Vous ne l'ignorez sans doute plus, les SPAC sont des coquilles vides cotées en bourse, qui collectent des fonds pour acquérir une société privée dans le but de la faire entrer en bourse, ce qui permet à ces cibles d'éviter une IPO traditionnelle. Pour plus de détails, relisez ou écoutez Roxane Nojac sur le sujet, ou visionnez la synthèse vidéo de Xavier Delmas.  

Les lettres envoyées par la SEC demandaient aux banques de fournir les informations volontairement. Il ne s'agit pas encore, par conséquent, d'une enquête formelle. Toutefois, l'une des sources a expliqué que les lettres avaient été envoyées par la division de l'application de la SEC, ce qui suggère qu'elles pourraient être le signe de l'imminence d'une enquête formelle. La SEC cherche à obtenir des informations sur les frais de transaction des SPAC, les volumes, et les contrôles mis en place par les banques pour surveiller les transactions en interne. Elle s'intéresse aussi à la conformité, aux rapports et aux contrôles internes.

Plus grande ruée vers l'or de Wall Street de ces dernières années, les SPAC ont bondi au niveau mondial pour atteindre le chiffre record de 170 milliards de dollars cette année, dépassant – déjà - le total de 157 milliards de dollars de l'année dernière, selon les données de Refinitiv. Le boom a été alimenté en partie par des conditions monétaires très favorables, les banques centrales ayant injecté des liquidités dans les économies frappées par des pandémies, tandis que la structure SPAC offre aux jeunes entreprises un moyen plus facile de s'introduire en bourse, avec moins d'examen réglementaire que la voie traditionnelle. Mais cette frénésie a commencé à susciter un plus grand scepticisme chez les investisseurs et a également attiré l'attention des régulateurs.

Trop de flou

Ce mois-ci, la SEC a mis en garde les investisseurs contre l'achat de SPAC basés sur l'appui de célébrités et a déclaré qu'elle surveillait de près les divulgations des SPAC et d'autres inconnues "structurelles". Selon des données compilées par l'université de Stanford, les investisseurs ont intenté des poursuites contre huit sociétés qui se sont combinées avec des SPAC au cours du premier trimestre de 2021. Certaines de ces actions en justice allèguent que les SPAC et leurs sponsors, qui récoltent d'énormes gains lorsqu'un SPAC se combine avec sa cible, ont caché des faiblesses avant les transactions.

La SEC a aussi l'air de se préoccuper du manque de transparence dans la communication de ces structures, qui n'ont pas grand-chose à dire avant d'avoir fondu sur leur proie, et surtout du risque démultiplié de délit d'initié entre le moment où une SPAC entre en bourse et celui où il annonce sa cible d'acquisition.