Vendredi  5
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro Malgré des statistiques en demi-teinte en Europe, en Chine et aux Etats-Unis, la hausse s'est emparée des places financières cette semaine, avec les espoirs grandissants d'un compromis commercial entre la Chine et les Etats-Unis. Les deux superpuissances semblent en passe de conclure un accord historique dans les quatre prochaines semaines, de quoi entretenir l'appétit pour le risque chez les opérateurs.
Indices

Sur la semaine écoulée, toutes les places financières ont nettement progressé et c'est la Chine qui a signé la meilleure performance hebdomadaire (+5%). Le Hang Seng a, pour sa part, engrangé 3.1% et le Nikkei 2.8%.
Aux Etats-Unis, les gains sont plus modestes, les grands indices flirtant d'ores et déjà avec leurs records historiques. A l'heure de la rédaction de ce point hebdomadaire, le Dow Jones progresse de 1.9%, le S&P500 s'adjuge 2% et le Nasdaq 2.6%.

En Europe, le CAC40 gagne 2.4%, le Dax 4.1% et le Footsie 2.4%, malgré la nouvelle demande de report pour le Brexit au 30 juin. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal engrange 2.2%, l'Espagne 3.1%, et l'Italie 2.1%.
Matières premières

Tout comme les indices actions, le CRB, indicateur de prix des matières premières dans le monde, connaît un parcours ascensionnel depuis le début d'année (+10%), dupliquant la trajectoire du S&P500 (voir graphique). Parmi ses composants, le Brent, une des plus grosses pondérations, se négocie au plus haut annuel à 69.20 USD, a contrario des métaux précieux qui ne s'écartent toujours pas de leur base graphique (1290 USD pour l'or et 15.1 USD pour l'argent).
Quant aux métaux industriels, ils se stabilisent, à l'image du cuivre, de l'aluminium ou du nickel. Sur le palladium, la phase de consolidation se veut plus brutale. Les investisseurs prennent des bénéfices, faisant coter 1350 USD l'once contre un plus haut historique à 1600 USD, suite à une dégradation de la demande réelle. Cette baisse se produit au moment où le platine explose de 12% à 900 USD l'once.
A noter, la forte poussée du cacao progressant de 15% depuis deux semaines. Ce mouvement est entretenu par une sécheresse en Afrique, notamment au Nigeria et au Cameroun, ce qui affecte la demande globale.

Corrélation entre les actions et les matières premières

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Marchés actions

Cisco en leader

Le numéro un mondial des équipements réseaux pour Internet se positionne en leader sur le Dow Jones, depuis le début d'année. La performance sur les trois mois reste impressionnante graphiquement, avec 40 séances de hausse sur 66. En 1984, les illustres Leonard Bosack et Sandra Lerner, mari et femme à l'époque et tous deux informaticiens à l'université Stanford de San Francisco, créent Cisco, nom d'un quartier de Menlo Park en Californie (Facebook a aussi son siège dans cette municipalité). Son logo représente, par ailleurs, le Golden Gate Bridge. En 1986, l'entreprise commercialise son premier routeur alors que son introduction en bourse arrive rapidement, en 1990. Cisco, défait de ses fondateurs suite à un parcours boursier délicat, rachète jusqu'à 80 startups pendant la bulle Internet.

Aujourd'hui, l'entreprise californienne se rapproche de son cours zénith (63.3 USD en 2000). Lors de la présentation de son deuxième trimestre 2019, le groupe a dégagé un bénéfice net de 2.8 milliards de dollars contre une perte de 8.8 milliards en 2018 due à la réforme fiscale. Son business lui permet de commercialiser des équipements mais aussi des abonnements pour des services ou pour des logiciels en ligne, segment plus lucratif. De plus, le groupe dont la capitalisation se monte à 245 milliards de dollars vient d'annoncer un programme supplémentaire de 15 milliards de rachat d'actions portant le total à 24 milliards.

Evolution du titre Cisco (+26% en 2019)

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Marché obligataire

Le marché obligataire évolue sans grande direction, les rendements des emprunts souverains restant sur les zones basses. Le Tbond US se négocie sur 2.52% alors que la FED semble satisfaite d'un statu quo prolongé de sa politique des taux. En Europe, la consolidation prend forme également sur le bund qui s'affiche à zéro contre un rendement négatif une semaine auparavant. L'OAT française se maintient sous les 0.40%. En Espagne (1.1%) et en Italie (2.5%), les taux remontent légèrement mais sans pression.
De manière encore marginale, la Suisse voit son 10 ans produire un intérêt négatif (-0.33%) ainsi que le Japon, qui génère depuis une éternité des emprunts longs, proches du négatif.
Marché des changes

Le possible accord commercial a donné de l'appétit pour le risque. Les investisseurs ont vendu le yen qui tombe à 111.7 JPY face au dollar (+150 points de base). Le franc suisse subit aussi les arbitrages des cambistes. Le couple USD/CHF remonte à la parité (+100 points de base).
En revanche, la nouvelle situation bénéficie aux devises corrélées à la Chine, comme le dollar australien qui prend plusieurs dizaines de points de base par rapport aux monnaies majeures, d'autant plus que la banque d'Australie ne donne aucun signe d'assouplissement de sa politique monétaire.
Sur le Vieux continent, les opérateurs restent attentistes à la livre sterling qui affiche peu de volatilité, à 131 contre le billet vert. De son côté, l'euro connaît un nouvel excès de faiblesse mais se stabilise sur le support des 1.12 USD, fort soutien graphique.

Graphique de l'EUR/USD

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Statistiques économiques

L'inflation en zone euro a reculé au mois de mars (CPI à 1.4% contre 1.5% en février sur un an), tout comme les ventes au détail qui sont passées de 0.9% à 0.4%. Le taux de chômage reste inchangé à 7.8%. En Espagne (56.8), en Italie (53.1), en Allemagne (55.4) et plus largement en zone euro (53.3), les indices PMI des services ont agréablement surpris. En France aussi, il a rebondi à 49.1 mais reste sous le seuil des 50. Au Royaume-Uni la statistique a déçu et témoigne d'une contraction de l'activité (à 48.9, contre 51.3 en février et un consensus de 51.0).
La semaine prochaine, l'indice Sentix, la production industrielle et les taux d'intérêt de la BCE seront dévoilés. Mario Draghi tiendra une conférence de presse mercredi, après la réunion de politique monétaire de la Banque centrale.

Outre-Atlantique, les ventes au détail (indice core à -0.4%), les commandes de biens durables (0.1%), l'enquête ADP (129K) et l'ISM services (56.1) ont tous raté les attentes. Concernant le rapport NFP, le salaire horaire moyen n'a progressé que de 0.1% (consensus 0.3%), le taux de chômage préserve les 3.8% et les créations d'emploi ont rebondi (passant de 33K en février à 196K en mars). Les stocks de pétrole brut sont ressortis à 7.2 millions de barils (un repli de 0.7 million était attendu) et les inscriptions au chômage, à 202K (consensus 215K).
Nous prendrons connaissance la semaine prochaine du niveau d'inflation (indices CPI et PPI) et de l'indice du Michigan. Puis comme chaque semaine, seront dévoilés les stocks de pétrole brut et les inscriptions au chômage.
Les velléités acheteuses écrasent la volatilité

Entretenue par des espoirs de « faire » (accord commercial sino-américain) ou de « ne pas faire » (Brexit), la hausse indicielle perdure, obligeant les gérants à investir pour éviter de se trouver distancés par leur benchmark.
La reprise du secteur automobile a largement participé à cette avancée additive des marchés actions en Europe et surtout en Allemagne. Par conséquent, la hausse s'auto-entretient, les barrages graphiques sautant les uns après les autres.
Reste à savoir si les piliers du mouvement ascensionnel se caractérisent par une réelle solidité (croissance mondiale ?), permettant d'envisager le test d'autres zones graphiques plus ambitieuses, tout en gardant un minimum volatilité.