repli sur les actifs jugés les plus sûrs.

TAUX

Le rendement du Bund allemand à dix ans a ainsi fini en baisse à -0,111% alors qu'il était monté en matinée à -0,074%, son plus haut niveau depuis deux ans.

Sur le marché américain, celui des Treasuries de même échéance revient à 1,6352% après un pic à 1,671%.

CHANGES

Favorisé lui aussi par son statut de valeur refuge, le dollar est reparti à la hausse face aux autres grandes devises (+0,16%) mais sa progression est limitée par la prudence des cambistes avant les "minutes" de la Fed.

L'euro s'échange autour de 1,2220 dollar

Du côté des cryptomonnaies, le bitcoin chute de 12,27% à 37617,01. En baisse pour la cinquième séance d'affilée, il accuse désormais un repli de plus de 40% par rapport à son record du 14 avril (64.895,22 dollars).

PÉTROLE

Le marché pétrolier amplifie la baisse amorcée mardi, la dégradation de la situation sanitaire en Asie, qui pourrait peser sur la demande, s'ajoutant aux craintes de resserrement des politiques monétaires.

L'annonce d'une baisse des stocks de brut et de carburants aux Etats-Unis, liée à l'arrêt du réseau d'oléoducs de Colonial Pipeline pour cause de cyberattaque, n'a eu quasiment aucune influence sur la tendance.

Le Brent abandonne 3,46% à 66,33 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 3,85% à 62,97 dollars.

MÉTAUX

Les craintes inflationnistes, l'aversion générale au risque et la volonté affichée de la Chine de stabiliser ses marchés de matières premières ont favorisé la baisse des cours des métaux de base: celui du cuivre perd plus de 3,5% et s'achemine vers sa pire séance depuis février, celui du nickel cède plus de 3,7%, celui de l'aluminium près de 4%.

A l'opposé, l'or bénéficie de son statut de valeur refuge et de protection contre l'inflation et gagne près de 1% à 1.884 dollars l'once.

(Marc Angrand)