L'indicateur du climat des affaires, calculé d'après une enquête menée auprès des chefs d'entreprise, s'est ainsi replié de deux points pour retomber à 84, son plus bas niveau depuis août 2009.

Il traduit notamment un décrochage de trois points dans l'industrie manufacturière, à 88, alors que 18 économistes interrogés par Reuters l'attendaient en moyenne à 90, leurs estimations allant de 86 à 91.

Pour les services, l'indicateur s'inscrit à 83, contre 84 en mars, et accuse un recul de sept points depuis le début de l'année.

Ces indicateurs restent nettement en dessous du seuil de 100 qui correspond à leur moyenne de longue période. L'indicateur du climat général est inférieur à 100 depuis septembre 2011.

Les indicateurs des autres secteurs restent également à des niveaux bas : celui du commerce de détail perd quatre points, à 85, mais celui du bâtiment en gagne un, à 94.

Parallèlement, l'institut Markit a publié une première estimation de ses indices de conjoncture calculés d'après une enquête menée auprès des directeurs d'achat. Ils font apparaître une atténuation de la contraction de l'activité en avril, même s'ils restent à des niveaux très bas.

UNE RÉCESSION "D'AMPLEUR MODERÉE"

L'indice PMI composite flash, qui combine l'industrie et les services, est remonté ainsi à 44,2 après avoir touché en mars un plus bas de quatre ans à 41,9. Mais il reste nettement en deçà du seuil de 50, qui sépare croissance et contraction de l'activité.

"Il est difficile de voir des signes de reprise dans ces chiffres", estime Michel Martinez, chef économiste France de la Société générale.

"Il semble acquis qu'on est en récession pour deux ou trois trimestres. On peut penser qu'elle sera d'ampleur modérée, mais on y est", dit-il.

Après le recul de 0,3% du PIB au quatrième trimestre 2012, les économistes interrogés dans le cadre d'une enquête Reuters publiée ce mois-ci tablent en moyenne sur une nouvelle baisse de 0,2% au premier trimestre, là où l'Insee anticipe une croissance nulle.

Les données publiées mardi font craindre que le deuxième trimestre pourrait aussi être négatif, dit Michel Martinez.

"L'industrie résiste un peu mieux avec la perspective de carnets de commandes venant de l'étranger mieux orientés. Mais le commerce de détail et les services sont manifestement affectés par le durcissement budgétaire en France", explique-t-il.

De fait, un des rares points positifs de l'enquête trimestrielle dans l'industrie publiée par l'Insee en parallèle à son enquête mensuelle est une amélioration des "perspectives d'évolution de la demande globale et étrangère" au deuxième trimestre.

PAS D'AMÉLIORATION EN VUE POUR L'EMPLOI

Mais il faudra sans doute attendre le troisième trimestre pour qu'elle se concrétise grâce à une reprise plus franche aux Etats-Unis, prédit Axelle Lacan, économiste au Crédit agricole.

"En attendant, 2013 sera difficile et mois après mois on risque d'avoir des enquêtes pas très bonnes, avec pour conséquence l'emploi qui continuera de se dégrader", déclare-t-elle.

Du côté de Markit, les chefs d'entreprise interrogés "constatent évidemment que la demande reste très faible mais pensent que cela ne pourra pas se dégrader encore, que cela va s'améliorer", souligne Chris Williamson, économiste de l'institut.

L'enquête d'avril fait apparaître que les nouvelles commandes ont à nouveau diminué mais à un rythme plus lent que les huit derniers mois alors que les chefs d'entreprise du secteur des services commencent à entrevoir une amélioration de leur chiffre d'affaires au cours des 12 prochains mois.

L'emploi reste un point noir, les entreprises indiquant qu'elles ont accéléré leurs réductions d'effectifs.

L'Insee souligne de même dans son enquête trimestrielle dans l'industrie que, au vu des anticipations des chefs d'entreprise, "les effectifs pourraient continuer à ralentir" même si le pourcentage d'entreprises éprouvant des difficultés à recruter " est en nette progression et atteint un niveau supérieur à sa moyenne de long terme".

Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse