Les négociants ont déclaré que les achats frénétiques de la Chine sont susceptibles de soutenir les prix mondiaux, qui ont chuté de plus d'un quart cette année - sur la base du prix de référence des contrats à terme de Chicago - en raison de l'abondance de l'offre du principal exportateur, la Russie.
Premier producteur et consommateur mondial de blé, la Chine a acheté environ deux millions de tonnes de blé australien de la nouvelle récolte en octobre, pour des expéditions débutant en décembre, ont déclaré des sources commerciales à Reuters. Elle a également réservé environ 2,5 millions de tonnes de blé français depuis septembre, pour des expéditions en décembre-mars, ont-elles précisé, notant qu'il s'agissait de volumes inhabituellement importants pour cette période de l'année.
Dans l'ensemble, les importations de la Chine en 2023 devraient atteindre environ 12 millions de tonnes, ont déclaré deux négociants basés à Singapour, dépassant le record de 9,96 millions de tonnes de 2022, et l'achat avide devrait se poursuivre en 2024.
"La Chine a eu des problèmes avec la qualité des récoltes cette année et l'Australie, qui est le principal fournisseur de blé de la Chine, va avoir une récolte beaucoup plus petite", a déclaré l'un des négociants de Singapour, qui travaille pour une société internationale qui vend du blé à la Chine.
"Ils achètent autant qu'ils le peuvent et le plus tôt possible. Les approvisionnements vont finir par se resserrer, en particulier en provenance d'Australie", a ajouté le négociant.
La Chine a déclaré que sa récolte de blé avait diminué de 0,9 % cette année pour atteindre 134,5 millions de tonnes, la première baisse en sept ans malgré l'augmentation des surfaces cultivées, après que de fortes pluies aient battu les grains mûrs dans la région centrale clé de la culture juste avant la récolte.
Pékin n'a pas fourni d'évaluation de la qualité de la récolte.
Toutefois, selon les estimations des deux négociants de Singapour et d'un négociant de Sydney, environ 25 millions de tonnes, soit environ 20 % de la récolte chinoise de cette année, ont été endommagées par les pluies. Une partie de ce blé endommagé par les pluies ne pourra servir qu'à l'alimentation animale ou être mélangée à du blé importé de meilleure qualité avant d'être moulue en farine.
Le ministère chinois de l'agriculture n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
Premier producteur mondial de porcs, la société chinoise Muyuan Foods a bénéficié de la disponibilité du blé endommagé par la pluie. Muyuan a déclaré aux investisseurs vendredi que les achats de blé germé, qui se produit lorsque les plantes matures sont mouillées et ne peuvent plus être utilisées pour la mouture, ont contribué de manière significative à la réduction des coûts de production.
"L'Australie a la possibilité de combler le déficit de qualité dont souffre actuellement la Chine, en particulier pour le blé de mouture à haute teneur en protéines", a déclaré Stefan Meyer, courtier en céréales chez StoneX à Sydney.
Alors que la production de blé en Australie, deuxième exportateur mondial, devrait chuter à 26 millions de tonnes métriques, par rapport au record de 39,7 millions de tonnes de la saison dernière, en raison de la sécheresse due au phénomène climatique El Nino, la qualité est meilleure cette année car le temps sec se traduit par une teneur en protéines plus élevée.
Ma Wenfeng, analyste principal au Beijing Orient Agribusiness Consultancy, a déclaré qu'une petite partie de la récolte de blé de la Chine - environ 20 millions de tonnes - n'était pas adaptée à une mouture de haute qualité, bien qu'une partie puisse être utilisée après nettoyage.
M. Ma et d'autres personnes en Chine ont déclaré que les prix attractifs étaient un facteur plus important pour les importations de la Chine.
"Le prix est la raison principale - c'est vraiment bon marché", a déclaré Rosa Wang, analyste à Shanghai JC Intelligence Co Ltd, ajoutant que la Chine examinait probablement les risques météorologiques croissants dans les principaux pays exportateurs et "faisait des préparatifs" pour l'année prochaine.
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Les importations chinoises de blé de janvier à septembre ont bondi de 53,6 % pour atteindre 10,17 millions de tonnes métriques, selon les données douanières, dont 6,4 millions de tonnes en provenance d'Australie et 1,8 million de tonnes en provenance du Canada. Ces chiffres ne tiennent pas compte des commandes passées pour des livraisons futures, comme les récents achats de blé tendre rouge d'hiver américain.
Contrairement à d'autres produits de base, les importations chinoises de blé australien n'ont guère été affectées par les tensions bilatérales entre les deux gouvernements au cours des dernières années. En effet, ces tensions se sont apaisées au cours des derniers mois.
Les achats massifs de Pékin en Australie pourraient contraindre les importateurs rivaux, tels que l'Indonésie et le Japon, à chercher des alternatives en Amérique du Nord et dans la région de la mer Noire, selon les négociants.
Les achats de blé chinois ont stabilisé les prix mondiaux du blé, a déclaré l'un des négociants de Singapour.
"Mais nous nous attendons à ce que les prix augmentent à l'avenir, lorsque la Chine commencera à acheter des volumes plus importants de blé de meilleure qualité en provenance des États-Unis, car l'offre australienne va se resserrer", a déclaré le négociant.
Compte tenu de la baisse de la production australienne, les négociants et les analystes estiment que la Chine devrait importer des volumes nettement plus importants de blé français dans les mois à venir.
"Les États-Unis ayant une récolte de blé de printemps légèrement plus importante, un type de blé qui peut très bien servir d'approvisionnement d'amélioration pour de nombreux importateurs, nous ne serions pas surpris de voir la Chine rechercher du blé de printemps américain et peut-être canadien", a déclaré Jeffrey McPike, un analyste américain de la société de courtage WASDEA Commodities.
