PARIS (awp/afp) - La surchauffe guette-t-elle les marchés actions? Si une légère correction est possible d'ici la fin de l'année, les éclaircies macroéconomiques récentes et la perspective d'un accord commercial sino-américain devraient continuer à galvaniser les Bourses européennes à moyen terme.

"La seule chose qui fait bouger les marchés, ce sont les commentaires sur la guerre commerciale", analyse auprès de l'AFP Florence Barjou, responsable de la gestion diversifiée chez Lyxor AM. Mais "avec cette très forte hausse des marchés actions, nous sommes quand même un peu vulnérables à court terme" aux moindres déclarations dans ce domaine.

"Nous avons eu une semaine dans la même veine que les semaines précédentes, c'est-à-dire des progressions assez faibles en amplitude mais qui se suivent", avec "un mouvement de fond qui est quand même très haussier, même si pas forcément sain", abonde Guillaume Garabedian, responsable de la gestion conseil chez Meeschaert Gestion Privée.

L'annonce, la semaine dernière, d'une levée progressive des taxes douanières que s'imposent mutuellement Pékin et Washington avait ravi les marchés.

L'euphorie est un peu retombée ces derniers jours, le président américain étant resté vague sur la résolution du conflit commercial. Mais il a suffi qu'un conseiller économique de la Maison Blanche affirme que les discussions avec Pékin sur le commerce étaient très constructives et un accord tout proche pour que les marchés actions repartent de l'avant vendredi.

Ils ont fini la semaine sur de nouveaux plus hauts depuis juillet 2007 pour le CAC 40 et depuis février 2018 pour le Dax.

"Fondamentalement, pas grand-chose n'a changé dans ce dossier: on nous promet, comme c'est le cas depuis un an, que tout va mieux, qu'il y a des avancées formidables dans les discussions commerciales, que l'on est très proche d'un accord", or "rien n'a changé sous le soleil", rappelle M. Garabedian.

"On n'a pas trop de doutes sur le fait que Pékin et Washington arrivent à se mettre d'accord" mais "nous ne sommes pas à l'abri d'une petite volatilité à court terme vu les niveaux auxquels nous sommes et la montée en ligne droite que l'on a connue" ces dernières semaines, prévient pour sa part Mme Barjou.

"Nous sommes dans une phase d'exagération un peu trop rapide" pouvant justifier "une petite correction passagère", dont l'amplitude sera toutefois "très limitée", abonde M. Garabedian.

Amélioration de la macroéconomie

D'autant que la conjoncture économique semble s'améliorer doucement avec, "des indicateurs avancés dans le secteur manufacturier, dans le secteur des services, qui arrêtent de baisser, voire qui se ressaisissent", note Mme Barjou.

Le moral des investisseurs allemands est ainsi fortement remonté en novembre, le pays ayant par ailleurs échappé de justesse à une "récession technique" avec une hausse de 0,1% de son produit intérieur brut au troisième trimestre.

Le tableau a été moins encourageant en Chine où la production industrielle comme les ventes de détail ont ralenti le mois dernier.

"Nous ne sommes pas forcément complètement sortis de l'ornière donc nous avons besoin d'avoir ces bonnes nouvelles sur le front de la guerre commerciale pour rassurer tout le monde", relève Mme Barjou.

Surtout que le bilan de la saison des résultats, qui touche à sa fin, est plutôt mitigé.

"Les bénéfices par action (BPA) sont certes conformes aux attentes, mais ces dernières avaient été révisées drastiquement à la baisse juste avant, donc nous n'avons pas une croissance des BPA robuste ni des objectifs extrêmement encourageants", selon M. Garabedian.

Du côté des banques centrales, le président de la Fed Jerome Powell a confirmé mercredi une pause sur les taux d'intérêt, après trois baisses de taux en 2019. La question est désormais de savoir quel sera l'agenda de la Banque centrale américaine en matière de taux pour 2020, qui dépendra beaucoup des données macroéconomiques.

La semaine prochaine, les PMI allemands et français, les minutes de la Fed et de la BCE ainsi que des statistiques sur l'immobilier américain occuperont les investisseurs.

La tendance haussière actuelle n'a pas de raison de changer "tout de suite puisque soit les statistiques macroéconomiques vont se dégrader et la Fed reprendra son cycle de baisse de taux, ce qui soutiendra les marchés, soit les statistiques macroéconomiques ne se dégraderont pas, voire s'amélioreront", ce qui portera de la même façon les marchés, anticipe M. Garabedian.

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