Londres (awp/afp) - La demande en or a atteint un plus haut en trois ans au premier semestre 2019, portée par la demande des banques centrales et des investisseurs financiers, selon un rapport du Conseil mondial de l'or (CMO) publié jeudi.

Sur les six premiers mois de l'année, la demande totale d'or (investisseurs professionnels, particuliers et banques centrales) est montée de 8% par rapport à celle du premier semestre 2018 pour atteindre les 2.181,7 tonnes, une première depuis 2016.

Au deuxième trimestre en particulier, la demande a atteint 1.123 tonnes, 8% de plus également qu'à la même période en 2018.

Les banques centrales ont acheté 47% d'or en plus au deuxième trimestre, pour arriver à 224,4 tonnes. Au premier semestre, leurs achats avaient atteint les 374,1 tonnes, une hausse de 57% par rapport au premier semestre 2018.

Interrogé par l'AFP, John Mulligan, un des responsables du CMO, a expliqué que certains des risques qui pèsent sur les marchés "auront des conséquences sur les réserves des banques centrales".

Selon lui, ce sont ces conséquences qui "ont poussé les banques vers l'or", généralement considéré comme une valeur refuge.

Il a notamment cité parmi ces risques perçus les tensions dans le Golfe Persique, entre la Chine et les États-Unis et les conflits commerciaux au niveau mondial.

Bond des ETF

La demande totale des investisseurs (professionnels et particuliers) a gagné de son côté 1% pour atteindre les 2.548 tonnes au deuxième trimestre.

La demande en ETF (fonds indiciels adossés au cours du métal jaune) a notamment bondi de 99% pour s'établir à 67,2 tonnes.

"L'incertitude géopolitique, les prix de l'or en hausse et les commentaires de politique monétaire conciliants des banques centrales ont été des facteurs clés pour ces investissements", a expliqué le CMO.

Cependant, cette hausse des ETF a été contrebalancée par une baisse de 12% des achats de lingots et de pièces d'or, qui ont atteint 218,6 tonnes. La demande mondiale pour ce secteur a même atteint au premier semestre 2019 un plus bas en dix ans, avec 476,9 tonnes.

"Les deux tiers de la baisse au deuxième trimestre peuvent être imputées à la Chine", selon le CMO. La demande chinoise en lingots et pièces a chuté de 29% à 49,5 tonnes sur cette période.

Pour John Mulligan, ce repli provient entre autres d'incertitudes chez les consommateurs chinois, qui ont en ce moment "des attentes plutôt faibles concernant leur pouvoir d'achat".

L'or profite des mariages en Inde

La demande en or de l'industrie joaillière indienne, l'une des plus importantes au monde avec celle de la Chine, est montée de 12% à 168,8 tonnes au deuxième trimestre.

Selon le rapport de la CMO, cette hausse est due à deux facteurs: "un plus grand nombre de jours propices au mariages comparé à 2018, et des prix de l'or en baisse dans le pays par rapport à février et mars".

En Chine, en revanche, la demande de l'or pour la joaillerie a baissé de 4% à 137,8 tonnes lors des trois mois du printemps.

Le rapport du conseil explique que le deuxième trimestre est souvent considéré comme étant "une saison traditionnellement plus lente" pour ce secteur en Chine.

La demande mondiale en joaillerie n'a que modestement progressé, de 2% à 531,7 tonnes. Selon le CMO, une croissance de la demande en avril et mai s'est vue contrée par une hausse générale des cours de l'or en juin.

Le prix de l'once d'or est monté de 8% en juin, ce qui a parfois dissuadé les acheteurs.

Concernant l'offre, la production mondiale d'or a augmenté de 6% à 1.186,7 tonnes au deuxième trimestre, soutenue par la production minière (+2% à 882,6 tonnes) et le recyclage (+9%).

Sur le premier semestre dans son ensemble, la production totale a atteint un plus haut en trois ans de 2.323,9 tonnes.

afp/rp