"La Magyar Nemzeti Bank (MNB, la banque centrale hongroise) et la Banque centrale européenne (BCE) annoncent de concert un accord en vue de venir en aide aux instruments de provision de liquidités en euros de la MNB", déclarent les deux banques centrales jeudi dans un communiqué.

"La MNB et la BCE ont conclu un accord (...) qui prévoit pour la MNB des facilités d'emprunt allant jusqu'à cinq milliards d'euros en vue de soutenir les opérations de la MNB", ajoutent-elles.

Le forint hongrois a gagné plus de 2% par rapport à l'euro après l'annonce de cet accord, à 266,40 pour un euro et reste aux alentours de 262 vers 9h30 GMT. Il était tombé la semaine dernière à 272, un plus bas de deux ans.

La Hongrie subit de plein fouet les effets de la crise financière avec une économie parmi les plus déséquilibrées d'Europe, caractérisée par des déficits élevés, au niveau budgétaire et de la balance des paiements courants, et qu'elle dépend largement des investissements extérieurs.

La dette extérieure brute de l'Etat et des entreprises hongroises a en particulier atteint 89,9 milliards d'euros, soit 93,8% de son PIB, au deuxième trimestre 2008, alors que la dette nette représentait 46,3% du PIB.

Le gouvernement, la banque centrale hongroise et certains grands établissements de crédit du pays ont essayé de rassurer les marchés, affirmant que le système financier était bien capitalisé.

Ces efforts n'ont pas empêché des dégagements sur les actifs libellés en forint, dans des marchés très volatils. La Bourse de Budapest perd jeudi 3,89%, s'inscrivant dans le mouvement de recul des Bourses mondiales.

La Bourse de Varsovie cède 2,6% et celle de Prague 4,6%.

"Cet accord (de la banque centrale hongroise avec la BCE) pourrait améliorer légèrement la situation mais ne sera peut-être pas suffisant pour nous sauver, vu l'ampleur de nos problèmes", estime Gergely Suppan, chez Takarekbank, à Budapest.

Standard & Poor's a placé mercredi sous surveillance, avec implication négative, la note de crédit de la Hongrie et de l'Ukraine, en raison d'une détérioration des conditions financières.

Le ministre hongrois des Finances, Janos Veres, a annoncé de son côté jeudi que Budapest prévoyait de nouvelles mesures pour soutenir ses marchés et que le Fonds monétaire international (FMI) continuait de soutenir les projets du gouvernement.

"Le gouvernement va soumettre au Parlement un nouveau projet budgétaire samedi avec des prévisions économiques entièrement révisées et un objectif de déficit budgétaire de 2,9% du PIB en 2009, a-t-il déclaré à une réunion avec des analystes et des journalistes.

Veres a ajouté que le gouvernement allait réduire ses dépenses pour 2008 de 103 milliards de forints (392 millions d'euros), en taillant essentiellement dans des réserves budgétaires, pour réduire son déficit à 3,4% du PIB cette année, contre un objectif initial de 3,8%.

Le FMI s'est dit prêt à offrir à la Hongrie une assistance financière et technique mais Budapest a déclaré lundi qu'elle ne ferait appel à ce dernier qu'en "dernier recours".

Marc Jones et Balazs Koranyi, version française Benoit Van Overstraeten et Stanislas Dembinski