Francfort (awp/afp) - Le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne est repassé mercredi en territoire positif pour la première fois depuis mai 2019, alors que la forte inflation en zone euro fait craindre un durcissement monétaire.

A 07H50 GMT le rendement obligataire du Bund, qui fait référence sur le marché de la dette, évoluait juste au-dessus du seuil de zéro (+0,008%), dépassé peu de temps après l'ouverture du marché à 07H00 GMT.

Ce franchissement dans le vert n'était plus arrivé depuis un assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne en 2019 face à une crainte de récession.

Il constitue un signal important des anticipations des marchés sur une hausse à venir en zone euro des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne, restés à des niveaux historiquement très bas toutes ces dernières années. Ce qui a permis de soutenir l'activité économique.

Au plus bas, le rendement du Bund était descendu jusqu'à -0,86% en clôture le 9 mars 2020, selon les données de Bloomberg.

Or, l'inflation s'est réveillée en 2021 en zone euro, et surtout en Allemagne, notamment en raison de la hausse des prix de l'énergie et de pénuries de certains produits. La crainte grandit aujourd'hui que ce soit un phénomène plus durable que prévu au départ, ce qui forcerait la Banque centrale européenne à resserrer les vannes du crédit.

Ce contexte explique que les taux d'emprunt des obligations allemandes soient repartis depuis plusieurs mois à la hausse.

"En prenant l'évolution durant l'année 2021 comme référence, alors le rendement du Bund à 10 ans pourrait monter jusqu'à 0,30% cette année", estime Elmar Völker, analyste à la banque LBBW.

Cependant, l'hésitation encore de mise à la BCE en vue de réagir à l'inflation élevée reste un frein à l'augmentation des rendements des obligations. De même que les inquiétudes sur la reprise économique liées à la vigueur de la pandémie de covid-19.

La BCE a néanmoins fait un premier pas en décembre vers la sortie de son mode de gestion de crise, en décidant la réduction progressive de ses achats obligataires, dans le cadre du programme d'achat d'urgence pandémique (PEPP) lourd de 1.850 milliards d'euros de rachats de dette

Il faudra néanmoins attendre la fin des rachats nets d'actifs pour voir la première hausse des taux se produire, selon le scénario de la BCE, qui se distingue ainsi de l'action plus volontariste face à l'inflation de la Réserve fédérale américaine, qui compte relever ses taux dès cette année.

afp/ol