• Les fonds de pension américains se soucient peu de la durabilité de leurs investissements 

Le moins que l’on puisse dire c’est que les fonds de pension américains font peu cas du changement climatique (Financial times). Des chiffres valent souvent mieux qu’un long discours, et ceux-ci ont le mérite d’être parlants : 17% (seulement) des fonds de pension en Amérique du Nord ont pour objectif affiché d’atteindre la neutralité carbone en 2050. C’est moins d’un fond sur 5, même si 8% supplémentaires s’engagent à atteindre zéro émission nette à une date ultérieure. 

Si la prise de conscience commence à se cristalliser timidement à l'échelon de l’UE, (création par la commission européenne du TEG - Technical Expert Group on Sustainable Finance - en 2018), les autorités américaines sont plus réticentes. D’autant que l’administration Trump était particulièrement rétive en ce qui concerne le réchauffement climatique. 

Ainsi, en plus de la nature même de la finance qui historiquement se soucie peu des questions environnementales, le cadre réglementaire est peu incitatif en ce qui concerne l’investissement ESG. Rappelons que l’“US department of Labor” a officialisé le 30 octobre un standard imposant aux fonds de pension de faire passer les intérêts financiers des retraités en premier lors de leurs allocations d’actifs. Il n’est même pas fait mention dans ce texte du terme ESG ou d’un équivalent. Peu d’incitations réglementaires donc pour les fonds de pension américains. Essayons de rester optimistes. Sur le plan de la finance durable, l’administration Biden devrait être beaucoup plus investie que la précédente. De plus, une prise de conscience semble germer dans les esprits des investisseurs institutionnels comme le montre une enquête menée par Aviva Investors. 

Question : Votre organisation s'est-elle engagée à atteindre la neutralité carbone ?

Copie d’écran de l’article dédié du Financial Times

Optimistes oui, naïfs non ! Il est urgent d’agir. “Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard”, selon le bon mot du général (américain) Douglas MacArthur.

  • Blackrock, peu de votes en faveur du climat

BlackRock est le plus grand gestionnaire d’actifs du monde. Au troisième trimestre 2020, la société a collecté près de 139 milliards de dollars, portant son encours sous gestion à plus de 7800 milliards de dollars. Honnêtement, l’ampleur du chiffre donne le vertige. C’est près de 4 fois le PIB de l’Italie en 2018 et 1500 fois celui du Togo la même année…

Il apparaît donc qu’une partie significative de l’épargne mondiale est captée par l’entreprise de Larry Fink. Ces montants colossaux d’actifs sous gestion font clairement de Blackrock et de son PDG des acteurs qui comptent dans le monde de la finance. Sur le plan des investissements responsables, la société possède des leviers d’actions très importants. Elle a d’ailleurs affirmé en début d’année que la lutte contre le changement climatique était sa priorité. Mais les mots sont plus encourageants que les actes. Comme l’atteste le graphique suivant qui montre le pourcentage de votes en faveur du climat de la part de grands acteurs de la gestion d’actifs :

pourcentage de votes en faveur du climat de la part de grands acteurs de la gestion d’actifs

Source : Proxy Insight

  • Des nouveaux critères d’obtention des crédits?

Les crédits sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les particuliers. En effet, le nombre de travailleurs indépendants et temporaires ne fait qu’augmenter avec la digitalisation qui pousse vers des nouveaux modes de fonctionnement. Or, l’obtention d’un crédit est basé sur des critères financiers “traditionnels”. Sans un salaire stable depuis plusieurs années ou un bien à mettre en gage, il est très compliqué d’obtenir un prêt de sa banque. Le système de crédit actuel pose également d’autres questions. Il est en effet très cyclique : lors d’une phase de croissance économique il est plus facile d’avoir la confiance du créancier, ce qui va entraîner une augmentation du pouvoir d’achat et accentuer la croissance du PIB ou le prix de l’immobilier alors qu’une phase de récession va provoquer le phénomène inverse.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas réévaluer les conditions d’obtention d’un crédit ? ING indique qu’avec l’aide des grosses entreprises technologiques et des données recensées, on pourrait déterminer un profil plus précis des débiteurs. Cependant, ce système déjà mis en place par Ant Corp en Chine pose des questions notamment sur la privatisation des données des utilisateurs. Il pourrait toutefois répondre aux défaillances du crédit traditionnel  en réduisant les inégalités sur les critères d’obtention et en diminuant le caractère pro-cyclique du système.