Les récentes décisions des banques centrales, annoncées tout au long de la semaine, n'ont fait qu'accentuer la conviction des investisseurs quant à la proximité des baisses de taux d'intérêt. C'est la Banque nationale suisse qui a tiré la première, pour contrer les effets du franc fort. Les marchés pensent que la Fed, la BCE et la Banque d'Angleterre suivront sous trois à quatre mois. Seule exception, le Japon, où la BOJ a, au contraire, relevé ses taux pour la première fois depuis la crise financière de 2008. Mais la décision était si attendue qu'elle n'a rien changé à l'affaire. Les financiers continuent à penser que leur scénario préféré se renforce, ce qui a permis de signer quelques records indiciels durant la semaine. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, même si la séance de vendredi était un peu plus incertaine.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
8151  -0.15%Graphique
THALES +7.19%
ALSTOM +6.50%
RENAULT +6.16%
STMICROELECTRONICS N... -3.49%
LVMH -3.91%
KERING -15.98%
STOXX EUROPE 600
509.64  +0.96%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
5234.18  +2.29%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
40888.43  +5.63%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
2164.70$  +0.38%
Graphique GOLD
BRENT OIL
85.05$  +0.16%
Graphique BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.08$  -0.72%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine

Tops

Astera Labs (+72%), Reddit (+50%), Galderma (+15%) : Les introductions en bourse qu'il fallait surveiller cette semaine ont été couronnées de succès. La nouvelle pépite de l'IA, spécialisée dans le matériel de connectivité pour les centres de données, s'est envolée au Nasdaq sur fond de dévotion des marchés pour la discipline. Le réseau social spécialiste des forums et père des WallStreetBets a aussi profité du mot magique puisqu'il a présenté l'IA comme un vecteur de croissance pour ses activités. Enfin, le groupe suisse de soins dermatologiques s'est offert une valorisation proche des 14,5 milliards de francs au moment où j'écris ces lignes, en promettant une croissance des ventes de 7 à 10% sur l'exercice, en misant sur ses traitements pour maladies de peau. 

Esso (+28%) : Le raffineur français, filiale de l'américain ExxonMobil, a fait un joli cadeau à ses actionnaires. A l'occasion de la publication de ses résultats annuels cette semaine, il a annoncé verser un dividende exceptionnel de 12 euros, en plus du dividende ordinaire de 3 euros. Pour l'exercice écoulé, il dévoile par ailleurs une solide performance opérationnelle, dans un contexte de repli des marges de raffinage. Notons que le titre gagne plus de 100% depuis le début de l'année.

Micron Technology (+18%) : L'intelligence artificielle, encore et toujours. Pour le trimestre écoulé, le fabricant américain de puces mémoires, fournisseur de Nvidia, a signé un chiffre d'affaires en hausse de 57,7%, supérieur aux attentes, ainsi qu'un bénéfice surprise, tous deux portés par une forte demande pour ses produits. Il a aussi dévoilé des prévisions très encourageantes pour le trimestre en cours, et tiré profit de la révision à la hausse des analystes. Premier groupe du secteur à publier ses résultats, il a tiré ses petits camarades Advanced Micro devices et Broadcom vers le haut.

Orpéa (+15%) : Ne vous laissez pas abuser par ce coquet rebond. Le spécialiste français des maisons de retraite et établissements de soins n'a rien changé à sa stratégie, mais il tente de faire oublier les scandales qui émaillent sa réputation en adoptant un nouveau nom (Emeis), tout en précisant qu'il s'agit là "d'une transformation dans la continuité" (je vous avais prévenus). Le groupe a également procédé à un reverse split (regroupement d'actions) de 1000 pour une. Passez votre chemin, il n'y a rien à voir.

Siemens Energy (+13%) : Belle reprise pour le spécialiste allemand des centrales thermiques. Contraint en 2023 de suspendre les ventes de ses turbines éoliennes terrestres pour raisons techniques, il a annoncé cette semaine la reprise imminente de la commercialisation d'une version révisée des turbines, sans préciser de calendrier. Puis Bank of America a soufflé un vent chaud sur le groupe, en publiant une liste de sociétés cotées qui devraient bénéficier des grandes transformations mondiales à venir : le prêteur mentionne Siemens Energy dans le segment "technologies de réseau". Le groupe gagne 35% depuis le 1er janvier.

Zalando (+11%) : En ces temps d'inflation et de réduction de la demande, le géant allemand du e-commerce de prêt-à-porter a fait état d'un volume d'affaires en repli de 1,1% et d'un chiffre d'affaires en recul de 1,9 %. Mais le distributeur dévoile un EBIT ajusté en augmentation de 89,5%, et prévoit un retour de la croissance des ventes pour cette année, en misant sur le haut-de-gamme, le BtoB et les nouveaux services, tels que les essayages à distance alimentés par l'IA (le mot magique). Dans la foulée, l'analyste DZ Bank a relevé sa recommandation de neutre à achat. 

Grifols (+6%) : La pharma espagnole va (un peu) mieux. Attaqué à trois reprises cette année par l'activiste Gotham City Research, qui l'avait accusé de manipulation comptable et de mauvaise gouvernance, le groupe est temporairement innocenté par l'autorité espagnole de régulation des marchés.  Cette dernière déclare n'avoir pas trouvé d'erreurs significatives dans les rapports financiers du groupe de 2018 à 2022, mais appelle toutefois la société à clarifier sous quinzaine quelques lacunes dans ces publications.

Flops

Lululemon (-15%) : la marque de textile sportif coule en fin de semaine, après avoir annoncé des perspectives décevantes. Cette publication intervient en parallèle de celle de Nike, qui s'attend aussi à des lendemains plutôt calmes. Généreusement valorisé, Lululemon ne peut pas vraiment se permettre de trou d'air dans sa croissance, au risque de voir sa cote d'amour - et sa prime boursière - fondre.

Kering (-15%), Compagnie financière Richemont (-7%), Burberry (-6%), Christian Dior (-5%) : Coup de froid sur les valeurs européennes du luxe. Kering, plombé par les piètres performances de sa marque phare Gucci et la faible demande chinoise, a annoncé cette semaine anticiper une baisse de revenus d'environ 10% au premier trimestre. L'annonce, après une année 2023 déjà difficile pour le groupe, a eu l'effet d'une bombe sur les valeurs du luxe, puisque même le champion du secteur, LVMH, abandonne 3% sur la semaine. Notons par ailleurs que les exportations horlogères ont chuté de 3,8% en février par rapport à l'année dernière, affaiblissant ainsi les spécialistes des montres.

Dino Polska (-11%) : le marché punit le distributeur polonais, coupable d'avoir eu du mal à stabiliser sa marge d'Ebitda l'année dernière tout en produisant des prévisions timides pour 2024. Les analystes pointent du doigt l'offensive des discounters sur le marché polonais, où les consommateurs sont affaiblis par le manque de dynamique de la croissance économique.

Microstrategy (-10%) : Les actions de Microstrategy varient au gré des fluctuations du bitcoin. Comme la crypto reine a plié de plus de 15% cette semaine après avoir atteint son record absolu, l'éditeur de logiciels a suivi la vague. Il n'est toutefois pas rancunier, puisqu'il a profité de ce reflux pour acquérir 9245 bitcoins supplémentaires pour 623 millions de dollars. Pour financer cet achat, le groupe a émis une dette convertible d'environ 604 millions de dollars, la deuxième en une semaine, ce qui a également pesé sur le cours.

Chewy (-8%) : Le spécialiste américain des produits pour animaux de compagnie a publié des résultats trimestriels supérieurs aux consensus (ventes et marges en hausse), mais le marché a sanctionné les perspectives timides du groupe. En raison des pressions inflationnistes, le groupe prévoit des revenus inférieurs aux attentes pour le T1 et une stagnation du nombre de clients actifs, après un repli de 1,6 % en 2023 et de 1,2 % en 2022. Enfin, les taux d'adoption d'animaux de compagnie devraient aussi se contracter.

Graphique Matières Premières
Matières premières

Energie : Nouvelle séquence de progression pour le pétrole, qui reste sensible à l'intensification des tensions géopolitiques en Ukraine et au Moyen-Orient. L'armée ukrainienne a une nouvelle fois ciblé des installations pétrolières en Russie, suscitant des questions sur les risques d'approvisionnement alors même que l'Agence internationale de l'énergie voit le marché pétrolier se resserrer par rapport à ses dernières prévisions. En parallèle, les stocks américains ont enregistré un repli de 2 millions de barils cette semaine. Au niveau des prix, le Brent s'échange en hausse autour de 85 USD tandis que le WTI se négocie autour de 80,80 USD.

Métaux : Semaine de consolidation pour les métaux industriels, qui ont globalement évolué en dent de scie au cours des dernières séances, pénalisés par la vigueur du dollar américain. La tonne de cuivre s'échange autour 8870 USD, l'aluminium à 2200 USD tandis que le zinc se négocie autour de 2465 USD. Même dynamique pour l'or, qui perd un peu de terrain à 2150 USD. + Commentaire Fed par rapport aux attentes sur les taux directeurs

Produits agricoles : À Chicago, le cours du maïs reste orienté à la baisse puisque le boisseau de maïs se négocie toujours autour de 440 cents. Du côté du blé, c'est également neutre même si le boisseau de blé a grignoté un peu de terrain à 540 cents.

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

Ambiance : tout est sous contrôle. Le bal des banques centrales n’aura pas entamé le moral des investisseurs, bien au contraire. La Réserve fédérale américaine a joué la partition attendue avec en perspective une première baisse de taux à partir de juin. Ce sentiment se traduit bien dans les anticipations compilées par l’outil Fedwatch du CME qui évalue à plus de 75% la probabilité d’une baisse de taux d’ici l’été. Manifestement, Jerome Powell et ses pairs ne sont pas inquiets outre mesure des dernières données sur l’inflation d’autant qu’ils en ont profité pour relever leurs prévisions de croissance pour l’année. Entre une économie résiliente, des baisses de taux à venir et une inflation sur une trajectoire descendante, les éléments sont réunis pour faire perdurer la hausse des marchés actions. De manière toutefois un peu surprenante, le rendement du 10 ans américain semble se méfier de l’euphorie actuelle : en dépit des annonces de la Fed, il n’a que peu consolidé sous sa résistance à 4.35%. On gardera en tête que seule la cassure des 4.07% viendra confirmer la fin du rebond en cours depuis décembre dernier.

Sur le marché des changes, trois mouvements importants sont à signaler cette semaine : le net renforcement du dollar face au yen, en dépit du petit tour de vis de la BOJ. Ce même billet vert qui a accéléré contre le yuan. Et l'euro qui a pris l'ascendant sur le franc suisse, fort logiquement cette fois après la décision de la BNS de réduire ses taux. 

Crypto : Le bitcoin recule nettement cette semaine, en inscrivant une baisse de plus de 7% et se retrouve autour des 63 000 dollars. Après avoir augmenté de 43% en février, et de 48% depuis le 1er janvier, une correction et des prises de profits étaient à prévoir. Les ETF Bitcoin Spot, qui ont grandement contribué à la hausse du BTC sur ce début d’année, affichent pour la première fois quatre jours consécutifs de sorties nettes. Au total, depuis lundi, 863 millions de dollars de sorties nettes ont été enregistrées, ce qui a naturellement contribué à la pression vendeuse sur le cours du crypto-actif. Malgré tout, les dix ETF Bitcoin Spot détiennent toujours 53,76 milliards de dollars d’actifs sous gestion en cumulé, soit 4,18% des bitcoins en circulation. Sans grande surprise, cette chute du BTC a enclenché une baisse généralisée des principales cryptomonnaies, avec l’Ether (ETH) à -9% et se retrouve à 3310 dollars, le Binance Coin (BNB) à -4% et gravite désormais autour des 545 dollars, ou encore Solana (SOL) à -16% autour des 168 dollars.

Graphique de Cours
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles
Plusieurs marchés seront clos vendredi 29 mars prochain pour Pâques. Les places de Paris, Zurich et Bruxelles seront aussi fermées le lundi 1er avril. Sur l'agenda macroéconomique, les investisseurs vont rester attentifs à la grosse série d'indicateurs américains (immobilier, confiance, dernière estimation du PIB...) avec en point d'orgue l'inflation PCE de février, qui sera annoncée vendredi, juste avant un discours de Jerome Powell pour clore la semaine. Les publications d'entreprises ne tomberont plus qu'au compte-goutte. Le weekend de Pâques marquera aussi le passage à l'heure d'été en Europe, trois semaines après l'Amérique du Nord, ce qui signifie que le décalage horaire habituel reprendra ses droits entre les deux rives atlantiques. Votre prochain point hebdomadaire sera publié dès jeudi prochain. Bon weekend.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.