* L'Etat devra apporter au moins E40 mds au secteur

* Des prêts pour les établissements de taille moyenne

* Santander et BBVA devraient échapper à une recapitalisation forcée

* Banco de Valencia pourrait être démantelée

par Jesús Aguado et Tomás Cobos

MADRID, 15 juin (Reuters) - Les résultats de l'audit indépendant des banques espagnoles devraient diviser la semaine prochaine le secteur en trois catégories: les établissements sains, les malades et les cas désespérés, ce qui permettra de répartir entre eux les 100 milliards d'euros d'aide consentis à l'Espagne par ses partenaires européens, a-t-on appris de sources politiques et bancaires.

En bas du classement, les caisses d'épargne régionales ("cajas") les plus faibles, très exposées à l'éclatement de la bulle immobilière, devraient être contraintes d'accepter environ 40 milliards d'euros de capitaux frais.

Un second groupe de "cajas" et de banques commerciales de taille moyenne comme Caixabank et Kutxabank auront probablement besoin de 20 à 30 milliards d'euros.

Enfin, les deux "bonnes" banques Santander et BBVA , les plus diversifiées et les plus internationalisées du pays, échapperont probablement à tout renflouement imposé.

"Lors des tests de résistance des audits extérieurs, toutes les banques espagnoles à l'exception de Santander et BBVA montreront une insuffisance de capitaux. A l'évidence, le fardeau le plus lourd incombera aux caisses d'épargne", estime Nuria Alvarez, analyste du courtier madrilène Renta 4.

C'est au Frob, le fonds public espagnol de restructuration bancaire, qu'il reviendra de répartir les milliards prêtés par l'Europe, et cela se fera de différentes manières, expliquent des sources gouvernementales et bancaires.

Le premier groupe d'établissements de crédit sera recapitalisé directement. Bankia a dit avoir besoin de 19 milliards d'euros de fonds propres supplémentaires tandis que NovaGalicia et CatalunyaCaixa pourraient chacune recevoir 10 milliards.

Le deuxième groupe sera probablement sous-divisé en deux, l'Etat prenant le contrôle des "cajas" les plus affaiblies tandis que les autres (Popular, Sabadell, Bankinter et Unicaja) émettraient des obligations convertibles à un taux d'intérêt d'au moins 8,5%.

Les banques du troisième groupe pourraient devoir choisir entre deux options: augmenter leurs provisions pour couvrir des pertes potentielles sur leur portefeuille de prêts immobiliers et de crédit aux entreprises, ou être simplement invitées à le faire.

L'UE EXIGERA DES RESTRUCTURATIONS

BBVA et Santander s'opposent à la solution d'une troisième vague de provisions imposée par l'Etat après les deux déjà décidées cette année et plaident pour une approche "sur mesure" permettant de répondre aux besoins financiers des banques les plus faibles.

"Cela pourrait être comparable à ce qui s'est passé aux Etats-Unis, où le TARP (Troubled Asset Relief Program) avait adressé de simples recommandations aux entreprises qui n'avaient pas besoin de capitaux publics", a dit une source bancaire à Madrid, en référence au fonds de recapitalisation mis en place par les autorités américaines après la faillite de Lehman Brothers en 2008.

Le gouvernement espagnol devra aussi se prononcer sur l'avenir des banques nationalisées. Légalement, Madrid a trois ans pour vendre ses parts, mais de hauts dirigeants du secteur et des responsables européens plaident pour une liquidation pure et simple des établissements de crédit concernés.

Le gouvernement de Mariano Rajoy et la Banque d'Espagne ont démenti un tel projet, sans pour autant exclure un démantèlement et une vente à la découpe de certaines des banques secourues ces dernières années, à savoir CatalunyaCaixa, NovaGalicia et Banco de Valencia.

Des analystes jugent que cette dernière pourrait ne pas survivre à la crise actuelle, notamment après les déclarations de Joaquin Almunia, le commissaire européen à la Concurrence, qui a jugé mercredi que les autorités espagnoles pourraient liquider l'une des trois banques qu'elles ont récemment renflouées.

En échange de l'aide promise, les autorités européennes pourraient imposer une réduction importante des bilans des banques, ce qui passerait par des cessions d'actifs.

Bankia et Caixabank pourraient ainsi devoir vendre leur participation dans des groupes industriels comme International Airlines Group (propriétaire d'Iberia et British Airways) ou le pétrolier Repsol.

L'Union européenne pourrait en outre exiger des fermetures d'agences, des réductions d'effectifs ou un plafonnement des dividendes. (Marc Angrand pour le service français, édité par Natalie)