(Actualisé tout du long)

par Roberta Rampton et Jean-Baptiste Vey

LA MALBAIE, Canada, 10 juin (Reuters) - Les dirigeants du G7 sont parvenus samedi, à l'issue d'un sommet de deux jours au Canada, à se mettre d'accord sur une déclaration commune sur le commerce malgré les critiques de Donald Trump contre des pratiques qu'il juge injuste envers les Etats-Unis dans le cadre de son programme "America First".

Donald Trump a décidé la semaine dernière de frapper de droits de douane les importations américaines d'acier et d'aluminium en provenance du Canada, de l'Union européenne et du Mexique, provoquant la colère des partenaires commerciaux des Etats-Unis.

Avant de quitter prématurément le sommet du G7 pour se rendre à Singapour afin d'y rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le président américain a menacé samedi de couper les relations commerciales avec les pays qui traitaient les Etats-Unis de manière inéquitable.

"Nous sommes comme une tirelire que tout le monde vole", a déclaré Donald Trump lors d'une conférence de presse peu avant de quitter le sommet, alors que ses homologues du G7 poursuivaient leurs discussions et que des représentants préparaient un communiqué commun.

"Il ne s'agit pas seulement du G7. Il y a aussi l'Inde, où certains droits de douane sont de 100% (...) et nous ne facturons rien", a-t-il ajouté. "Il faut que cela s'arrête maintenant ou nous arrêterons de commercer avec eux (les autres pays)."

Dans leur communiqué, les dirigeants du G7, qui réunit les sept pays les plus puissants de la planète (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne et Japon), se sont mis d'accord sur la nécessité d'un "commerce libre, équitable et mutuellement bénéfique" et sur l'importance de la lutte contre le protectionnisme.

"Nous ferons tout notre possible pour réduire les barrières tarifaires, les barrières non tarifaires et les subventions", déclarent les chefs d'Etat et de gouvernement dans leur déclaration finale.

"INHABITUELLE"

Trump, qui a répété que les droits de douane visaient à protéger l'industrie et les salariés américains de ce qu'il qualifie de concurrence internationale déloyale, a indiqué avoir suggéré aux autres dirigeants du G7 que toutes les barrières commerciales, à savoir les droits de douane et les subventions, soient éliminées.

Louant la qualité de ses relations avec ses partenaires, le président américain a nié que le sommet de La Malbaie se soit déroulé dans un atmosphère conflictuelle.

Un commentaire en complet décalage avec le compte rendu d'une source au sein de la délégation française qui a qualifié d'"extraordinaire" et d'"inhabituelle" la discussion que les dirigeants ont eue vendredi sur la question des droits de douane.

Donald Trump a repris vigoureusement une liste de griefs qu'il nourrissait à l'égard des pays du G7, principalement l'Union européenne et le Canada, a précisé cette source.

Aucun commentaire n'a été fait par la Maison blanche sur les éléments rapportés par cette source.

Les dirigeants des "Six" se sont démenés cette semaine pour tenter de trouver un semblant de consensus avec Washington sur le commerce et d'autres questions essentielles.

La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré qu'une position commune du G7 sur le commerce ne signifierait pas qu'il n'y a pas de divergences entre l'Europe et les Etats-Unis. Le diable se niche dans les détails, a-t-elle fait valoir lors d'une conférence tenue avant la diffusion du communiqué.

Emmanuel Macron a pour sa part estimé que l'accord trouvé samedi sur le commerce était important mais ne réglait pas tout.

"Je ne considère pas qu'avec une déclaration tout est obtenu et il est évident que nous devrons dans les prochaines semaines, les prochains mois, continuer à travailler", a dit le président français. (Avec Andrea Hopkins, David Ljunggren, Giselda Vagnoni, Jan Strupczewski et William James à La Malbaie, Jonathan Landay à Washington, Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)