par Aileen Wang et Simon Rabinovitch

Signe que des vents contraires soufflent sur la Chine, un responsable du ministère du Commerce a expliqué lundi que l'affaiblissement de l'euro commençait à se faire sentir et qu'il fallait s'attendre à une réduction de l'excédent commercial cette année.

L'excédent pourrait ressortir à environ 100 milliards de dollars cette année contre 196,1 milliards l'année dernière.

La Bourse de Shanghai a chuté de 5,07%, soit sa plus forte baisse quotidienne depuis huit mois, pour tomber à un plus bas de clôture d'un an.

Jusqu'ici, aux yeux de nombreux analystes, le principal péril qui guettait la Chine n'était pas un ralentissement économique mais une surchauffe.

Les perspectives du pays restent certes très encourageantes, mais la Chine manquera peut-être de marge de manoeuvre pour accélérer au cours des prochains mois, selon le Conference Board.

Son indice des indicateurs avancés pour la Chine, le LEI, a progressé de 1,5% en mars, contre +1,1% en février.

La croissance chinoise reste forte, mais dans une large part, elle est portée par le secteur de la construction qui pourrait ralentir au cours des prochains mois, estime Bill Adams, économiste du Conference Board basé à Pékin.

"Le comportement récent du LEI en Chine suggère que la croissance a peu de chances de s'accélérer au cours de l'été", dit-il.

Une telle évolution n'aurait rien d'une catastrophe pour l'économie chinoise, mais les marchés d'actions ont plongé lundi, certains investisseurs craignant que le pire soit à venir alors que le gouvernement tente de dégonfler la bulle immobilière.

La Chine continue de dire officiellement que sa politique monétaire est souple. Dans la pratique, elle a relevé les niveaux de réserves qu'elle exige de ses banques, mis en place des principes de contrôle du crédit et une série de règles relatives à l'immobilier qui doivent permettre à l'économie de souffler un peu.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao avait prévenu dimanche que la Chine faisait face à un dilemme.

"Faites attention à la coordination des politiques macroéconomiques afin que l'ensemble soit un ensemble cohérent, tout en évitant les conséquences négatives des réglementations redondantes", a-t-il lancé à des responsables officiels réunis pour une conférence.

L'une des décisions chinoises les plus attendues est celle d'une modification de la politique applicable au yuan.

Dans les faits, la monnaie chinoise a déjà nettement progressé contre l'euro, mais pas contre le dollar, a déclaré le porte parole du ministère du Commerce Yao Jian.

Le yuan a atteint lundi son niveau le plus haut depuis fin 2002 contre l'euro alors que la monnaie européenne s'effondrait contre le dollar sur les marchés mondiaux.

Nicolas Delame pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten