LA HAVANE, 23 juillet (Reuters) - L'Assemblée nationale cubaine a approuvé dimanche le projet de réforme de la constitution qui réaffirme "le rôle directeur" du Parti communiste, mais ne lui assigne plus la tâche de construire "une société communiste", et reconnaît la propriété privée.

Le texte reconnaît "le rôle du marché et de nouvelles formes de propriété, parmi lesquelles la propriété privée", ce qui entérine l'existence du statut d'auto-entrepreneur, autorisé dans le cadre des réformes entreprises à partir de 2008 par l'ancien président Raul Castro. La constitution de 1976 ne reconnaît que les biens publics, coopératifs, agricoles, personnels et de coentreprise.

Le projet ouvre la voie au mariage homosexuel et à la reconnaissance des droits des homosexuels et des transgenres. Il définit le mariage comme l'union de deux individus et non plus comme l'union d'un homme et d'une femme.

Sur le plan institutionnel, le texte, qui fera l'objet d'une consultation publique avant qu'une version définitive ne soit soumise à référendum en novembre, propose davantage de collégialité avec la création d'un poste de Premier ministre.

Il porte en outre le président de l'Assemblée à la tête du Conseil d'Etat, l'organe exécutif suprême jusqu'ici dirigé par le chef de l'Etat. Le mandat de ce dernier, renouvelable un fois, est ramené à cinq ans et le président doit être âgé de moins de 60 ans lors de son investiture.

Symbole de cette volonté de rajeunissement, Miguel Diaz-Canel, qui a succédé en avril à Raul Castro à l'âge de 57 ans, est le premier président cubain né après la révolution de 1959.

Son prédécesseur, âgé de 87 ans, doit toutefois rester à la tête du PCC jusqu'en 2021 et dirige par ailleurs la commission chargée de réformer la constitution.

Le gouvernement veut apporter de nouvelles réformes au modèle économique du pays, avec l'objectif de créer un socialisme "prospère".

L'économie cubaine a progressé en deçà des attentes au premier semestre, a déclaré dimanche le président Diaz-Canel devant l'Assemblée nationale à l'issue des débats.

Le PIB a gagné 1,1% au premier semestre, a annoncé le chef de l'Etat, alors que le gouvernement s'attendait à une croissance de 2%, après que la croissance a progressé de 1,6% l'an dernier.

Il est nécessaire d'adopter de nouvelles mesures d'austérité au second semestre, a ajouté Miguel Diaz-Canel, qui cite comme explications la baisse du tourisme ou encore le marché noir. (Marc Frank, avec la contribution de Sarah Marsh et Nelson Acosta, Jean-Philippe Lefief et Jean Terzian pour le service français)