STOCKHOLM, 4 octobre (Reuters) - Le prix Nobel de physiologie ou de médecine 2021 a été attribué conjointement lundi aux Américains David Julius et Ardem Patapoutian pour leurs découvertes de récepteurs cutanés de la température et du toucher, des sensations essentielles pour l'adaptation de l'homme aux variations de son environnement.

Leurs découvertes "révolutionnaires" ont permis d'identifier "un maillon crucial qui manquait encore à notre compréhension des interactions complexes entre nos sens et l'environnement", souligne l'académie Nobel dans son communiqué.

Âgé de 65 ans, David Julius est professeur de physiologie à la faculté de médecine de l'université de Californie, à San Francisco. Exerçant lui aussi en Californie, Ardem Patapoutian, né à Beyrouth en 1967, est professeur de neurosciences à l'institut de recherche Scripps du Howard Hughes Medical Institute à La Jolla.

A la fin des années 1990, les travaux de David Julius et de ses équipes ont permis d'identifier le gène codant pour un récepteur cutané activé par une sensation douloureuse de chaleur.

Cette percée scientifique a ensuite permis de comprendre les mécanismes de transformation de messages sensoriels en signaux chimiques et/ou électriques permettant leur transmission dans l'organisme par le système nerveux.

Dans le sillage de cette découverte, David Julius et Ardem Patapoutian ont ensuite identifié chacun de leur côté un autre récepteur activé par le froid.

Ardem Patapoutian a ensuite identifié avec ses équipes deux récepteurs présents au niveau de la peau ou des organes internes, activés par une pression mécanique.

Ces récepteurs sont impliqués à la fois dans le ressenti tactile et dans la perception de la position et des mouvements des différentes parties du corps. Ils contribuent notamment au maintien - conscient ou non - de l'équilibre et des postures, ce que les scientifiques appellent la "proprioception".

Les récepteurs découverts par ces deux chercheurs californiens - qui se partageront la somme de 10 millions de couronnes suédoises (990.000 euros) - jouent également un rôle dans de nombreux processus physiologiques (régulation de la température corporelle ou de la pression artérielle par exemple).

Leurs découvertes sont donc désormais également exploitées par d'autres équipes dans la recherche de traitements pour de nombreuses pathologies, souligne l'académie Nobel, en citant par exemple les douleurs neuropathiques ou viscérales chroniques, ainsi que le développement de nouveaux antalgiques.

Le Nobel de physiologie ou de médecine est le premier des prix remis chaque année par l'Assemblée Nobel de l’institut Karolinska de Suède.

Suivront ces prochains jours les annonces des prix Nobel de physique (mardi), de chimie (mercredi), de littérature (jeudi), de la paix (vendredi) et de l'économie (lundi prochain).

Alors que la pandémie de COVID-19 n'est pas encore terminée, le traditionnel banquet annuel ne se déroulera pas en décembre à Stockholm après la cérémonie de remise des prix pour la deuxième année consécutive. (Reportage Johan Ahlander et Niklas Pollard à Stockholm, Ludwig Burger à Francfort; avec la contribution de Terje Solsvik à Oslo et Simon Johnson, Supantha Mukherjee et Anna Ringstrom à Stockholm ; rédigé par Myriam Rivet pour la version française, édité par Bertrand Boucey, Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)