par Noëlle Mennella

Ils s'accordent à penser que la crise économique mondiale est arrivée avant que le groupe de villages de vacances récoltent les fruits de cinq années de restructuration intense et que cela se traduira dans les résultats de l'exercice 2008-2009, attendus vendredi.

Club Med devrait ainsi accuser une perte pour l'exercice 2008-2009 clos le 31 octobre, malgré les plan d'économies, la baisse de ses investissements à 50 millions d'euros en 2009 - contre une moyenne annuelle de 120 millions de 2004 à 2008 - et les cessions d'actifs mises en oeuvre (Jet Tours, Club Med Gym, Club Med World).

La perte s'élèverait à 41,2 millions d'euros au regard d'un bénéfice 2007-2008 de deux millions d'euros, tandis que le résultat opérationnel courant de la division loisirs devrait baisser à 34 millions d'euros, contre 43 millions en 2007-2008, selon le consensus Reuters établi par six analystes.

Pour autant, les analystes pensent que ni Bernard Tapie ni Christian Audigier ne peuvent apporter de solutions miracles.

Bernard Tapie, propriétaire d'un peu moins de 1% du capital de Club Med, a exprimé son opposition à la stratégie du groupe et promis de s'exprimer à l'occasion des résultats annuels.

De son côté, le styliste Christian Audigier, qui a un temps envisagé une alliance avec Bernard Tapie, a finalement proposé au Club Med de tester en Amérique sa méthode visant à s'appuyer sur des célébrités.

Cette initiative n'enthousiasme pas les analystes, même si certains considèrent que l'Amérique est la zone la plus problématique pour l'entreprise.

"Le groupe a toute sa légitimité dans la zone européenne, même dans une crise importante comme celle que nous vivons, mais ce n'est pas le cas dans la zone Amérique où cela fait des années que l'Ebit est négatif", commente Guillaume Rascoussier, d'Oddo Securities.

"La bonne nouvelle serait une cession des murs de la zone", poursuit l'analyste, qui évalue à 370 millions d'euros les actifs immobiliers que Club Med détient en propriété dans cette partie du monde, sur un total de 750 millions.

ACTIFS IMMOBILIERS ÉVALUÉS À 15,5-17 EUROS/TITRE

Les analystes évaluent entre 15,5 et 17 euros les actifs immobiliers en propriété au bilan, soit plus que le cours actuel de l'action qui a oscillé entre 7,82 et 16,9 euros depuis le début de l'année.

Club Med a programmé des cessions immobilières d'un montant de 100 millions d'euros pour 2009 et 2010. Il en a engrangé 11 millions avec la vente de son hôtel Arcs Altitude, situé à Arc 2000, mais il a reporté sine die la mise en vente des murs du village de Cap Skirring, au Sénégal, à cause d'un incendie.

Pour Mathias Desmarais (Exane-BNP), Club Med a "un problème de distribution puisqu'il n'arrive pas à avoir assez de clients". Si Club Med veut avancer là où il y a du potentiel, c'est-à-dire en Asie, il faut soit investir seul, ce qui pourrait s'avérer dangereux, soit avec un partenaire, ce qui n'est pas simple pour un produit aussi unique, dit-il.

Henri Giscard d'Estaing, P-DG de Club Med, s'est dit ouvert à "des partenaires industriels, éventuellement de dimension actionnariale", en évoquant l'Asie du Sud-Est et la Chine.

Pour l'heure, constate Mathias Desmarais, l'importance des coûts fixes et l'insuffisance de clients sur les ailes de saison font que Club Med ne gagne pas d'argent contrairement à des concurrents comme les voyagistes britanniques Tui Travel ou Thomas Cook.

De son côté, Annie Bonal (Gilbert Dupont) estime que la rénovation du parc de villages du groupe, son offre de services adaptée à une clientèle plus exigeante et une distribution moins coûteuse devraient permettre à Club Med de gagner des parts de marché et donc des clients.

De même, Jean-Marie Lhomé (Aurel Leven) assure que "les efforts sous-jacents sont là et le plan d'économies de coûts constitue des gisements de productivité qui devraient soutenir les résultats".

D'ores et déjà, Club Med a levé les incertitudes sur sa dette en lançant en mai une augmentation de capital de 102 millions d'euros qui a permis l'entrée de nouveaux actionnaires, comme le Crédit agricole qui possède désormais 4,2% du capital, ou 21 Centrale Partners, société d'investissement de la famille Benetton qui en a pris 2%.

A l'issue de l'opération, la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc contrôle 10,97% du groupe de loisirs, Rolaco Groupe 4,69%, Air France Finance 2% et Nippon Life 2,98%.

Dans ce contexte, Annie Bonal table sur un ratio d'endettement sur fonds propres de 41% en 2009, 24% en 2010 et 9% en 2011, contre 60% en 2008.

Edité par Dominique Rodriguez