* Les sept dirigeants se sont retrouvés dans la soirée

* Macron a eu des entretiens avec Trump et Merkel

* De profondes divergences sur quasiment tous les sujets

* Trois jours pour en débattre (Actualisé avec début du sommet, nouveaux éléments)

par Simon Carraud et Marine Pennetier

BIARRITZ, 24 août (Reuters) - Les dirigeants du G7 se sont retrouvés samedi au pied du phare de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) pour un dîner dit "informel", coup d'envoi d'un sommet de trois jours qui s'annonce délicat tant les sujets de dissension sont multiples, aussi bien sur l'Iran que le climat ou le commerce.

"C'est peut-être la dernière occasion de restaurer notre communauté politique", a mis en garde le président du Conseil européen, Donald Tusk, lors d'une conférence de presse, tirant le bilan des difficultés croissantes éprouvées par les grands de ce monde à maintenir un dialogue cordial.

Les chefs d'Etat et de gouvernement, qui ont eu de premiers apartés vendredi, ont toutefois affiché leur bonne entente, comme Emmanuel Macron et Donald Trump, reçu le premier sur la côte basque et auréolé devant la presse du statut de "very special guest" ("invité très spécial)".

Passé ce préambule, les deux dirigeants ont abordé à l'abri des regards, deux heures durant, tous les sujets les plus conflictuels, comme l'Iran - le Français veut sauver l'accord sur le nucléaire, pas l'Américain -, le climat ou le différend sur la taxation française des géants du numérique.

Cette taxe, censée s'appliquer notamment à de grandes multinationales américaines comme Google, Amazon ou Apple, vaut à la France les récriminations répétées de Donald Trump, qui a une nouvelle fois brandi, en quittant la Maison blanche, la menace de droits de douane alourdis sur le vin.

Les deux présidents ont des avis aux antipodes également sur l'Iran, un pays avec lequel la France, mais aussi l'Allemagne et le Royaume-Uni espèrent maintenir le lien en sauvant l'accord sur le nucléaire, signé en 2015 après d'âpres tractations, et dont Washington a annoncé son retrait.

PIPERADE CONTEMPORAINE

"De temps en temps, nous nous chamaillons mais pas tant que ça", a dit Donald Trump à son arrivée à Biarritz, en présence cette fois d'Emmanuel Macron. "Nous nous entendons très bien."

Emmanuel Macron a également eu un entretien avec Angela Merkel, avec laquelle il a évoqué l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, un dossier à propos France et Allemagne ont laissé deviner un début de désaccord ces derniers jours.

Un porte-parole de l'exécutif allemand a qualifié d'"inapproprié" le choix d'Emmanuel Macron de s'opposer à cet accord pour dénoncer la politique climatique de son nouvel homologue brésilien, Jair Bolsonaro.

A l'Elysée, on préfère souligner la solidité des relations franco-allemandes.

La présidence française mise beaucoup sur le dîner, au bout de la grande plage de Biarritz, pour faciliter les échanges entre les sept chefs d'Etat et de gouvernement, accompagnés de leur conjoint ou conjointe.

Au menu, outre les pommes de discorde : des spécialités du Sud-Ouest - une piperade "contemporaine", un marmitako de thon, un assortiment de fromages basques et un dessert à la pêche.

Comme à chaque fois avant ce genre de rendez-vous international, les débats entre dirigeants ont été préparés en amont par des mois de négociations en coulisses entre conseillers diplomatiques - les "sherpas".

Les échanges des dernières heures ont tourné notamment autour de la forêt amazonienne, ravagée depuis le début de l'année par quelque 73.000 incendies, un chiffre en hausse de 83% par rapport à la même période l'an dernier selon les calculs de L'Agence spatiale brésilienne (INPE).

HEURTS

Dans une adresse aux Français télévisée à la mi-journée, Emmanuel Macron a invité chacun à "répondre à l'appel de l'océan et de la forêt qui brûle".

Pour tenter d'éviter un scénario "à la Malbaie" - la volte-face américaine de dernière minute au G7 du Canada de juin 2018 -, la France a renoncé au communiqué final tout en laissant la porte ouverte à de possibles publications sur certains dossiers.

Sécurité oblige, les rues de Biarritz forment un décor insolite à cette période de l'année, plus proche de la place forte que de la station balnéaire, à mille lieues de l'effervescence habituelle de la fin août.

Quelque 13.200 policiers et gendarmes épaulés par les forces militaires sont mobilisés - gare et aéroports fermés, quartiers bouclés - en pleine saison touristique, au grand dam des commerçants biarrots.

Après de premiers heurts vendredi à Hendaye, les forces de l'ordre ont fait usage samedi soir de gaz lacrymogène et de canons à eau contre des manifestants anticapitalistes et altermondialistes, cette fois à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

Ces scènes tranchent avec le calme observé lors de la marche de trois kilomètres entre Hendaye et Irun, en Espagne, qui a réuni à la mi-journée quelque 15.000 militants - 9.000 selon la police - défendant des causes aussi variées que l'écologie, les droits des homosexuels et la Palestine. (Avec John Irish à Hendaye, édité par Elizabeth Pineau)